Je fais écho un peu tard à ce billet paru sur le blogue de la Librairie Monet, et intitulé L’économie du consensus.
L’auteur (un libraire) et moi-même partageons ce même malaise : la curiosité générale pour les livres se mesure en millimètre.
Le blogueur écrit :
« Cet été, en vacances sur la plage, je jetais un coup d’œil à ce que les gens lisent. C’en était presque prévisible : Millenium, Fascination et Harry Potter. J’ai l’impression qu’on me met un sac de plastique sur la tête. Sommes-nous condamnés à tous lire la même chose ? À ce que l’on congédie la diversité ? »
Au Salon, ce week-end, j’ai vu le même phénomène se produire.
Le public a sous les yeux des milliers de titres, sur tous les sujets. Des ouvrages d’hier, d’aujourd’hui, des pas chers, des hors de prix. Tout est là. Il n’y a qu’à choisir.
Or, tout le monde lit à peu près la même chose. Le dernier Denis Monette pour les femmes de plus de 50 ans. Le journal d’Aurélie Laflamme pour les adolescentes.
Et, bien sûr, ces maudits vampires sexy. Twilight = Pus. Capable. D’en. Entendre. Parler.
L’engouement démesuré pour un livre en particulier camoufle quelque chose.
Quoi, au juste? Je l'ignore. Peut-être une sorte d’insécurité face à l'objet? Au lieu de risquer d'être surpris (ou déçu), parce que nous ne sommes pas tous des boulimiques de lecture, on préfère s’en remettre au verdict populaire.
Tout le monde le lit, lis-le donc.
Ce faisant, je suis convaincu qu’un paquet de lecteurs ratent l’occasion de lire le livre qui leur plaira vraiment.
Le livre écrit pour eux.
Deux phrases m’ont particulièrement frappé dans ce billet :
1) « L’engouement démesuré pour un livre en particulier camoufle quelque chose. »
D’après moi, ça ne fait que démontrer que le désir d’évasion livresque ressemble beaucoup au besoin de prendre des vacances à l’étranger. Est-ce que l’engouement démesuré pour un lieu de vacance n’est pas aussi « étrange » que celui concernant le choix d’un même livre ?
2) « Ce faisant, je suis convaincu qu’un paquet de lecteurs ratent l’occasion de lire le livre qui leur plaira vraiment. »
Pour continuer dans le domaine de la destination voyage. Combien visiteront le même pays que leur voisin ou la fameuse destination-soleil connue de tous et offrant le même succédané de paradis climatisé loin des imprévus et des images choquantes plutôt que d’aller découvrir un monde qui les reconnecteront vraiment avec eux-mêmes ?
Autrement dit, toutes ces histoires de magie et d’aventures vampiro-lycantropiques, ça me semble être une manière de vouloir s’évader sans vouloir prendre le risque de perdre ses repères.
C’est peut-être là le drame de ces lecteurs-lemmings qui se précipitent tous DANS le même best-sellers sans fond.
Bref, le lecteur comme l’électeur, lorsqu’il se contente de lire ou d’élire comme un client, celui-ci risque bien de raté l’auteur ou le parti qui le représente vraiment…
p.s. : si j’avais à choisir le type d’ouvrage « écrit pour soi » dont vous parlez, monsieur Proulx, j’opterais pour « La réalité de la réalité » de Paul Watzlowick
n.b. : un billet sur la manière de trouver ce fameux livre « écrit pour soi » serait intéressant car, la plupart du temps, c’est le hasard ou un bon(ne) ami(e) qui permet de découvrir ce genre de trésor…
Je ne suis pas du tout d’accord avec ce que vous dites. Les gens ne vont pas se forcer à lire un livre parce que tout le monde le lit !! Ils vont l’essayer et tant mieux si c’est le livre qu’ils aiment. Le journal d’Aurélie Laflamme c’est le livre de ma vie. Je ne lis pas parce que tout le monde l’aime. Je le lis parce que…je ne peux pas expliquer pourquoii mais j’adore ces livre, je les vénère…;P Et si tout le monde lit certains livres, peut être que c’est parce qu’ils sont bons. Ohhh.N’y avez-vous pas pensé?!
On ne sortira jamais du bon vieux principe des saucisses Hygrade!!!
Je suis bien d’accord avec ce commentaire. Les gens ont peur de prendre des risques et de faire des découvertes. Moi je me suis lançée dans la poésie des éditions du Noroît. Je boycotte les livres dit populaires. Habituellement ça m’emmerde quand c’est populaire. Je boycotte certaines maisons d’édition telles que Les Intouchables. J’aime trop la littérature pour acheter de la littérature populaire et à l’eau de rose. Je suis très sélective. Quand le vent souffle d’un côté, je vais dans le sens contraire en ce qui concerne mes choix de lecture. J’ai toujours été comme ça et je trouve que ça me plaît bien comme ça.
Le livre maintenant se vend comme un objet de consommation comme un autre. Moi le livre est un produit sacré. À chacun sa façon de voir la chose.
Aaah! Le Salon… Pour y avoir travaillé comme exposant de nombreuses années, c’était souvent un ou deux clients qui faisaient notre journée. Un ou deux curieux qui avaient envie qu’on leur fasse découvrir de nouvelles choses… Ça donne un peu la même sensation que quand notre bébé naissant rit pour la première fois après avoir braillé pendant trois mois 😉
Les gens entendent très peu parler de livres dans les médias, et magasinent leurs livres au Salon et dans les chaînes. Il n’y a plus d’émissions télévisuelles lui étant consacrées. C’est certain que le grand public y va avec les piles de best-sellers, c’est ce qu’on lui offre. Probablement que ça donne une impression d’appartenance, quand TOI AUSSI t’as lu le Da Vinci Code ; c’est comme un rite de passage…
Merci pour le lien, et par ailleurs, l’un de mes récents articles portait justement sur le Salon : http://www.librairiemonet.com/blogue/?p=3400
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Que veux-tu, Steve, l’humain est un être grégaire. C’est bien connu…
Je suis une boulémique de lecture. De Millenum à Dostoyevski, en passant par d’obscurs auteurs bulgares et argentins. J’adore découvrir toutes sortes de trucs inusités.
Mais je ne crois pas non plus que tout le monde devrait être comme moi. Si certains ne lisent que ces bestsellers tant décriés, au moins ils lisent, ce qui n’est pas le cas de la majorité de la population. Pour moi, c’est déjà beaucoup. Ils LISENT !!! C’est pas ça le but?
Ces Code Da Vinci, ces horribles bestsellers font que nous qui aimons le bouquin différent, le « livre écrit pour » nous, nous pouvons le trouver. Ce sont ces bestsellers qui font que les éditeurs peuvent nous offrir les autres qui se vendent tellement moins.
C’est facile de regarder de haut les gens, de les mépriser pour leurs goûts en lecture tellement moins sophistiqués. Mais le fait demeure que ces bestsellers qui financent les autres.
Et on le remarque encore plus lorsqu’on est caissière dans une librairie.
Si je veux devenir riche, je sais quoi faire: J’écris un livre de croissance personnelle! :-p
Blague à part, il est certain que les gens ne prennent pas de chance parce que ça demande un effort de recherche et d’investissement. Même moi, je me fait trop souvent prendre au jeu.
À chaque fois que je vais dans une librairie, je me désole de voir autant de romans et si peu que j’ai moi-même lus. Imaginez les perles qui doivent se cacher là-dedans!
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Comme j’aime beaucoup la lecture, j’ai lu votre (article?, opinion? coup de gueule?) avec intérêt.
Bien sur, je me désole de la régression de la lecture et c’est justement pourquoi j’applaudis à deux mains lorsque je vois des gens lire… n’importe quoi. Mon voisin lis MIllenium! Super je l’ai lu aussi et j’ai beaucoup aimé et ça me fera un sujet un sujet de discussion avec ce voisin. Mon neveu lis les Harry Potter! Super. Ils pourra toujours s’attaquer à Proust dans quelques années. Je n’ai pas lu Twilight, mais si ma nièce me dis qu’elle aimerait bien le lire, je cours lui acheter, trop heureux de la voir se plonger dans un livre qui est bien de son âge.
Il y toute sorte de livre, des légers, des sérieux, des plein de …. prétentieux, et alors ? On s’en fout! Je les aime tous, ou presque.
En conclusion, je dirais que votre chronique frise l’élitisme et que j’aurais beaucoup préféré lire vos conseils de lecture que votre dénigrement de la culture populaire.
Bonne lecture!