Je suis reconnaissante à cet exercice difficile du choix. En plus, cette année, j’ai rajouté à la difficulté en rédigant le « pourquoi », comme le font les membres d’un jury !
L’exercice m’a apportée la reconnaissance de mon année qui ne fut pas aussi tiède que je le croyais. Je ne me souvenais pas de vives émotions, me passant la remarque que j’avais peu lu d’oeuvres fictives ennuyeuses mais que peu étaient ressorties du lot. Eh bien, ce casse-tête vient de me prouver le contraire !
TOP 10 du Passe-mot de Venise
Le Hasard et la volonté de Jean-François Beauchemin – Édition Québec-Amérique
Parce que c’est un récit de vie qui tinte une vérité que je fais mienne. Parce que c’est plus qu’une œuvre fictive, c’est de la matière à réflexion, à méditation, à contemplation. Parce que le style me soulève de terre. Parce qu’il mérite plusieurs lectures.
La Porte du ciel de Dominique Fortier – Édition Alto
Parce que le livre est fort en soi. Je suis impressionnée encore une fois et cette fois encore plus, de la manière dont l’auteur jette son regard de haut sur les réalités d’ici bas. Comment a-t-elle fait pour m’interpeller sur ce sujet de l’esclavage sans jouer avec mes émotions ? C’est un livre grave qui ne déprime pas, mais qui fait naître des frissons à l’esprit ouvert.
Guyana d’Élise Turcotte – Édition Leméac
Parce que même après l’avoir terminé, la lecture que je dois faire de ce roman n’est pas terminée. Parce que c’était la première fois que je lisais une œuvre d’Élise Turcotte, qu’on m’avait dit que j’aimerais beaucoup son style et son univers et que je n’ai pas été déçue. Parce qu’elle jongle avec la mort comme faisant partie de la vie.
Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas – Édition VLB
Parce que c’est un roman achevé. Une auteure experte qui sait raconter des histoires sans jamais faillir sur la charpente solide où repose la chair de ses personnages, tous attachants, même les méchants ! Parce qu’elle cerne un thème, l’amène dans ses derniers retranchements et fait découvrir des contrées inexplorées.
La Romance des ogres de Stéphane Choquette – Édition Québec-Amérique
Parce qu’il m’a fait vivre tant et tant d’émotions dans le brouillon et le brouillard de cette histoire à tant de paliers ! Parce que j’en ai eu pour ma grosse dent d’émotions. Parce que le roman s’est voulu ogre lui-même en voulant tout aborder. Parce que cet auteur à son premier roman a du souffle. Parce que j’aime la démesure, parfois, quand j’entrevois la grandeur d’un conteur.
Elle et nous de Michel Jean – Édition Libre Expression
Parce que j’approche ce roman en tendant l’oreille pour écouter attentivement le bruissement des secrets de famille. Parce que j’ai vibré à la pierre précieuse du vécu. Parce que ce roman intime est généreux. Parce que j’ai appris sur les mœurs et coutumes de la communauté innue, parce que j’ai appris à les aimer comme faisant partie de moi. Et, bien sûr, parce que j’aime les doubles histoires d’amour.
Tsukushi de Shimazaki – Leméac
Parce que cette auteure écrit d’une manière particulière. Ses mots sont pesants. J’ai aimé l’eau qui dort en surface. J’ai aimé sa concision. J’ai aimé que l’ambiance du roman colle à ma peau. Parce que mon goût est fort de la revisiter.
De père en fille de Louise Simard et Jean-Pierre Wilhelmy – Édition Hamac Classique
Parce que ce roman historique a été cherché le passé et l’a ramené dans mon présent. J’y ai observé nos racines, sans être obligé de les tirer du sol, sous les plumes légères et efficaces d’un duo que j’ai senti passionné. Parce que j’ai été happée par l’intrigue. Parce que le fait français me passionne au-delà des âges et que les femmes que l’on tente d’effacer sont des portraits fascinants.
Newton ou la science du complot de Matthew Farmsworth – Québec Amérique
Pour l’audace de ce premier roman, dense, qui s’est voué à un concept exigeant. Le mixte de la réalité à la fiction en fait une œuvre marbrée des plus réussie. Je n’en reviens toujours pas du style méticuleux, de la recherche décelable sous chaque assertion sur Edmond Halley et Isaac Newton et, surtout, d’avoir fait mener une enquête à ceux-ci. C’en est presque une farce, une farce sérieuse.
Lettres crues de Bertrand Laverdure et Pierre Samson – Édition La Mèche
Parce que je suis sensible au genre épistolier. Et si les lettres comptent des envolées de haute voltige, j’en suis les arabesques la tête haute. Parce que mes attentes de ce face à face se sont avérées comblées. Pour la maîtrise majestueuse du langage, pour les épées qui volent de bas en haut, mais qui volent, pour des écrivains qui s’escriment à faire grandiose sans la moindre grimace grammaticale.
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À noter que cette sélection inclut tous les livres terminés en 2012, ce qui comprend ces titres qui seront bientôt recensés :
Le syndrome de la vis de Marie-Renée Lavoie,
Griffintown de Marie-Hélène Poitras,
Ne dites pas à ma mère que je suis vivant de Lyne Richard
Salut, mon oncle ! de Marie-Paule Villeneuve
Point d’équilibre de Mélissa Verreault
Ma lecture du moment « Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul » de Pierre Szalowski ira dans la sélection 2013