Un très beau numéro d'Exit vient d'atterrir en kiosque. Hormis les très réussis poèmes de Daniel Leblanc-Poirier (une belle découverte), July Giguère, Francis Catalano et Corinne Chevarier, on y lit une réflexion sur le slam de l'auteur et slameur Ivy (on souffle que ce dernier prépare un dossier de fond sur le sujet pour la même revue), tandis que plusieurs auteurs (dont Monique Deland et Herménégilde Chiasson) se sont prêtés à l'exercice proposé par le directeur d'Exit, Stéphane Despatie, celui de la "sculpture sur prose". Initié par la revue La Traductière, de Paris, le projet consistait en une construction poétique à partir des mots d'un texte en prose existant. Par exemple, Monique Deland a tiré ses mots du catalogue Home Dépôt 2007!
Un poème dont les mots sont tirés d’un catalogue home dépôt? Et on s’étonne que nos cousins français s’attristent que nous n’ayons aucune culture. Vraiment, ça manquait au paysage Québécois!
Je me paie Exit environ une fois par an, plus par curiosité qu’autre chose. Au cas où il y aurait réellement un auteur de talent qui émergerait de la masse, ce qui n’est pas arrivé depuis deux ans. Les poètes sont, par définition, trop plein de leur propre importance pour réellement laisser la place aux mots, quand ils écrivent dans l’espoir d’être publié. Lamartine ne tentait pas de vendre son oeuvre, et c’est pourquoi elle était toujours intacte, après son décès. Nelligan n’écrivait pas pour la postérité, ni avant, ni après son internement. Rimbaud écrivait pour ses amis, et Walt Withman pour sa maman, ce qui a assuré à leur oeuvres un succès certain. Robert Frost écrivait pour lui-même, et détruisait la moitié de ses oeuvres une fois celle-ci terminées.
Je me demande ce qu’ils auraient pensé, tout ces penseurs, en nous voyant démolir leur héritage pour tenter de réinventer un style qui de tout temps n’a jamais connu le succès commercial. Impossible d’entretenir un intérêt pour faire vendre, quand la poésie se ressent, s’admire, se goûte mais en aucun cas ne se commercialise…
Quoique… Ce n’est pas avec ses cent copies vendues de chaque édition qu’Exit risque de pervertir le style à grande échelle!