Ouf, la
voilà bouclée ma première semaine de rédac chef…
Semaine
d'émotion, celle de voir partir un prédécesseur que je tiens en haute estime,
qui nous manquera mais dont je ne doute pas qu'il continuera de semer à la
ronde ses idées, ses intuitions. Bon vent à toi Christophe!
Semaine
d'enthousiasme et de fierté, durant laquelle j'ai mieux que jamais mesuré le
professionnalisme des Manon Dumais, Christian Saint-Pierre, Olivier
Robillard-Laveaux, Kathy Béland, Mathilde Singer, Aurore Lehmann, Sébastien
Diaz, Patricia Beaulieu et compagnie, de même que des membres de nos autres
rédactions à travers le Québec, grande famille aussi attachante que compétente
grâce à laquelle nous vous livrons chaque semaine, beau temps mauvais temps, les
versions papier et télé de votre hebdo préféré.
Semaine de
léger vertige, aussi, conscient que je suis d'accepter un job qui a une
histoire, faite de coups de gueule et de gestes d'éclat; un poste où il ne
suffit pas de remâcher les idées des autres et où le pilotage automatique n'est
pas une option. Pour employer une expression à la mode, on appelle ça se mettre
en danger.
Je me suis rappelé ces derniers jours combien j'avais la
main moite et la voix mal assurée la première fois que j'ai rencontré Jean-Simon
Gagné, alors rédac chef de Voir Québec – ce devait être en 1997, j'habitais la
capitale et je venais de signer mes premières piges pour le journal -, et
quelque temps plus tard Richard Martineau, dont on sait quel fameux capitaine
il a été pour Voir.
Il est toujours curieux de se retrouver dans un fauteuil
que, plus jeune, on a situé très haut. Curieux de constater qu'au fond aucun
fauteuil n'est plus haut qu'un autre. Seules sont hautes les attentes, celles
que les autres manifestent à notre endroit, celles surtout que l'on a envers
soi-même. Tâchons de ne pas décevoir maintenant, de convaincre nos dizaines de
milliers de lecteurs et téléspectateurs, semaine après semaine, que Voir a plus
que jamais sa place, crise des médias ou pas, crise économique ou non.
J'aurai
sous peu une tribune dans le journal, dont la nature et la tonalité sont encore à
définir (vous avez des suggestions à faire? merci de griffonner ça au bas de ce
billet). D'ici là, je mets ce blogue en veilleuse et travaille d'arrache-pied,
avec mes collègues, pour que Voir demeure, vingt-quatre ans plus tard, l'une
des principales références du paysage culturel québécois.
Félicitations por votre nouveau poste, Voir est la seule référence culturelle que je consulte et je suis sûr que vous ferez un excellent travail, ceci dit sans aucune condesdendance. Par contre quand vous parlez de l’excellent capitaine que fut Richard Martineau, j’ai la très nette impression que certains de vos collaborateurs lui ont déclaré une sorte de guerre ouverte. Il me semle que tant de sujets restent à traiter, sans que tout ce beau monde ne relève constamment les virgules mal placèes de l’ex-capitaine?
Je veux bien essayer de griffonner ça … avec la limite de mes connaissances.
Chose certaine, cette tribune accordée au rédacteur en chef est très importante pour moi. Dans les revues, magazines, journaux, je cherche toujours LA signature. C’est le regard qui englobe. Plus que jamais, il est essentiel puisque l’on appréhende la réalité par pièces, parce qu’on lit vite, avidement, parce qu’on ne veut rien manquer. Tout le monde s’exprime maintenant sur tout, ce qui fait tant et tant à lire.
Tous les jeudis, le Voir apparaît sous mes yeux comme par magie, parce que je ne suis pas en coulisses. Alors j’aime entendre parler des coulisses. C’est beau un arbre vigoureux et en santé, mais beau aussi d’apercevoir la ramification des racines, la mise en terre. D’aperce »voir » les racines rend l’entité vivante. Idéalement aussi (est-ce même possible ?), j’aime que le regard posé ait un certain recul, cette distance suffisante pour mieux englober chacune des branches, et ses feuilles distinctes, ne s’envolant pas au vent … même l’automne !
Le billet ci-dessus, je l’aime. Il a la personnalité de celui qui l’écrit. C’est ce ton auquel je tiens par-dessus tout !
Ai-je vraiment répondu à la question, sais pas. Il y a des rédacteurs en chef qui pondent des billets éditoriaux ou des genres de compte-rendus qui présentent le numéro en touchant à tout. Il y a sûrement d’autres formes que je ne connais pas, ou qui sont à inventer, mais c’est le comment on le fait, le plus important d’après moi.
Au plaisir de vous lire, quelque soit la forme que prendra votre tribune ; quand la simplicité remplace la prétention et que l’ouverture porte à la sensibilité, le résultat ne peut qu’être passionnant 🙂
C’est curieux comment les termes employés parfois nous révèlent les choses les plus importantes entre toutes.
Passer le flambeau, c’est se passer une lumière pour avancer dans l’obscurité (dans l’incertitude); l’accepter, c’est se faire éclaireur. Et, pour Voir plus particulièrement, c’est synonyme de Vision.
Les attentes des uns et des autres ne sont souvent que des espérances que le nouveau maître à bord connaît la destination vers l’excellence.
Je vous souhaite sincèrement de trouver les bons chemins vers cette quête. 😉
Bravo pour le nouveau fauteuil et ses défis.
Pour ma part, je serais tenté, dans votre texte, d’ajouter membres après lecteurs et téléspectateurs. Parce que, selon moi, ce qui singularise votre hebdomadaire, c’est son site internet et ceux, tout comme moi qui y contribue. Ils sont de différentes façons une richesse pour vous, tout comme vous l’êtes pour eux.
Nombreuses sont les occasions où j’ai « consommé » des produits culturels suite à la lecture de commentaires de membres comme moi ou que j’ai incité des gens de mon entourage à aller voir après m’avoir lu.
Selon mon humble opinion, nous ajoutons à la plus-value à la talentueuse équipe de rédaction. En conséquence, ne nous oubliez pas.
Enfin, je me permettrais aussi de redire que votre émission devrait oser plus, aller au théâtre LaChapelle, à Tangente, au Mai ou à l’Agora de la danse. Là où votre journal m’a amené et que j’y ai découvert des oeuvres et des créateurs dont je ne saurais me passer. Un exemple, un court texte sur le site m’annonce une création en développement au Gésu en plein été. Je m’y rend, j’apprécie et j’achète ensuite un billet pour découvrir le résultat final.
J’aimerais pouvoir dire que j’écoute Télé-Québec pour aussi Voir ailleurs que les autres. Le flambeau télévisuel pourrait éclairer plus loin, voilà mon principal souhait.
Grand merci pour vos suggestions! Elles macèrent tranquillement dans la boîte à idées…
@ Robert: vous avez bien raison, la contribution de nos membres en matière de contenu est dorénavant indéniable. Sur le plan de la quantité comme de la pertinence d’ailleurs.
Tristan,
J’espère que, grâce à vous, le Voir redeviendra ce qu’il fut jadis. Car ces dernières années, il était devenu fort décevant, semblait vouloir s’orienter davantage vers un modèle de magazine grand public en faisant de moins en moins de place à ce qui faisait son charme avant : parler aussi, bien plus, des artistes québécois auxquels les autres journaux et magazines consacrent moins de place. Fini les articles sur la belle relève québécoise méconnue qui a tant besoin de visibilité. À trop s’embourgeoiser, pardonnez-moi la dureté du terme, le Voir a perdu une bonne part de son lectorat au fil du temps, et a perdu aussi une part de sa crédibilité au passage. Je me souviens de l’époque bénie où on attendait fébrilement que vienne enfin le jeudi pour aller chercher sa copie. C’était il y a un bon moment déjà. L’esprit du Voir avait peut-être foutu le camp avec le départ de François Desmeules du poste de rédacteur en chef. Je vous souhaite de le retrouver, cet esprit-là. La presse imprimée en général va mal, je ne vous l’apprends pas. Il y a certes la frilosité des publicitaires qui investissent de plus en plus dans le Net. Mais nombre de journaux et de magazines disparaissent aussi parce qu’ils sont poussés dehors pour la popularité d’Internet et ses tribunes amateurs qui prennent le relais, osent le discours cinglant qui contraste avec la plume ampoulée des journaux qui ne savent pas s’affranchir de leurs commanditaires. Tribunes (blogues, forums) qui réservent également leurs pages à des artistes sans partisanerie. À vous d’oeuvrer pour que le Voir retrouve son charme d’antan. Ou de le voir couler bientôt comme les autres.