Avant d’aller remplir mon devoir de citoyen, je fais un micro bilan de mes allées et venues culturelles des derniers jours…
VU
L’expo Paul-Marie Lapointe à la Grande bibliothèque. Lapointe faisait déjà partie de mon petit panthéon perso des poètes québécois, mais à flâner à travers ses textes manuscrits, à visionner des documentaires dont il a signé le texte et à fouiller la trajectoire professionnelle de celui qui a aussi été directeur de l’information à Radio-Canada, j’ai mesuré comme jamais l’importance du bonhomme.
LU
La nouvelle BD d’un de mes bédéistes préférés: LAX (connaissez-vous son album L’aigle sans orteils? Une merveille). Dans le premier tome des Chevaux du vent, réalisé en tandem avec Fournier, on suit la quête d’un père de famille à la recherche de son plus jeune fils, dans le Népal de la fin du XIXe siècle, alors sous le joug britannique. Vous en reparlerai sous peu.
APPRIS
Que la revue russe Inostrannaya literatura («littérature étrangère») consacrait un numéro spécial à la littérature québécoise. La rédaction présente l’affaire ainsi: «L’histoire dramatique des relations entre les parties anglaise et française du Canada apparaît dans les pages de la revue sous différents aspects, mais ce qui exalte le cœur, c’est l’existence au Québec d’une littérature qui lui est propre et qui témoigne de la vitalité de sa culture.» Inostrannaya literatura propose en outre la traduction de textes de plusieurs de nos auteurs, dont Normand de Bellefeuille, Hélène Dorion et Sergio Kokis.
VISITÉ
Placedulivre.com, un site développé par l'équipe de Québec Loisirs, qui veut offrir «un accès privilégié à la culture francophone à tous les internautes intéressés par la lecture». Avec son catalogue de plus de 100 000 titres, mis à jour quotidiennement, ses produits recommandés, ses avis de lecteurs et son info privilégiée sur plus de 10 000 auteurs, Placedulivre.com est assez bien fourni merci. Le portail est un peu drabe mais bien construit, et la livraison est paraît-il des plus rapides. Une grande nouvelle pour ceux qui habitent un village reculé, à 100 lieues de toute librairie digne de ce nom!
ESPÉRÉ
Que le Québec retrouve bien vite le goût de rêver un peu plus fort, un peu plus grand. Me faire guider sur les chemins de l’avenir par une clique de comptables, je ne sais pas vous, mais moi j’en ai ras le pompon…
Si je ne m’abuse, la revue russe en question reprend aussi des textes de Pierre Foglia. Je serais curieux de voir lesquels.
Commencer le chemin faisant par voir pour finir par espérer … Ce soir, l’espoir s’est pointé le bout du nez, s’est levée une voix forte et vibrante, et prudente, maintenant, il s’agit de réveiller 44% des citoyens qui laissent 56% choisir pour eux. C’est la comptabilité la plus triste qui soit.
Commencer le chemin faisant par espérer pour finir par voir.
Francis, je n’ai pas eu vent de la participation de Pierre Foglia à ce numéro. Voici d’ailleurs le texte du communiqué émis par la revue:
***
INOSTRANNAYA LITERATURA : COMMUNIQUÉ DE PRESSE, le 29 octobre 2008
Le numéro spécial de la revue Inostrannaya literatura (Littérature étrangère), consacré cette fois, non pas à la littérature de tout un pays, mais à celle d’une de ses parties, le Québec francophone, s’intitule « Je me souviens ».
Cette devise orne les plaques minéralogiques des automobilistes québécois à qui elle rappelle leurs racines historiques francophones. L’histoire dramatique des relations entre les parties anglaise et française du Canada apparaît dans les pages de la revue sous différents aspects, mais ce qui exalte le cœur, c’est l’existence au Québec d’une littérature qui lui est propre et qui témoigne de la vitalité de sa culture. Or, bien que rédigée en langue française, cette littérature ne se confond pas, aux yeux des Québécois, à la littérature de leur ancienne mère patrie, la France.
C’est d’ailleurs cette problématique qu’aborde, dans « Ainsi naquit une littérature », le fondateur de l’Union des Écrivains du Québec Jacques Godbout, qui l’a rédigé à la demande d’IL. En ce qui concerne sa propre œuvre littéraire, nous sommes heureux de publier son roman « La Concierge du Panthéon » (2006), dont le héros, poussé par l’idée d’écrire un grand roman, par à la recherche de l’inspiration à Paris. Ces deux textes de Godbout sont traduits par Ludmila Proujanskaïa, à qui, par ailleurs, appartient l’idée du numéro spécial québécois et qui a beaucoup contribué à sa conception.
Dans la même édition, nous entamons la publication d’un autre roman intitulé « La gare » de Sergio Kokis (traduit par M. et E. Kojevnikov). Son protagoniste manque le train à une gare perdue et se retrouve dans un univers qui nous rappelle étrangement « La ville Zéro », un film de Karen Chakhnazarov réalisé il y a une vingtaine d’années. « La gare » est une histoire à suivre.
Deux auteurs nous font découvrir le théâtre québécois. Dans sa pièce monologuée « La peau d’Elisa », traduite par N.Khotinskaya, Carole Fréchette raconte des histoires d’amour qui, à en croire la postface, s’inspirent d’expériences vécues, ce qui leur confère une portée documentaire. On publie un court extrait de la « Face cachée de la Lune » de Robert Lepage (trad. et préfacée par A. Lechnevskaya). Cependant les spectateurs moscovites le connaissent bien depuis le Festival international de théâtre Tchékhov – 2007 où Lepage fut un lauréat du Grand-Prix dans la catégorie de «La meilleure pièce étrangère présentée en Russie».
La rubrique « De la poésie canadienne française » s’ouvre par les poèmes du grand classique de la littérature canadienne française Émile Nelligan (1879-1941). Dans sa jeunesse, il a publié 23 poèmes avant de se retrouver dans un hôpital psychiatrique où il a passé quarante-deux ans. Tout son héritage poétique comprend deux cents poèmes dont cinq paraissent dans une traduction de R. Doubrovkine (la préface est de I. Kouznetsova). La poésie de la deuxième moitié du XXe siècle est [représentée sous cette rubrique par Jean-Guy Pilon (auteur de « Comme l’eau retenue », traduit par I. Kouznetsova), Normand de Bellefeuille (« La marche de l’aveugle sans son chien »), Jean Provencher (« L’homme enchêvetré »), Serge Patrice Thibodeau («Le passage des glaces »), Hélène Dorion (« Les corridors du temps ») et Jean-Éric Riopelle (« Papillons réfractaires »). C’est M. Yasnov qui a traduit ces cinq poètes.
La rubrique « Anthologie de la nouvelle canadienne française » permet aux lecteurs de découvrir la prose québécoise contemporaine. Les années 1990 sont représentées par Michel Tremblay (« Un ange cornu aux ailes de tôle », dans une traduction de L.Proujanskaia) et Monique Proulx (« Les aurores montréales », dans une traduction de E.Léonova). La nouvelle d’Yves Beauchemin, « Une nuit à l’hôtel » (traduite par I. Volevitch) est extraite du recueil éponyme, paru en 2000. Deux nouvelles de Normand de Bellefeuille (traduites par I. Volevitch) sont tirées de « Votre appel est important pour nous », paru en 2006. [Et, pour finir, quatre autres nouvelles : « La Manie » de Frédéric Durand (traduite par E.Léonova), « Les espèces en voie de disparition » E.Léonova), « Liens réticulaires » de Jean-Sébastien Trudel (traduite par I. Volevitch) et « La valse des chenilles » (traduite par I.Volevitch) datent de 2007.
Sous la rubrique « Les classiques du XXe siècle » les lecteurs découvriront les extraits de l’autobiographie « La détresse et l’enchantement » de la romancière Gabrielle Roy (1909-1983), préfacés et traduits par L.Semenova). Nous ne publions que des chapitres évoquant la jeunesse de l’auteure. L’épisode le plus curieux est celui où Gabrielle Roy décrit la visite d’un inspecteur anglophone dans une école francophone. À cette époque. la jeune fille venait de découvrir la littérature anglaise et admirait l’œuvre de Shakespeare. Ayant impressionné l’inspecteur par ses connaissances, elle a réussi à « sauver l’honneur » de toute la classe, ses copines ne partageant pas sa passion pour « les Britanniques »…
Sous la rubrique spéciale « Du folklore », nous publions des transcriptions de la tradition orale des nations autochtones de l’Amérique du Nord. Les auteurs de ces transcriptions sont des anthropologues Jean-Claude Dupont et Yvon Codère. La publication Dupont se compose d’histoires publiées sous le titre de « Légendes de la Nouvelle France », préfacées et traduites par d’ A.Sadetsky), celle de Codère, de spécimens de la mythologie amérindienne, tirés du recueil « Contes et mystères de la forêt » (2006) et traduits par E. Belavina.
Sous la rubrique « La nation et la langue », le lecteur découvrira en Hubert Aquin un intellectuel engagé, qui a consacré à la langue française un article extrait des « Blocs erratiques » et traduit par E. Bogatyrenko, avec une préface de M. Bachkirov. Un autre article, « Décoloniser la langue » du poète, essayiste et éditeur Gaston Miron (trad. E. Bogatyrenko), aborde la question de la spécificité de la langue québécoise.
Sous la rubrique Essais et articles, on trouvera le texte de Mordechai Richler, auteur anglophone qui, dans « Why I write? (traduit par S. Silakova), loin de la question linguistique, se penche sur l’éternel problème du sens de la création et de l’attente sociale face à l’œuvre.
La rubrique « Le voyage au Québec » est riche en grands noms : celui de l’historien Alexis de Tocqueville (« Carnets. Lettre à M.L’abbé Lesueur » (trad. V. Miltchina), du fondateur du mouvement olympique contemporain Pierre de Coubertin (« Canada britannique et Canada français », trad. Nina Koulich) et du poète et prosateur anglais Rudyard Kipling « En route vers Québec », trad. et postface de Svetlana Silakova).
Dans la rubrique d’amitié « Québec-Russie » sous le titre général [de « Le sourire de Tchekhov » nous proposons des extraits de deux livres du romancier et essayiste André Major, « Le sourire d’Anton » et « L’esprit vagabond », où il se révèle un lecteur passionné du grand dramaturge et nouvelliste russe (dans une traduction de L.Proujanskaïa).
Sous la rubrique « L’enquête IL » 10 écrivains québécois (André Major, David Homel, Gilles Archambault, Carole Fréchette, Suzanne Jacob, Yves Beauchemin, Naïm Kattan, Nicolas Dickner, Michel Tremblay et Antonine Maillet) répondent à nos questions (« Comment êtes-vous devenu écrivain? », «La littérature québécoise c’est…. » « Quel est le rôle de l’écrivain dans la société d’aujourd’hui », « Vos auteurs et livres préférés » (préparé et traduit par L.Proujanskaïa). Leurs cinq auteurs favoris sont Tolstoï, Tchékhov, Dostoïevski, Beckett et Faulkner.
Sous la rubrique « Nos interviews », nous proposons une entrevue avec la directrice du centre interuniversitaire Moscou-Québec, Tatiana Moguilevskaya, sur le thème « Découvrir l’univers commun pour mieux se comprendre. »
Sous la rubrique « Lettres de l’étranger » Alexandre Livergant nous fait part de ses impressions de voyage lors de sa participation au festival Métropolis bleu de Montréal. Le titre de sa « lettre » en dit long: « Maîtres de la culture, avec qui êtes-vous? ou il n’est pas facile d’être écrivain au Canada ».
Le numéro s’achève (et « s’encercle ») par la rubrique « Parmi les livres » où l’on ne trouvera qu’une recension, celle d’Elena Mourachkintseva qui nous offre son regard sur le premier roman « Salut Galarneau! » Jacques Godbout (1967), traduit par L.Proujanskaïa.
Si mes souvenirs sont bons…
J’avais vu à la télé (au Point?) ou dans une revue un article consacré à une traductrice russe spécialisée en littérature québécoise.
Elle parlait de ce numéro spécial Québec. En soi c’est banal. Mais le choix parmi les auteurs de Pierre Foglia, en revanche, l’est beaucoup moins.
Ça m’avait frappé, très content qu’on mélange la littérature et le journalisme sans snobisme…
Peut-être la revue a changé d’idée? Ou peut-être, ce qui est plus probable, Foglia s’y est opposé…
Ce qui me fait plaisir, c’est qu’on donne une belle place à la poésie avec des auteurs comme Normand de Bellefeuille qui, trop souvent, a attiré l’attention par son travail de directeur littéraire/éditeur plutôt que par son talent d’écrivain.
Et nous? À quand un supplément littérature Voir « spécial Russie »? Je serais très curieuse de découvrir ce qui s’écrit là-bas en ce moment. En attendant, pour un petit aperçu de ce qui se fait en humour, vous pouvez lire mon billet « Voyage en Russie » sur ce même site.
» Sous la rubrique « La nation et la langue », le lecteur découvrira en Hubert Aquin un intellectuel engagé, qui a consacré à la langue française un article extrait des « Blocs erratiques » et traduit par E. Bogatyrenko, avec une préface de M. Bachkirov. »
Aquin était un lecteur de Bakounine, si ma mémoire est bonne …