Suis rentré en ville hier, un peu à regret. Les Îles ont la forme d'un grand hameçon, clin d'oeil des hasards géodésiques à la vocation première des Madelinots, sans doute, mais aussi avertissement subtil au voyageur qui vient y ouvrir ses valises. Au bout de quelques heures déjà, difficile de repartir!
Difficile également de quitter ce beau rendez-vous des histoires, avec de petits h, de la Francophonie, dont les accents féminins de cette année avaient non pas la force mais le doigté de balayer tous les préjugés.
«Ça a amené une forme d'humanité plus grande que jamais, un côté un peu tribal, dans le bon sens du terme», me disait un soir Sylvain Rivière, fondateur donc et responsable de la programmation de Contes en îles. «En organisant le festival, je me suis rendu compte qu'il y avait encore, en 2006, toute sorte de préjugés. Comme si, pour certains, n'inviter que des femmes voulait dire qu'on allait entendre des recettes de gâteau! Moi, ça me donnait encore plus d'audace, ça me donnait envie de surprendre en invitant des femmes de talent, différentes et complémentaires.»
Pari tenu, monsieur Rivière. Les gars n'ont manqué à personne, dirait-on. «Il faut dire que Tumani compte pour plusieurs», précise en riant Sylvain. Tumani Kouyaté, c'est ce grand routier du conte, organisateur d'un beau festival au Burkina Faso et globe-trotter de l'imaginaire. Seul mec de la distribution, sorte de contrepoint magnifique à travers ces dames, il était chargé de l'animation de la plupart des activités. Le beau rôle quoi, dont il s'est acquitté avec verve et brio.
À l'an prochain donc, mes amis des Îles. Parce que je sais que vous saurez surmonter les difficultés inhérentes à cette folie que vous portez à bout de bras, dont la première est le défi du financement et de l'organisation, dans ce chapelet à la fois tout près et très loin de tout, et où comme ailleurs il faut parfois élever la voix pour faire entendre d'autres impératifs que celui du profit. Bon vent!
Pour tout connaître sur Contes en îles, dont l'édition 2006 se poursuit jusqu'au 2 octobre: www.conteseniles.com.
Les îles comme un pas dans le Fleuve ; le Fleuve comme une route à prendre ou à apprendre c’est selon ; les mots qui racontent, qui content, qui nourrissent ; le vent marin dans les cheveux des bons diables ; l’air salin dans le souffle des lèvres voyageuses ; le rire dans le coeur des joueurs de tours ; la route pour se rendre en ce lieu où il fait bon respirer ; les insulaires fidèles à la vie et la poésie qui mène et ramène à ce pourquoi nous existons.
Chanceux va ! Ça donne l’eau à la bouche
J’ai griffonné un truc insulaire pour l’automne prochain dans mon agenda.