Merci à tous ceux qui contribuent à l'exercice. Avez-vous lu la réaction de Jacinthe Bédard? Aussi pertinent qu'intransigeant:
Soyons clairs: les meilleurs livres sont inadaptables au cinéma. En témoigne la déception que nous ressentons devant ces adaptations qui enlèvent souvent à leur objet ce qui en faisait des oeuvres d'art, devant ces films qui ne sont souvent que des commentaires réducteurs d'oeuvres qui s'en seraient bien passé. Pourquoi? Parce que les meilleurs livres sont, précisément, littéraires. Traduire la langue folle, le style de Céline, dont le Voyage au bout de la nuit fourmille pourtant d'images aguichantes, par une narration hors-champ? Lourd. Adapter Neige noire d'Aquin, ce chef-d'oeuvre qui adopte pourtant la forme du scénario? L'intertextualité, qui est au fondement de bien des oeuvres contemporaines et qui en fait souvent la force, sera forcément éludée. (…)
Je vais tenter une réponse littéraire à cette déclaration d’inadaptabilité littéraire à l’écran (et il ne faut pas seulement penser en terme de cinéma, je crois, pour voir la lumière au bout de l’objectif).
D’une part, il est vrai qu’à l’impossible, nul n’est tenu.
Mais il faut aussi dire, comme le Cid de Corneille : « À quiconque veut venger son père, rien n’est impossible. »
Et si on considère Aquin comme le père spirirtuel d’un mouvement de résistance culturelle à l’envahissement du ridicule et de la disparition de notre mémoire glorieuse et collective en terre d’Amérique… ça m’étonnerait qu’il soit impossible d’adapter Aquin à l’écran.
Pourquoi ?
Parce qu’il y en a en ce moment de la neige noire qui tombe en masse devant nos écrans, petits et grands.
Cela dit sans vouloir offenser personne. 😉
Après tout, c’est Radio Head qui chante dans OK Computer : concerned but powerless…. n’est-ce pas ?
Et c’est pour ça qu’ils peuvent « vendre » leur dernier album en ligne gratuitement… lol
Parce que la question m’a trottée dans la tête depuis, j’y reviens.
Un de ces derniers soirs, j’ai eu cette lumière…
Nikolski ferait un excellent film.
« Si » c’était Dikner qui se fesait réalisateur (ou co-), pas autrement!
C’est à l’écrivain que doit revenir la tâche et l’inspiration de transformer son oeuvre en film. C’est lui qui doit faire le casting, « dessiner » les décors et décider des mouvements, de la musique et des couleurs du film… de son ton. Il doit mettre de son inspiration dans chaque détail, comme il l’a insufflée dans toute son oeuvre littéraire)
Alors, là, je suis certaine que ce film, j’irais le voir car je saurais qu’il est fidèle à la vision de l’auteur. Car c’est cette vision qui me plaît, pas son reflet terne et déformé…
Tout ou rien du tout!!!
Posant cette question, qui concerne la possibilité même d’un dialogue entre les arts, il faut s’attendre, on le constate, à des commentaires divergents.
Il n’était pas question d’adapter Aquin, mais Neige noire. Faire une biographie filmée ou un documentaire sur un écrivain est tout à fait possible – on en a eu plusieurs fois la preuve – et même louable sur un plan pédagogique. Mais adapter une oeuvre littéraire, et non ce que son auteur a pu représenter ou défendre en dehors du texte, pose véritablement problème. Surtout, encore une fois, si on a affaire à une grande oeuvre littéraire*. Or, à mon humble avis, la grandeur de Neige noire, par exemple, tient beaucoup plus aux innovations structurelles qui la sous-tendent qu’au discours politique ou social, d’ailleurs plutôt effacé dans cette oeuvre-ci, de son auteur.
La confusion est éclairante, cependant. Le problème de l’adaptabilité de l’oeuvre tient peut-être à ce que, l’adaptant, on veuille trop souvent en sortir pour donner à voir ce que son auteur a été…
* Et qu’on ne rétorque surtout pas que cette grandeur n’est que relative ou subjective; voilà longtemps qu’on sait l’existence d’une « norme du goût ». Je préviens les coups!