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En vrai et en vrac

Je suis une femme de mots. Je m’arrête aux mots et ils m’arrêtent le temps d’y réfléchir.

À commencer par le mot « Vrac » tiré du Néerlandais wrac qui signifie mauvais, mal salé. Aussi bien oublier cette origine du mot, quand on opte pour le « vrac », écologique, économique tout en étant aussi bon que l’empaqueté et étiqueté ! Wikipédia m’apprend également qu’il existe des vraquiers, des navires qui transportent le vrac.

La tentation de Venise
Vous vous attendez à ce que j’écrive sur des livres auxquels je n’ai pas  succombé ? Détrompez-vous ! Je parle d’une expression. La tentation de Venise signifie la tentation de se consacrer à autre chose, de changer de vie. Quand j’ai appris que l’expression était récente, je me suis sentie moins mal de ne pas la connaître. Elle viendrait du titre d’un livre publié en 1993, que son auteur, Alain Juppé a écrit pendant une traversée du désert, juste avant de devenir ministre des Affaires Étrangères. Il s’interroge sur l’utilité de consacrer sa vie au métier de politicien, alors que bien d’autres choses valent la peine d’être vécues ou considérées. Il y évoque, entre autres, la ville de Venise où il va volontiers se ressourcer, d’où la tentation de s’y replier définitivement et d’y oublier les duretés de la vie politique.

Oser, risquer, agir
Prolongeons le thème politique. Ces trois verbes consécutifs sont une devise. Ceux et celles qui suivent l’actualité politique le sauront peut-être, c’est la devise qu’on peut lire sur les armoiries de Jacques Duchesneau. Rien de moins. On ne traite pas l’homme de vedette de parti politique en vain, il en a le panache. Un vrai lion ! D’ailleurs, vous trouverez deux lions sur ses armoiries : un bleu tenant une épée en or et un blanc tenant un parchemin.

Pour la définition de la devise, nul besoin de consulter Wikipédia, l’auteur nous donne sa définition en quatre pages sur son site, résumées par le Devoir :
Oser : «c’est définir ses combats», «c’est innover», «c’est être un peu fou», «c’est confronter des impossibilités» et «c’est travailler avec les meilleurs».
Risquer : Associé à la lucidité, au courage, à la capacité de faire face à des «univers instables» ainsi qu’à un combat intérieur.
Agir : Défini comme un engagement. «Celui qui agit doit se jeter dans la mêlée»

De propre à commun
De ces noms propres, qui deviennent communs, il y en a plus que je pensais. C’est Si la langue française m’était contée de Magali Favre (Fides) qui me sort de mon ignorance. Quelques exemples abrégées  :

Javel : Nom d’un ancien village de la banlieue de Paris. En 1777, s’y installe une usine de produits de blanchissage et de désinfectant : La lessive de Javel devint très populaire, et on l’appela de l’eau de Javel. Aujourd’hui, il ne reste plus que le nom d’une station de métro pour en garder le souvenir.

Doberman : Du nom de Frédéric Louis Dober (1834-1894), gardien de fourrière qui obtint par sélection cette nouvelle race de chiens. Il voulait créer une race puissante capable d’aider les policiers et les soldats.

Dulcinée : Du nom de la femme aimée de Don Chiquotte, Dulcinée du Toboso.

Draconien : Le législateur athénien, Drakon fut celui qui émit par écrit un code juridique (fin du VII siècle avant J.C.). Jusque là, la justice à Athènes était basée sur la vengeance personnelle. La sévérité de ces lois était telle qu’à l’époque, on racontait qu’elles avaient été écrites avec du sang. Depuis le XVIe siècle, une loi ou un règlement d’une excessive sévérité sont qualifiées de draconiennes.