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À bon port

 

 

 

L'arrivée des conteuses à Cap-aux-Meules a déclenché toute une fête, le 24 septembre. Sur la photo: Les Dimezelles, en provenance de Bretagne.
Photo: TMR

On m'avait dit que le Festival Contes en îles était unique au monde. Je vois déjà deux raisons à cela, et j'ai la vive impression de ne pas être au bout de mes surprises. D'abord, c'est très certainement le seul événement qui débute dans le port de Montréal pour se poursuivre aux Îles-de-la-Madeleine – les premiers spectacles ont lieu carrément sur le pont du CTMA Vacancier, le bateau qui relie, en deux jours, la métropole et Cap-aux-Meules. Cette année, le festival est aussi le tout premier événement de conte à travers le monde à bâtir une édition strictement féminine. Vous avez bien lu: une trentaine de «femmes de paroles» en provenance d'Europe, du Proche-Orient, d'Afrique ou d'Acadie s'y sont donné rendez-vous. Pas un mec – exception faite d'un sympathique Burkinabe qui s'est faufilé dans la bande, mais j'y reviendrai. Lors de son mot de bienvenue à bord du bateau, vendredi dernier, le fondateur du festival Sylvain Rivière nous disait tout son amour de la parole et son souhait d'amitié entre les peuples quand, dans un mouvement étonnamment fluide, le monstre d'acier a largué les amarres. Rivière s'est alors interrompu, puis a lancé: «On est parti ou si. ou si c'est le quai qui a bougé? Parce que vous savez, dans les contes, l'un est aussi possible que l'autre!»

 

 

 

 

 

L'Algérienne Aïni Iften.
Photo: Yoanis Menge

 

Le ton était donné. Durant les heures suivantes, nous avons été aspirés par les imaginaires débridés de l'Écossaise Fiona Macleod, émouvante et drôle comme tout avec ses histoires d'amour à cheval sur le magique et l'ordinaire; de la Montréalaise d'origine haïtienne Joujou Turenne – l'une de nos grandes conteuses -, qui a une fois encore su mêler en un tourbillon de couleurs le rire et l'humanisme; de l'Algérienne Aïni Iften, guide impressionnante de maestria dans un monde peuplé d'ogresses et d'amoureux improbables. Allaient également se succéder, plus étincelantes l'une que l'autre, Layla Darwiche (Liban), Jeanine Qannari (France), Antonietta Pizzorno (Italie), Petronella Van Djick (Hollande), Colette Migné (France). Arrivés hier matin dans l'archipel, après une nuit de gros temps dans le golfe et avec le coeur un peu retourné, nous étions accueillis par la présidente d'honneur de Contes en îles Louise Portal et par tout un groupe de Madelinots qui ont visiblement le coeur à la fête. Hier, j'ai encore assisté, sur la terre ferme cette fois, à la touchante cérémonie d'ouverture du festival, puis au spectacle «De mers en filles», animé par Toumani Kouyaté, le mec de service. Mais encore là j'y reviendrai. À plus tard.