J'ai lu sur mon balcon jusqu'à ce que les derniers rayons de cet estival dimanche s'épuisent complètement. Lire sur un balcon dans la lumière qui décline: l'un des temps de lecture que je préfère. On dirait que les pages restituent une part du soleil absorbé durant la journée, donnant aux mots une insistance nouvelle.
Parlant de soleil et de bouquins, les titres qui figurent cette semaine dans la section représentent nos suggestions pour la belle saison. Il y en a qui vous tentent? Vous avez d'autres suggestions à nous faire?
Je ne fais pas de différences entre lectures d’été et d’hiver. Je lis tout ce qui me tombe sous la main peu importe la saison. Puis je lis soit en français et en anglais. Je suis parfaite bilingue.
Dernièrement j’ai fait une razzia au magazin Indigo. Voici ma liste de livres :
Le Maître et Marguerite de Boulgakov
J’ai tué de Boulgakov
The boss of you de Bacon
Spook County de William Gibson
Morlante de Stéphane Dompierre
La vie devant soi de Romain Gary
Une brève histoire du tracteur en Ukraine de Lewycka
To Kill a mockingbird de Harper Lee
V. de Thomas Pynchon
Crying of lot 49 de Pynchon
The curious incident of the dog in the night-time de Mark Haddon
The picture of Dorian Gray de Oscar Wilde
The blunderer de Patricia Highsmith
et voilà …
Moi j’alterne depuis quelques semaines la lecture de la série de livres de Charlaine Harris à partir de laquelle la télésérie TRUE BLOOD, de HBO, a été élaborée, avec des lectures plus… sérieuses, disons, comme SUR LA PLAGE DE CHÉSIL, de Ian McEwan. J’adore Ian McEwan. C’est chaque fois un ravissement. J’aime son écriture simple mais précise, et sa manière tellement sensible et intelligente de raconter ses histoires. Quant à la série de livres de Charlaine Harris, c’est plutôt divertissant… Pour une lecture de vacances, c’est pas mal, je pense. Mais je lis les histoires de Sookie Stackhouse en anglais; je ne sais pas de quoi la traduction française a l’air. Au pire, rabattez-vous sur la télé, quand il pleuvra durant les prochaines semaines: la première saison de la géniale série est disponible en DVD (je précise que c’est le nouveau projet du créateur de SIX FEET UNDER, et que, bien qu’on aie ici affaire à l’histoire d’un vampire tombant amoureux d’une serveuse télépathe, on mord bien plus fort et bien plus profondément dans la chair du sujet qu’on ne le fait dans le fameux TWILIGHT…) et la seconde débute sa diffusion dimanche prochain… Voilà.
Mon cher Tristan,
Je passe l’été en compagnie de Marc Levy pour savoir 1- TOUTES CES CHOSES QU’ON NE S’EST PAS DITES, 2- ce qui s’est passé LE PREMIER JOUR, 3- OÙ ES-TU ? et évidemment 4- VOUS REVOIR.
Je vais partir àl’aventure et je capturerai les recueils de poèmes que tu as écrit. J’écouterai tes CD si je les trouve.
Avant de m’endormir seule dans mon lit, je lirai le Zohar et La Kabbala.
C’est au soleil que j’ai appris à lire.
C’est au soleil, dans la cour de la maison familiale, que j’ai compris que travailler la littérature, c’était me travailler moi-même. Et puis ce sont les livres qui m’ont sauvée de la morosité profonde dans laquelle me plongeaient les emplois ennuyants que j’occupais alors. Ces souvenirs de lectures sont donc parmi mes plus précieux.
Mes étés étaient consacrés à la lecture de classiques que je dévorais fébrilement, sans, je dois bien le dire, les comprendre totalement. Mais il y avait tant à découvrir ! La lumière que jetaient ces oeuvres sur ma vie ne pouvait que s’accorder au rythme de l’été, à sa clarté, même grise.
J’ai changé mes choix depuis, mais j’ai conservé la manière de la lecture d’été, dévorante et frivole, boulimique. Je choisis aujourd’hui quelques auteurs, que je traverse de part en part, ou à peu près. J’en fais des compagnons qui finissent par tracer la trame de mon été. L’an dernier : Alessandro Barrico, Hélène Dorion (encore! c’est que c’était forcé – mais si peu – par les études), Jean-Philippe Toussaint. Cette année, ce sont Fernand Ouellette, André Major et Claude Simon qui devraient m’accompagner dans la traversée.
Mais quoiqu’on lise, au fond, et sous le soleil ou non, le livre est toujours, de toute façon, du côté de la lumière.
Bon été!
Jacinthe Bédard
http://www.approchesdelideal.blogspot.com
Quelle merveille!
Jacinthe Bédard,vous êtes la rosée du matin et tout ce qu’il y a de plus positive sur Voir.ca; félicitation pour votre carrière d’enseignante. Si jeune et tellement riche.
Chapeu ma chère !
Lectures soleil, dites-vous ! Il semble que cet astre se fasse discret et garde pour lui un certain nombre de degrés celcius. De toute façon, n’est ce pas quand il se fait désirer que les livres s’avèrent essentiels.
Pour ma part, beau temps, mauvais temps, en attendant je complète la lecture de « Le bien des autres » de Jean-Jacques Pelletier et du prologue « Les cathédrales de la mort » dans Alibis.
Ensuite dans ma pile d’attente, il y a « Tarmac » de Nicolas Dickner, « Un monde sans fin » de Ken Follett ( malgré les critiques tièdes de mon entourage), « Un chien mort après lui » de Jean Rollin (auréolé de cinq étoiles de La Presse). Si le mauvais temps est de mon côté, je frissonnerai avec les deux oeuvres de Matthew Pearl, « Le cercle de Dante » et « L’ombre d’Edgar Poe », autres suggestions Voir.
Été ou pas, la lecture fera parti de mes activités des prochains mois.
Cet été, j’irai vers les poètes.Ça nous manque.C’est pas à la mode.On a pas à s’en vanter.
Trois retiendront mon attention.
D’abord, celui-ci, dont je cite un poème en prose:
» Je suis un éphémère et point trop mécontent citoyen d’une métropole crue moderne parce que tout goût connu a été éludé dans les ameublements et l’extérieur des maisons aussi bien que dans le plan de la ville. Ici vous ne signaleriez aucune trace d’aucun monument de superstition. La morale et la langue sont réduites à leur plus simple expression, enfin! Ces millions de gens qui n’ont pas besoin de se connaître amènent si pareillement l’éducation, le métier et la vieillesse, que ce cours de vie doit être plusieurs fois moins long que ce qu’une statistique folle trouve pour les peuples du continent. Aussi, comme de ma fenêtre, je vois des spectres nouveaux roulant à travers l’épaisse et éternelle fumée de charbon– notre ombre des bois, notre nuit d’été!– des Erynnies nouvelles, devant mon cottage qui est ma patrie et tout mon coeur puisque tout ici ressemble à ceci—la Mort sans pleurs, notre active fille et servante, un amour désespéré et un joli Crime piaulant dans la boue de la rue. »
C’est de Rimbaud, dans « Les Illuminations », le nom du poème c’est « Ville ». Et je nous donne la permission de croire que c’est AUSSI de Montréal, le Montréal d’aujourd’hui, dont il est question dans ce texte prophétique. Rimbaud encore aujourd’hui, partout à l’horizon. Si vous passez votre été à Montréal.
Si vous allez à la campagne, un autre précieux compagnon, dont je cite un extrait de poème, encore:
« Oiseau tranquille au vol inverse oiseau
Qui nidifie en l’air
À la limite où notre sol brille déjà
Baisse ta deuxième paupière la terre t’éblouit
Quand tu lèves la tête
Et moi aussi de près je suis sombre et terne
Une brume qui vient d’obscurcir les lenternes
Une main qui tout à coup se pose devant les yeux
Une voûte entre vous et toutes les lumières
Et je m’éloignerai m’illuminant au milieu d’ombres
Et d’alignements d’yeux des astres bien-aimés
Oiseau tranquille au vol inverse oiseau
Qui nidifie en l’air
À la limite où brille déjà ma mémoire
Baisse ta deuxième paupière
Ni à cause du soleil ni à cause de la terre
Mais pour ce feu oblong dont l’intensité ira s’augmentant
Au point où il deviendra un jour l’unique lumière (…..) »
C’est de Guillaume Apollinaire, dans « Alcools », le titre, « Cortège » nous déporte loin des villes, là où les oiseaux sont les maîtres absolus d’écriture dans tous nos ciels.
Enfin et surtout, en ville comme à la campagne, cet été, « L’Homme Rapaillé » dont je cite ici l’essentiel, qui nous force à désapprendre tout le reste, notre superflu encombré de beaux parleurs et de petits faiseurs.
AVEC TOI
« Je suis un homme simple avec des mots qui peinent
et je ne sais pas pas écrire en poète éblouissant
je suis tué (cent fois je fus tué), un tué rebelle
et j’ahane à me traîner pour aller plus loin
déchéance est ma parabole depuis des suites de pères
je tombe et tombe et m’agrippe encore
je me relève et je sais que je t’aime
je sais que d’autres hommes forceront un peu plus
la transgression, des hommes qui nous ressemblent
qui vivront dans la vigilance notre dignité réalisée
c’est en eux dans l’avenir que je m’attends
que je me dresse sans qu’ils le sachent, avec toi. »
Bon été à tous dans VOIR, et voyagez « léger », ça tue les idées mauvaises…
Que ça me touchent, ces mots qui font planer le temps. Je retiens les quelques larmes qui se fraient un chemin dans mes globes oculaires. De mon enfance à la fin de mon premier adolescence je me nourrissais d’oeuvres poétique et les gens disaient que je parlais comme un livre jusqu’au jour où la dure réalité de la vie me fait plonger dans le monde du labeur là où la beauté et la liberté cessent d’exister. C’est depuis ce jour que je suis une mortelle imparfaite,limitédans son langage à force de travailler loin de toutes sources de plaisantes.
Jean-Claude Bourbonnais, vous me faites penser à retrouver mes premiers amours.
Vous donnez de bien beaux échos à mon dernier billet . Mélanie Robert, par exemple, dit lire tout ce