Je suis bien content pour Dupuy et Berberian, ce prolifique duo de bédéistes qui vient de se mériter le Grand Prix de la Ville d'Angoulême lors du Festival international de la BD. Vous les connaissez? Créateurs de Monsieur Jean, ce jeune écrivain parisien vaguement dépassé par la vie – et qui n'est pas sans rappeler le Paul de Rabagliati, dans le ton comme dans le trait -, ils ont largement contribué à l'essor d'une bd à caractère autobiographique, loin des effets faciles. Bravo!
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En écho à mon billet sur les finalistes du Prix des libraires 2008, quelques membres se risquent au jeu des prédictions… Il serait assez amusant que tous ceux qui ont lu quelques-uns de ces livres se mouillent à leur tour.
Pour ma part, j'ai un petit penchant pour le Parfum de poussière de Rawi Hage, que je lis enfin, avec quelques mois de retard sur les plus avertis!
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Toujours concernant la liste des finalistes, Jacinthe Bédard y va de cette réaction, à propos du livre Un taxi la nuit, fruit de ce qui était au départ un blogue:
"Intéressante, cette intrusion du blogue dans le romanesque, alors qu'on a encore tant de mal à intégrer le fragmentaire à quelque genre que ce soit…
On l'a beaucoup dit, mais voilà qui le confirme : le décloisonnement de la littérature, et ça implique un questionnement des grands genres, passera sans doute (entre autres) par les nouvelles technologies.
Tout de même, peut-on lire – entendre "juger"; il s'agit d'un prix… – un blogue comme on lit un roman ? La question mérite je crois d'être posée."
Voilà qui est fait!
Oui, les Paul et les Jean sont d’excellentes entrées en matière pour toutes les personnes (dont moi voilà pas si longtemps !) qui abordent encore la BD comme une lecture pour les jeunes seulement.
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Je vais bientôt lire « Un taxi la nuit », livre colligé à partir d’un blogue mais même avant cette lecture, je réponds un gros « OUI » ; on peut évaluer, juger, lire un blogue comme un roman. Évidemment, c’est un livre un peu plus sous forme de chronique, comme plusieurs livres non répertoriés « blogue » d’ailleurs. La force littéraire d’un style peut se retrouver sur n’importe quel support. Classer l’écriture tirée d’un blogue à part, équivaudrait pour moi à classer l’épistolaire comme un genre à part. « Cher Émile » d’Éric Simard chez Septentrion aurait pu se retrouver dans la liste du Prix des libraires en 2005 et personne n’aurait mis ce choix en question. Même chose pour le blogue. Ceci dit, bien entendu, il y a plusieurs niveaux de language sur les blogues, mais celui qui a été, dans un premier temps, choisi entre tous pour être édité et dans un deuxième, sélectionné pour un Prix, doit certainement le mériter. J’ai d’ailleurs bien hâte de le lire.