Je viens d'écrire ce petit texte, à paraître cette semaine dans Voir, au sujet de Kaspar, une BD d'auteur récemment publiée à L'Oie de Cravan. Le saviez-vous: Diane Obomsawin n'est qu'à moitié dans la fiction parce que son personnage, au départ, a bel et bien existé.
Dans une langue et un trait à la fois naïfs et précis, Diane Obomsawin, alias Obom, raconte ici «la triste histoire vraie» de Kaspar Hauser, ce jeune Allemand apparu dans une rue de Nuremberg, en mai 1828, grognant et titubant, et qui finira par prétendre avoir été retenu prisonnier dans une cave durant toute son enfance. Obom suppose, de manière ludique, ce qu'a vécu l'enfant avant de «venir au monde une deuxième fois», libéré par un mystérieux homme en noir, et montre à quel point le restant de sa vie a été une longue succession de renaissances et de drames. L'auteure du ravissant Plus tard., paru en 1997 et récemment réédité, offre ainsi sa lecture de celui qu'on a qualifié d'«énigme de son temps», et qui a fasciné de nombreux écrivains, de Paul Verlaine a Françoise Dolto.
Wikipedia propose une page assez complète sur le sujet: http://fr.wikipedia.org/wiki/Kaspar_Hauser
Si vous ne l’avez jamais vu, même s’il date de plus de trente ans, allez louer l’Énigme de Kaspar Hauser, du formidable Wim Wenders, ce cinéaste qui catalyse à lui seul le génie romantique germanique. Pour moi, celui-ci comme son collossal « Ailes du désir », pour moi un chef-d’oeuvre, constitue un summum d’oeuvre cinématographique qui catalyse l’essentiel de la quête de sens, mais aussi des contradictions de la nature humaine. Dèjà le titre originel « Gott mit uns und gegen Alle » , soit » Dieu avec nous et contre tous », illustre les pièges de la méséducation et confirme quelques thèses Rousseauistes qui disent que la société dénature l’être humain plus qu’autre chose. Pire, le plus souvent, les histoires les plus signifiantes finissent comme ici, par l’éxécution de la victime expiatoire dont la pureté est insoutenable pour les civilisés bien alignés dans l’ordre établi. Ce type d’oeuvre refète le meilleur de l’esprit allemand qui, loin d’être élitististe et matérialiste, nous réconcilie avec le meilleur de l’esprit créateur de l’humain sensible à l’essence de ce qui est intemporellement vivant .