THE GOOD LIE
En ouverture du 43e Festival du nouveau cinéma (FNC) mercredi, Philippe Falardeau – qui tourne actuellement en Abitibi son prochain long métrage – nous a présenté son premier film américain, The Good Lie.
En début du film, nous sommes au Soudan en pleine guerre civile. Mamere, Jeremiah et Paul, trois enfants dans un camp de réfugiés, deviendront des jeunes hommes et auront l’opportunité de s’établir aux États-Unis. Ils devront s’adapter à leur nouvelle vie tout en tentant de se réunir avec une soeur (dans une famille à Boston) et un frère (porté disparu en Afrique). L’Américaine Reese Witherspoon, dont le personnage de travailleuse sociale n’arrive qu’au milieu du film environ, se liera d’amitié avec les trois hommes et y trouvera elle aussi une famille dans toute cette histoire.
Une histoire sympathique, touchante, bien livrée, mais somme toute trop convenue et parsemée de clichés à mon goût, surtout chez le personnage de Reese Witherspoon (Carrie Davis), célibataire désorganisée.
Si le sujet du film vous intéresse, je vous conseille le livre What Is The What de l’Américain Dave Eggers à propos de «Lost Boys» en Amérique.
The Good Lie à l’affiche au Québec dès le 17 octobre.
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VIOLET
Le Belge Bas Devos était présent lors la projection de son très beau long métrage Violet, jeudi. Il a expliqué que la couleur violet est celle qui se retrouve à l’extrémité du spectre visible et que lorsqu’on dit le mot «violet», on entend souvent «violent». Pour son premier point, j’y ai compris qu’il y a un travail de perception à faire lors du visionnement de son film. Il ne nous donne pas beaucoup de réponses et c’est au spectateur d’y voir ce qu’il peut y voir.
Pour le second point du réalisateur, le film débute effectivement avec un geste hyper-violent: l’ami de l’adolescent Jesse se fait poignarder sous ses yeux dans un centre d’achat et en meurt. Jesse, craintif, s’était mis en retrait, à l’écart, lors du meurtre, et il devra vivre avec le fait qu’il ait – excusez l’expression – chocké et que son ami en est mort. Il ne dort plus, comprend que certains de ses amis le blâment pour la mort de l’ami et il passe beaucoup de temps à observer, au loin, la famille du défunt.
Tout ça est livré avec un minimum de dialogue. Il y a de nombreux superbes plans dans Violet, dont quelques scènes des adolescents volant dans les airs en BMX ou encore cette scène dans un club, très long et lent zoom sur Jesse dans une foule.
C’est très très beau, donc, mais par moments – lorsque la caméra est statique et que rien ne se passe dans le plan pendant une minute – ça peut devenir frustrant. Et de la cryptique scène finale ouverte, un long travelling dans les rues de banlieue, j’y ai lu quelque chose d’extrêmement grave, un geste ultraviolent (ce qui bouclerait la boucle), mais ça reste au spectateur d’y faire sa propre idée.
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GUROV & ANNA
Le réalisateur Rafaël Ouellet signe ici un premier long métrage dont il n’est pas le scénariste. Un long métrage poétique, bilingue, ancré dans le quartier Mile-End à Montréal et lié de très près à une oeuvre de Tchekhov.
Un soir d’hiver, l’élève Mercedes (Sophie Desmarais) entre dans la tête du professeur Benjamin (Andreas Apergis) et y restera. Il en perdra complètement ses repères. S’ensuivra un gros tourbillon émotif entre les deux, pris dans leur vie respective (Ben est mariée et père de deux fillettes; Mercedes a tout pour elle mais, au final, peine à réussir en amour et dans sa jeune carrière d’auteur.)
Alors que le dénouement du film est assez prévisible, le chemin pour y arriver est suffisamment complexe pour que ça tienne en haleine. Les personnages se développent sous nos yeux de par leurs relations avec les autres. Par exemple, la femme de Ben trouve un éditeur pour son un roman de type Dan Brown et cela le frustre éperdument. Ses regards en disent long. De son côté, Mercedes a une relation ouverte avec le personnage d’Éric Bruneau, son ex. Il y a une honnêteté fascinante entre les deux lorsqu’ils se racontent leurs baises et leurs émotions.
Mais au centre de l’histoire, entre Mercedes et Benjamin, il y a une soif. Soif de désir pour Benjamin qui, hanté par la Anna de Tchekhov, ne pourra absolument pas résister à Mercedes; soif de séduction pour Mercedes, qui s’avérera très vulnérable, cherchant à voir si elle peut aimer et être aimée.
*Seconde projection au FNC le 14 octobre à 14h50 au Cinéplex Odeon Quartier Latin B
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Le FNC se poursuit jusqu’au 19 octobre: nouveaucinema.ca