Dans le milieu littéraire, ces jours derniers, l’encre a coulé à flot, comme le sang dans nos veines. Le cœur de l’affaire : Philippe Béha, illustrateur de 150 œuvres jeunesse et Blaise Renaud, propriétaire de 28 librairies (Renaud-Bray). À la 35e édition du Salon du livre de Montréal, Philippe Beha, prenant la parole en recevant le Prix Marcel-Couture, a déploré le manque d’espace accordé à la littérature jeunesse québécoise, mentionnant l’exemple d’une librairie Renaud-Bray. Blaise Renaud était dans l’assistance. Cela aurait pu être une anecdote, c’est devenu une cause, car monsieur Renaud ne l’a pas pris. Cette observation lui a retiré le goût de faire une place de choix aux œuvres de Philippe Beha dans sa (longue) chaîne de librairies. Je ne veux pas nécessairement repartir le débat, à moins vous y tenez, après avoir lu Le magazine Actualitte, les journalistes Daniel Lemay et Chantal Guy, Marc Cassivi et les écrivains, Claude Champagne et Marie-Christine Bernard.
J’achète dans les librairies indépendantes, c’est ma manière de ne pas avoir à m’insurger contre Renaud-Bray ! C’est ma manière également de trouver facilement des livres québécois.
Cet affront de Blaise Renaud est la goutte qui a fait déborder mon vase. Ça tombait bien, assurément oui, une correspondance m’attendait pour prendre un virage. Depuis le 23 novembre dernier, Rue des libraires, le portail des librairies indépendantes offre aux blogues littéraires, comme Le Passe Mot de Venise, une affiliation (si vous êtes curieux de connaître de quoi il s’agit, passez par ici). Moi qui aie toujours refusé fermement la moindre allusion mercantile sur mon blogue, j’ai acceptée cette proposition.
Si vous vous êtes déjà promenés sur cette Rue des Libraires, vous saurez qu’elle est achalandée : 92 librairies ! Des librairies qui ratissent large, qui pointent leurs façades jusqu’en région. Verriez-vous un Renaud-Bray opter pour une petite ville éloignée des grands centres ? Ils choisiront à prime abord les grosses agglomérations. C’est à cela que l’on reconnait le but premier : faire du profit. En fait, la mitaine de four les intéresse autant que le dernier roman de Marie-Christine Bernard. Ils se penchent cependant sur les Michel Tremblay de ce monde, puisqu’ils se vendent avant qu’ils ne soient sur les tablettes. Et bien des fois, ce titre, ils l’annoncent à rabais pour faire entrer les personnes dans leur librairie et avaler goulûment l’argent facilement fait. Les librairies « à vocation » s’occuperont de tous les cas qui exigent expertise, patience et inventaire hétéroclite. À côté de ça, la coopérative sans but lucratif des librairies indépendantes nous offre gracieusement une alléchante revue bimestrielle : Le Libraire (photo ci-dessus). Je les accumule, incapable d’en jeter un exemplaire, tellement elle est riche d’informations, d’inspirations et d’illustrations. J’espère pour vous que vous avez déjà eu la chance de mettre la main sur cette revue. Si ce n’est pas le cas, courez à la librairie indépendante la plus près de chez vous pour cueillir cette dernière édition, vous y trouverez, entre autres, un bilan de la littérature québécoise. Le site Le Libraire, carrefour d’informations actualisées est également à un clic de souris.
Acheter votre livre sur le site Rue des Libraires, format papier ou numérique équivaut à vous rendre à la librairie indépendante la plus près de chez vous. Votre achat sur Rue des libraires favorise une des librairies indépendantes participantes, laquelle recevra une part de la vente. Il vous sera suggéré les trois le plus près de votre domicile. Vous avez l’option de cueillir votre achat en cette librairie ou le recevoir par la poste. Vous pouvez donc acheter localement, les pieds dans vos pantoufles !
À partir de maintenant, sur le Passe-Mot, et pourquoi pas Chez Venise, un rappel sous forme de fiche cliquable vous mènera à la Rue des Libraires.
Une occasion d’être fier de prendre la rue !