On dit que la valeur n'attend pas le nombre des années.
À la lecture du texte qui a mérité à son jeune auteur le 1er prix de l'Intercollégial de poésie, il y a quelques jours, on se dit que c'est bien vrai. Alexandre Dumont, étudiant au Cégep de Sainte-Foy, fait déjà montre d'une maîtrise étonnante. Les membres du jury, l'écrivaine Claire Varin et les poètes Louise Deschênes et Stéphane Despatie (bien connu des lecteurs de Voir), ont souligné le dépouillement formel du poème, le travail sur l'image et la singularité du regard. Mais voyez par vous-même:
Sans titre
je marche
le regard dans les paupières
pour ne pas
humilier
l'horizon
non que tout m'égare
mais comment distinguer
parmi le chaos
la lisière entre le sombre et le diaphane ?
dans la coulée
d'une assurance-lumière
je vacille
anonyme
et le regard bien clos
Merci à Tristant Malavoy-Racine qui, par cette diffusion du poème d’Alexandre Dumont, encourage certainement son auteur à poursuivre et suscite l’émulation chez d’autres aspirants à la poésie en ce monde.
Je serais bien mauvais jury. Je ne saurais juger d’un poême…de la poésie; des autres et surtout de la mienne. Je l’apprécie.
Tout comme j’apprécie ceux qui la partage gratuitement, par amour pour celle-ci.
Vive la poésie et merci de la générosité de vos écrits.
Lorsque j’ouvre un recueil ou que je lis simplement un poème, je ne le considère jamais comme une ouvre complète et autosuffisante. L’écriture est constituée de symboles, de mots, qui réfèrent aux concepts établis par l’être humain, concepts par lesquels il essaie de définir le monde. Ce qui particularise la poésie, c’est qu’elle organise ces concepts selon des ordres différents de ceux auxquels la vie nous habitue chaque jour. Ainsi, le poète transforme les perceptions du lecteur en lui présentant des images qu’il a déjà en lui, mais en l’invitant à les voir sous un nouveau jour. De cette manière, « un seul miracle » peut être « enraciné à une paume » et « la ville [peut éclater ]/dans sa mutité ». Des verbes peuvent « côtoyer » des noms auxquels ils ne s’unissent jamais pour créer de nouvelles images, de nouveaux sens, et ainsi enrichir l’écriture. La portée de la poésie dépasse les concepts : elle les manipule, les modèle et les réunit.