Le bruit entourant la sortie en France de La possibilité d'une île, ce film tiré du roman du même nom – et que son auteur Michel Houellebecq a tenu mordicus à réaliser lui-même -, laisse craindre le pire. Quelques lignes lues ce matin dans le magazine Lire ont même un parfum de mise en garde: «C'était une possibilité, c'est désormais une certitude: l'adaptation au cinéma de La possibilité d'une île par Houellebecq est une catastrophe. Sans doute pour des raisons de budget, il ne reste du roman que des bribes. L’ascension du comique? La critique de la secte? L’irruption d’Esther? Les allers-retours systématiques entre présent et futur? Et le formidable personnage canin cloné? Tout cela a pratiquement disparu, au profit de saynètes fauchées sans intérêt, gonflées à coups de musique emphatique et d’une voix off barbante sur l’immortalité.» Ouch…
Le film sortira-t-il tout de même en salle chez nous? Je ne miserais pas gros là-dessus.
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La romancière Catherine Mavrikakis, qui publie cet automne Le Ciel de Bay city (Éditions Héliotrope), vient d’ouvrir un blogue qui ne manque ni de mordant ni de profondeur. Tout y passe et s'y entremêle: Jean-Paul Sartre, Sarah Palin, réflexions post-féminisme, clés pour mieux comprendre son nouveau livre… Pas mal du tout.
« La possibilité d’une île » de Houelllebecq m’apparaissait un roman superficiel dont le trame principal consistait à montrer l’homme évoluant vers un nihilisme existentiel. Il devient un drôle d’animal vidé de passions et d’amour. Le cynisme de Houellebecq, c’est sa marque de commerce. Au-delà de cette caractéristique, se profile un nombrilisme hors du commun. Cet auteur ne se situe pas dans la réalité, dans le monde. C’est perché sur l’arbre de la suffisance qu’il daigne jeter un regard morbide sur les gens.
Je me suis lassé de cet écrivain dans la perspective se résume à sa libido. Sa volonté de réaliser ce film démontre aussi sa certitude d’être un génie en toute matière.
Face à un Houellebecq qui n’en finit jamais avec son auto-adoration, j’oppose le regard d’un Anthony Burgess.
La critique sociale y est toujours présente avec une esthétique littéraire lumineuse, mais Burgess la relativise par un auto-dérision qui lui évite de se prendre pour un autre. Lisez « Les puissances des ténèbres » roman écrit en 1980, vous verrez l’authenticité d’un écrivain et conviendrez que Houellebecq ne sera qu’une étoile filante.