BloguesChez Venise

Seulement du québécois

J’ai chipé l’idée de la présentation à Mathieu Poirier. J’avais comme oublié que c’est important. On ne va pas se faire croire que tout le monde nous connait, déjà que c’est difficile de se connaître, soi, au jour le jour ! Je suis convaincue que l’on change plus vite qu’auparavant, avec tout ce que l’on se donne à vivre de nouveau, ça transforme un esprit, un cœur, un corps.

J’étais très contente que l’on m’ouvre les portes de cette équipe impressionnante de blogueurs. Ma première pensée a été « Enfin ! Je vais pouvoir initier le sujet de mes commentaires de lectures ! ». J’avais déjà ma niche au Voir depuis 2005 (que j’appelais secrètement mon blogue !), mais l’inconvénient majeur étant que … Prenons un exemple, je termine la lecture de La fille de l’imprimeur est triste, troisième roman de Nicolas Gilbert chez Leméac. Le premier et le deuxième titre de cet auteur ont été couverts par le Voir mais pas ce petit dernier, eh bien, il m’était alors impossible de publier mon commentaire de lecture. La possibilité m’était donné seulement si je l’enfilais à la suite de la critique ou entrevue d’un journaliste.

On s’entend bien qu’il est impossible de commenter tous les titres québécois. On aurait beau passer sa vie à lire, du matin au soir, on n’y arriverait pas. J’en sais quelque chose. Nous sommes prolifiques en littérature au Québec. Ça fait cinq ans que je tente d’en couvrir le plus possible et arrive toujours une nouveauté plus nouvelle que l’autre ! Un roman devient vite vieux, son espérance de vie sur les tablettes d’une librairie … trois mois. Et certains diront que je suis généreuse !

J’ai un jour opté pour lire que de la littérature québécoise, ou presque. Pourquoi ? Je n’aime pas les autres ? Je suis raciste ? Je « nous » aime plus ! Ça en serait presque rigolo, donc ce n’est pas ça ! Durant les premiers mois de mon blogue Le Passe-Mot, je lisais de tout, jusqu’au jour où j’ai eu un choc en entendant un éditeur dire qu’un succès au Québec, c’est 500 romans vendus. Si un écrivain frôle le 200 ou 300, il est déjà moins sûr de se faire rééditer. Ça m’a secouée. J’ai interrogé autour de moi si on lisait du québécois. Plusieurs m’ont répondu que lire devait être un voyage de l’esprit et qu’avec du québécois, on restait ici. Hum… ce n’est pas le moment d’approfondir, mais permettez-moi de dire que j’en lis depuis cinq ans et la donnée est fausse. On voyage, je vous assure que l’on voyage sur les ailes de l’imagination !

J’ai poussé ma réflexion, pensant aux bonnes intentions de consommer des denrées de chez nous : vêtements, bougies, bouffes… alors, pourquoi pas les livres ? Je ne suis pas en train de proposer de freiner tout élan du cœur pour un titre japonais, la mission que je me suis donnée tente d’être plus raisonnable. Ça pourrait s’apparenter à donner le goût de lire du québécois au cas où, un jour, entre deux romans qui vous tente, et le budget pour un seul, que la balance penche vers le titre québécois. Autre défi que je me donne, que de plus en plus de personnes puissent nommer dix auteurs québécois, en excluant les noms de Michel Tremblay et Marie Laberge !

Vous me trouvez extrémiste ? On aura le temps de s’en reparler, au fil des lectures, on apprend à se connaître. Voilà pourquoi existait les clubs de lecture, sous le prétexte d’un titre, se rencontrer