"C'est ancré dans nos traditions: au printemps, il y a la cabane à sucre, et à l'automne, le Salon du livre!" lançait Michel Rabagliati à la conférence de presse du 30e Salon du livre de Montréal, le 30 octobre, faisant rigoler le parterre d'écrivains et journalistes. Le réputé bédéiste fait partie des huit invités d'honneur de l'édition anniversaire, parmi lesquels on compte aussi Maxime-Olivier Moutier, Stanley Péan et Marie Darrieussecq. En tout, c'est quelque 1450 romanciers, poètes, essayistes, illustrateurs et auteurs de BD qui viendront faire la fête aux mots, du 14 au 19 novembre – oui, oui, ça veut dire un salon du six jours, une première.
À surveiller: les interviews d'écrivains menées par Gilles Archambault, Laurent Laplante ou Pascale Navarro, entre autres, la soirée Je veille au Salon, préparée cette année encore sous la houlette de Fredric Gary Comeau (le 16 à 20 h 30, avec Philippe Claudel, Nadine Montfils, Joujou Turenne et d'autres), et le Carrefour Desjardins: Le livre, source d'inspiration. Il y sera question de tous ces projets artistiques qui prennent source dans un livre, du film Bonheur d'occasion tiré du roman de Gabrielle Roy à L'Odyssée d'Homère monté au théâtre par Dominic Champagne. www.salondulivredemontreal.com
Le Salon du livre de Montréal est le plus imposant du Québec, mais c’est loin d’être le mieux organisé. Tout d’abord, il se tient à la Place Bonaventure, un endroit pénible d’accès pour les aînés. Sans eux, littérature, théâtre et cinéma plieraient bagage. Quand j’ai assisté à la projection de Comment survivre à ma mère, nous étions sept dans la salle, tous des gens d’âge vénérable. Je reviens à mes moutons. La Place Bonaventure ne convient pas plus aux handicapés dont je fais aussi partie.
Les organisateurs ne s’intéressent aucunement au plus vaste bassin de consommateurs de biens culturels à cause du temps dont nous disposons. En leur écrivant comme je l’ai fait pour signaler le mauvais choix de ce lieu eu égard aux raisons évoquées, j’ai reçu une réponse laconique polie qui se traduisait par « allez vous faire voir ailleurs ». Le Palais des congrès est beaucoup plus accessible. Et comme nous passons plusieurs heures à faire le tour des stands, il faut aménager un endroit vaste et convenable pour manger à un prix qui n’exploite pas une clientèle captive. La direction du Salon ne partage pas ces préoccupations. La mezzanime est d’une malpropreté répugnante à partir de la fin de l’après-midi. Il faudrait embaucher des préposés à l’entretien, exigé par l’affluence. Pour faciliter notre visite, il serait bien aussi de diriger la circulation dans un sens précis. Et aux éditeurs, je conseillerais de ne présenter que leurs publications récentes. Pourquoi débourser 20$ pour un livre publié en 1990 alors que les librairies d’occasion l’offrent à petit prix? J’invite également les vedettes à ne pas bloquer les allées avec leurs animaux pour se faire voir sans même jeter un oeil vers les stands comme j’ai pu le constater.
Enfin, notre Salon ressemble à un capharnaüm, où nous nous sentons comme des souris de laboratoire dans un labyrinthe. Le Palais des congrès offre l’avantage d’avoir une vue sur le quartier chinois et le Vieux-Montréal où affluent les restaurants.
Tel, un point de repère quasi biologique, le Salon du livre de Montréal, vient nous donner le pouls de toutes les tendances. Bouquiner, ici et là pour mieux flairer l’odeur. Rencontré, des écrivains qui préfèrent bien souvent dialoguer, que de faire des séances de graffitis sur leur propre livre. Ou simplement pour plaisanter, cela est un art de savoir rire. Tous les humoristes, pourront en témoigner. Être capable, d’écrire, de sociabilisé sans pour autant avoir la grosse tête? Mieux, demeurer les deux pieds par terre, afin de ne jamais oublier, que la vie n’est pas toujours entre quelques millimètres de couvertures, et une quantité de pages sans âme. Ne serait-ce pas le but, de bien fêter son 30e anniversaire? Allons écouter, ce que les invités en pensent…
L’avantage de ce 30e Salon du livre de Montréal est de mettre en présence les auteurs, les éditeurs et les lecteurs: c’est une occasion unique. Les auteurs n’ont pas beaucoup de visibilité habituellement et il est possible au lecteur d’assister à des conférences ou de découvrir des livres que les libraires n’auraient pas eu la place ou le goût d’exposer sur leurs étalages. Hier, des centaines d’étudiants accompagnés par leurs professeurs feuilletaient des livres d’enfants et même certains exposants (ou auteurs) s’étaient costumés. J’ai toujours trouvé que ce salon offrait trop de place aux livres pour les jeunes.
Comme un ancien voisin, travaillant dans ce milieu, m’avait déjà expliqué, il y a une préoccupation commerciale ($$$) derrière ce salon, comme au Salon de l’auto ou au Salon des métiers d’art: pas question de perdre de l’argent. Le prix d’entrée de $8 est nécessaire pour rentabiliser cette exposition commerciale et artistique. Ce salon du livre de Montréal n’est pas le seul qui est organisé par les éditeurs car d’autres grandes villes sont ciblées tout au long de l’année. Le fait qu’il se tienne à la mi-novembre n’est pas un hasard car Noël arrive 5 semaines plus tard et cela constitue la saison la plus rentable pour les libraires. Le coût de location d’une aire d’exposition plus vaste et plus moderne, comme le Palais des congrès, serait plus dispendieux.
Pas question de nuire à la rentabilité des librairies en offrant des « spéciaux »: tous les livres sont neufs et à plein prix. La rue Ste-Catherine, qui étant à proximité de la Place Bonaventure, offrira des restaurants en quantité et en qualité nécessaire pour satisfaire une fringale soudaine. J’ai quitté avec un livre sous le bras, que je n’avais jamais vu en librairie: une belle découverte. Un livre est toujours un cadeau facile à se procurer, à emballer et à offrir à quelqu’un qui pourra le réutiliser à plusieurs reprises ou le prêter à quelqu’un d’autre.