Triste nouvelle en cette fin d'année: Christian Bourgois, l'une des grandes figures de l'édition française de la seconde moitié du 20e siècle, est mort hier à l'âge de 74 ans. Parmi les quelque 2000 titres qu'il a publiés, chez Julliard ou ailleurs, on compte des œuvres majeures de Vian, Tolkien, Morrison, sans compter les Versets sataniques de Rushdie, malgré la fatwa lancée alors contre l'auteur et son éditeur. Salut à cet acteur inclassable de la scène littéraire, visionnaire, fondateur en outre de la collection «10/18», qui se plaisait à citer l'éditeur allemand Fischer: «Être éditeur, c'est publier des livres que les gens n'ont pas envie de lire.» À méditer.
Voilà, l'heure des vacances a sonné. Je pars pour un petit 2 semaines avec quelques bédés sous le bras, puis le dernier numéro de L'Atelier du roman, cette merveilleuse revue conçue pour et par des amoureux du genre romanesque – dans ce no. 52, il est beaucoup question de Mikhaïl Boulgakov.
Avant de formuler les vœux de circonstance, je touche un mot de tous ces changements que vient de connaître voir.ca. Nous en sommes encore à dompter la bête, et je sais que plusieurs ont du mal à se familiariser avec le passionnant mais labyrinthique nouveau site. Venise Landry, par exemple, m'écrivait récemment ceci:
«La sensation que j'éprouve est la même que celle ressentie devant un magasin à grande surface où tant de possibilités d'achats s'offrent à mes yeux que je reste figée sur le pas de la porte. On s'éloigne de plus en plus du magasin général où la relation entre les visiteurs était favorisée. Pourtant, le site Voir se veut un lieu stimulant l'échange. On n'en est pas à un paradoxe près et on survit. On s'adapte. Tranquillement pas vite.»
Tranquillement pas vite, c'est à ce rythme que moi aussi je retrouve mes repères.
Venise m'écrit également:
«Autre question qui m'intrigue beaucoup, comment cela se fait-il que les derniers billets de votre blogue n'apparaissent pas sur la page d'accueil "Livre" ? Cela donne l'impression que vous n'avez pas blogué depuis le 29 novembre, dommage pour vos derniers intéressants billets.»
Il y a en effet une certaine confusion, actuellement, entre les entrées de blogue comme telles et les nouvelles inscrites en page d'accueil. Une question technique sur laquelle planchent nos webmestres, ici chez Voir, et qui devrait être résolue au début 2008.
D'ici là, merci de rester fidèles à nos pages, électroniques ou papier. Le plus beau de nos échanges est à venir.
Joyeuses fêtes à tous! T.
Si «être éditeur, c’est publier des livres que les gens n’ont pas envie de lire», j’imagine qu’être écrivain… euh, c’est s’amuser à écrire des livres que personne n’a envie de lire.
Alors, ma question est simple.
Un livre, est-ce un révélation publique ou est-ce simplement le FRUIT DÉFENDU issu d’une recontre hasardeuse et nécessaire entre un homme qui publie des textes aussi improbables que les rencontres qu’il effectuent avec des auteurs ?
Bref, pour 2008, je nous souhaite une chose : la parution d’un livre qui sera vendu – non pas comme un nouveau détergent à lessive – mais bien comme le récit d’une rencontre fantastique entre deux individus passionnés par la Littérature avec de grandes « ailes ».
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Cela étant dit, ce que j’aime du commentaire de Venise Landry tient dans le fait que ce membre de VOIR met du premier coup d’oeil le doigt sur LA touche magique du site : son aspect labyrintique fascinant.
Et la fascination provenant de ce type de labyrinthe arborescent est simple : celui-ci s’apparente dans son élaboration et sa constitution à l’abre de la connaissace élaboré par Descartes EN PLUS de permettre à ces citoyens virtuels de se trouver eux-mêmes, trouver une source d’information inatendue et/ou trouver quelque chose ou quelqu’un de précieux au milieu de ce qui, habituellement, correspond au symbole de l’égarement irrémédiable.
En d’autres mots, un peu plus simples, c’est en se perdant dans le site qu’on finit par trouver une voie inédite, une voix inaudible ou une voie de contournement providentielle dans notre cheminement personnel.
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En passant, je sais que je m’éloigne de l’idée de départ, mais en amateur de Borgès et en artisan de la littérature équitable moi-même ; je trouve fascinant que l’on puisse apprécier et même valoriser l’égarement comme moyen d’accéder à la Connaissance.