Nous sommes nombreux à pleurer Robbert Fortin, disparu soudainement avant-hier. Il n'était pas toujours commode Robbert, être entier, lucide, critique de son époque et de ceux qui la peuplent. Discuter avec lui – ce que j'ai fait tant de fois, au sortir d'une salle de spectacle, dans une allée du Salon du livre de Montréal ou du Marché de la poésie de Paris – discuter avec lui, donc, n'était jamais une partie de plaisir, le type naviguant toujours au large de la complaisance et du propos prémâché. Or discuter avec lui était toujours l'occasion d'un moment de grande humanité, de fraternité non feinte.
En plus de laisser un corpus de textes du premier intérêt – l'un de ses derniers recueils, Les nouveaux poètes d'Amérique, restera l'une des œuvres québécoises marquantes du tournant des années 2000 -, Robbert aura aussi permis à de nombreuses voix de la jeune poésie d'ici de se faire entendre. C'est une part indéniable de son héritage.
Jeudi dernier, lors du lancement collectif du Groupe Ville-Marie au Lion d'Or, j'avais parlé un moment avec lui, puis il avait joué quelques minutes avec mon petit Émile de 4 ans, qui m'accompagnait. La dernière image que j'aurai de lui sera donc celle-là: Robbert vivant comme tout, ébouriffant en souriant les cheveux d'un gamin. Ça me plaît assez.