Alors que plusieurs grandes villes de la côte est des États-Unis s’apprêtent à célébrer le bicentenaire d’Edgar Allan Poe, on s’en dispute vigoureusement la propriété!
Né le 19 janvier 1809 à Boston, Poe a ensuite beaucoup circulé entre Richmond (Virginie), Baltimore, Philadelphie et New York, entre autres, et il est vrai que l’auteur de Double assassinat dans la rue Morgue, qui admettait volontiers avoir la bougeotte, ne peut être associé à aucun lieu précis, comme Kafka à Prague, Joyce à Dublin ou Borges à Buenos Aires.
C’est donc dans différentes villes qu’auront lieu, ces prochains mois, des conférences, performances et expositions autour de cette immense figure de la littérature, le tout se terminant à Baltimore, en octobre, par une répétition de l’enterrement de l’écrivain! Un juste retour des choses quand on sait qu’à sa mort, en 1849, il n’avait eu droit qu’à de fort modestes funérailles.
D’ici là on se chamaille gentiment, les uns prétextant que Baltimore est LA ville d’Edgar Allan Poe, les autres que Philadelphie a occupé une place plus importante dans sa vie, puisque c’est là qu’il aurait écrit ses textes majeurs… Des personnalités du monde universitaire avançant même, à moitié sérieux, que les restes de l'écrivain devraient être délocalisés dans cette ville!
La prochaine fois qu’on vous parle de repos éternel, méfiez-vous…
Moi, ce que j’aime dans cette « dispute » paternaliste, c’est le fait que personne ne donne de raison tirée à même l’oeuvre du grand artiste afin de justifier l’appartenance du grand homme à un lieu géographique en particulier.
Pour moi, Poe a toujours été parisien à cause de l’inspecteur Dupin, le précurseur de tous les enquêteurs chevronnés de la littérature polar, d’après ce que j’ai lu dans une anthologie il y a longtemps, dans la bibiliothèque L’ange lié.
D’ailleurs, est-ce que ce n’est pas l’auteur des fleurs du mal qui traduira ses oeuvres ?
Ça fait pas mal français comme reconnaissance, non ?
De plus, dans l’album Les Fourmis, est-ce que Jean Leloup ou Leclerc ne lui fait pas un hommage bien réussi ?
Alors, on devrait fêter aussi et réclamer le droit de le faire également au Québec… 😉
Petite erreur d’inattention, Monsieur Malavoy-Racine?
Le nom de cet écrivain s’écrit plutôt: Edgar Allan Poe.
Et c’est beaucoup grâce aux superbes traductions de Charles Baudelaire qu’il est aujourd’hui si connu dans la francophonie.
Je ne suis pas à l’abri des erreurs d’inattention, Monsieur Perrier, loin de là, mais veuillez svp m’indiquer où se trouve la coquille… Je ne vois pas.
Merci par ailleurs de souligner que Baudelaire a traduit vers le français une bonne partie de ses textes, après avoir été séduit, pour la petite histoire, par sa nouvelle Le Chat noir.
Je crois que monsieur Perrier parle de votre tag, monsieur Malavoy-Racine…
Ah mais oui, en effet!
Je n’avais pas les yeux en face des trous..
Correction faite: AllAn Poe donc.
@ Tristan Malavoy-Racine
Pas évident où se trouve cette « petite erreur d’inattention »? Voilà qui s’avère de plus en plus intéressant…
Je vous répondrai donc de manière « un peu » sibylline, énigmatique, avec dans un premier temps un passage de « La Lettre volée », passage lors duquel C. Auguste Dupin raconte:
« – Il existe, reprit Dupin, un jeu de divination, qu’on joue avec une carte géographique. Un des joueurs prie quelqu’un de deviner un mot donné, – un nom de ville, de rivière, d’État ou d’empire, – enfin un mot quelconque compris dans l’étendue bigarrée et embrouillée de la carte. Une personne novice dans le jeu cherche en général à embarrasser ses adversaires en leur donnant à deviner des noms écrits en caractères imperceptibles; mais les adeptes du jeu choisissent des mots en gros caractères qui s’étendent d’un bout de la carte à l’autre. Ces mots-là, comme les enseignes et les affiches à lettres énormes, échappent à l’observateur par le fait même de leur excessive évidence (…)».
Toujours pas évident « où se trouve la coquille », comme vous dites?
Je vous ai indiqué, dans mon commentaire d’hier, que « Le nom de cet écrivain s’écrit plutôt: Edgar Allan Poe. »
Toujours pas?
Passons donc à une Notice du traducteur, soit de Charles Baudelaire lui-même où celui-ci, après avoir raconté que les parents d’Edgar Poe qui «n’avaient ni l’un ni l’autre le génie du métier» d’acteurs de théâtre, vivaient de manière fort précaire. «Dans une de leurs tournées, ils vinrent à Richmond, et c’est là que tous deux moururent, à quelques semaines de distance l’un de l’autre, tous deux pour la même cause: la faim, le dénûment, la misère.
«Ils abandonnèrent ainsi au hasard, sans pain, sans abri, un pauvre petit malheureux que, d’ailleurs, la nature avait doué d’une manière charmante. Un riche négociant de cette place, M. Allan, fut ému de pitié. Il s’enthousiasma de ce joli garçon, et, comme il n’avait pas d’enfants, il l’adopta. Edgar Poe fut ainsi élevé dans une belle aisance, et reçut une éducation complète.»
Et à présent?
Bon, suffit d’aller chercher midi à quatorze heures, comme dans « Le Scarabée d’or », par exemple. Alors, je vous le donne: le nom du père adoptif d’Edgar Poe était Allan, lequel nom Edgar Poe incorpora par la suite au sien, pour honorer son bienfaiteur. ALLAN, avec un A et non pas avec un E, comme vous l’avez répété par inattention…
Comme quoi le plus évident l’est souvent le moins.
@ Tristan Malavoy-Racine
Bien la peine d’être allé vous faire une réponse bien étoffée si, pendant ce même temps, la chose finissait par vous sauter d’elle-même à la figure!
Dans tous les cas, ce que je vous envoyais il y a quelques minutes pourrait malgré tout vous intéresser.
(Référence: Bibliothèque de la Pléiade, Edgar Allan Poe, Oeuvres en prose. Traduction par Charles Baudelaire)
@ Steve Boudrias
Comme vous aurez pu le constater maintenant, je ne faisais pas allusion au tag…
Tant mieux, ça rend le manque de Peau encore plus Poilant.
LoL
Sacre Edgar, même mort, il continue a me faire rire comme un singe.
Je ne me rappelle plus de la citation mais y’a une de ces phrases en début de Lettre volée (ou est-ce l’autre histoire !) tout simplement magique !
Ça parle du travail du détective … Faut absolument que je me la remettre sous les yeux …
Eleonora, 1861
Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses
qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis.
Un coup de pouce litteraire jamais n’abolira un tresor.
Pour paraphraser Mallarme, qui a tradui aussi le grand Poe, en traduisant le Corbeau.
Pas pire pantoute. C’est pas l’extrait que je cherchais. Merci tout de même.