Les Soeurs Boulay étaient en concert hier soir dans la ville où je suis née: Laval! J’ai décidé d’y aller avec la femme qui ma mise au monde (ma mère Suzanne). Sa critique du show à la Maison des arts est: «sont donc belles, drôles et bonnes, ces petites filles-là!». Ne vous gênez pas pour mettre cette citation sur une affiche promotionnelle, les filles!
Pour ma part, j’ai décidé de vous faire ici un petit résumé du concert en y jumelant des retailles d’entrevues, des citations pertinentes recueillies lors de mon entrevue avec les Soeurs Boulay en octobre dernier, à la sortie de leur 2e album, 4488 de l’Amour.
Tout d’abord, la formule proposée samedi soir était une formule en trio: Mélanie «Milou» Boulay, Stéphanie Boulay et le musicien Gabriel Gratton. Celui-ci est beau à voir en concert, avec un gros setup autour de lui, lui permettant de jouer des claviers, de batterie, de percussions, de guitare et de chanter avec les soeurs. Un musicien à tout faire qui travaille bien et fort dans son rôle d’accompagnateur.
Cette formule à trois permet au groupe de revenir à des concerts plus intimistes que pour la précédente tournée. Lorsqu’on les a découvertes au concours musical Les Francouvertes il y a quelques années, Les Soeurs Boulay étaient seules sur scène avec un banjo et une guitare acoustique et elles chantaient même parfois sans micro, ce qui nécessitait une attention impeccable du public. Puis, pour la tournée de leur premier album homonyme, c’était en formule band. Les deux jeunes femmes avaient discuté avec moi en octobre de leur évolution à ce niveau:
Stéphanie: «Ç’a été vraiment difficile à prendre comme décision au début parce qu’on était très protectrices de cette bulle-là, juste nous deux sur la scène. Idéalement dans notre tête on voulait rester juste comme ça pour toute la vie. On avait l’impression qu’on allait se faire dénaturer si on laissait des gens entrer. À un moment donné, on a appris à juste prendre l’esthétique sonore moins au sérieux. On en est venu à vouloir faire de la musique et partager ça avec du monde et on avait plus de fun à partir en tournée avec des musiciens. Aussi, c’est un band mais ça restait quand même épuré, on avait notre bulle en duo dans le show.»
Mélanie: «On a appris aussi que notre son, c’est pas nécessairement dans le fait que notre musique est dépouillée, mais c’est surtout dans les harmonies vocales et ça, ça va rester parce que c’est la base de notre musique. Tranquillement en tournée en 2013-2014, on a ajouté des cuivres. On a vu qu’on aimait ça et qu’on était capable de faire des arrangements qui n’étaient pas nécessairement génériques, qu’on était capable d’y ajouter notre touche à travers l’ajout de plusieurs trucs. Notre musicien Gabriel Gratton, qui se partage les gigs avec Manuel Gasse sur notre tournée (celle en cours), c’est rendu comme un membre de la famille aussi. On a élargi la famille et on s’est rendu compte que la famille pouvait vraiment être plus grande et qu’on était bien encore.»
Le décor de la présente tournée est très beau. Il y a de petites maisons blanches accrochées au plafond (sans doute pour représenter la recherche d’une maison, thème crucial de 4488 de l’Amour) et la toile au fond de la scène est devenue à quelques occasions une magnifique forêt. Un décor à l’image de la poésie des jeunes artistes.
Les deux musiciennes et leur musicien ont joué un amalgame de chansons de leurs deux albums hier soir. Des beaux moments, on note la très belle nouvelle version revampée de Lola en confiture et la reprise de Pour que tu m’aimes encore. Aussi: la finale énergique avec Fais-moi un show de boucane et la douce pièce au piano interprétée en solo par Stéphanie, Prière.
Stéphanie: «C’est une première. Sur le premier album, il n’y avait pas de piano, ni joué par nous ou par quiconque.»
Mélanie: «Cette toune-là existe depuis avant même toute les tounes du premier disque. On l’avait jouée aux Francouvertes pendant les demi-finales. Finalement, elle ne s’est pas retrouvée sur le disque pour plein de raisons, mais quand on travaillait sur le deuxième album, en une semaine y’a genre quatre personnes qui nous ont reparlé de cette toune-là. On l’a fait en show avec Alex Nevsky à un moment donné et il nous a envoyé un mémo vocal. Ma meilleure amie m’a dit «ç’a a toujours été ma toune préférée, faudrait que vous la fassiez à un moment donné». On s’est dit qu’il faudrait la faire. L’idée de faire ça au piano est venue de notre réalisateur Philippe B. On se demandait si ç’a allait bien nous fitter et finalement je trouve ça meilleur avec le piano.»
Si le public lavallois était fort respectueux mais un peu timide au départ, le fun a pogné à la fin du spectacle, alors que l’énergie était à son comble, que les deux filles nous avaient tous charmés avec leurs anecdotes et leur taquinage entre soeurs. Un chanceux spectacteur a même été appelé à jouer sur scène avant le rappel. Le public de samedi soir confirme la popularité assez universelle des Soeurs Boulay: il y avait dans la salle des enfants, des jeunes adultes, des parents et des grands-parents. Bref, de tout.
En octobre, les soeurs disaient qu’elles avaient discuté de la façon d’aborder leur public très jeune puisqu’elles utilisent parfois des termes plus ou moins appropriés pour les enfants.
Stéphanie: «La seule affaire qu’on a un peu de misère à gérer, c’est qu’on a beaucoup d’enfants dans notre public. Le deuxième album, y’a des termes un peu plus crus. Je pense qu’on a envie de sortir de la petite fleur-bleur rose-bonbon qui plaisait aux jeunes enfants.»
Mélanie: «Sans vouloir se débarrasser d’eux!»
Stéphanie: «On les adore, mais des fois, y’a des mamans qui venaient nous voir et nous disaient: «Ma petite fille de 4 ans chante à tue-tête «Ôte-moi mon linge»… C’était un peu bizarrre. Pour le deuxième album, on en a parlé: «Est-ce qu’on est prêtes à dire «Faire chier» ou «Décrisse» ou je sais pas quel autre mot?» On a eu besoin d’essayer de se distancer de ça et de se dire: «Ben les parents feront leur travail, ils donneront à leurs enfants ce qu’ils veulent et après, ça ne nous appartient plus.»
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La tournée des Soeurs Boulay se poursuit au Québec. Toutes les dates ici: lessoeursboulay.com