C’est le thème de la 11e édition des Correspondances d’Eastman. Y avez-vous déjà mis les pieds ? Je serais curieuse d’entendre la quantité de oui et de non. Qu’ils en soient à leur 11e édition me semble assez incroyable. Cet événement a la vie dure, quand on pense que les subventions dans le milieu culturel ne vont pas en s’amplifiant. Peut-être que la courbe des subventions pique vers le bas, mais pas la fréquentation de cette fête des lettres.
Il faut s’entendre sur un point, quand je dis fête des lettres, ce « lettres » est à prendre dans son sens englobant le monde littéraire et son milieu. Je le précise, réalisant que plusieurs qui n’y sont jamais allés, nourrissent l’idée que l’activité consiste uniquement à écrire des lettres dans les endroits les plus beaux du village. C’est cela, mais plus que cela ! J’en sais quelque chose, sur les dix éditions passées, j’en ai assisté à huit. C’est quand même pas mal. Faut dire qu’alors j’habitais Eastman ce qui n’était d’ailleurs pas un hasard puisque nous avions élu domicile dans ce village en partie pour cet attrait.
Si vous tenez à profiter de la partie balade entre les plages et jardins d’écriture, je vous comprends, en autant que vous sachiez que vous passez à côté de Cafés littéraires en plein air, avec ou sans café, mais toujours avec des écrivains qui s’épanchent généreusement. C’est sciemment que j’utilise le verbe « épancher » . Est-ce le fait que l’organisation des Correspondances offre un tout-inclus ; hébergement, repas, encadrement ou c’est tout simplement la nature et son air de vacances, mais tous les invités en ont long à confier, à chanter, à discuter.
Je l’ai réalisé à chaque édition, les écrivains sont des êtres d’émotion, bien outillés pour les communiquer : les mots. Outre ces Cafés causeries, se rajoutent les spectacles en soirée, par exemple avec Jean Désy et Isabelle Duval (jeudi 20 h 00), avec Thomas Hellmann, (vendredi, 20 h) ou avec Dorothée Berryman (samedi, 20 h 00). Il y a toujours le privilège de souper avec Louise Portal dans un resto que je vous recommande « Les trois Grâces », à noter cependant que le souper avec Kim Thùy est déjà complet. Dans la catégorie Grand entretien, Louise Forestier en aura sûrement long à dire (vendredi 9 août), autant que le dramaturge, Michel-Marc Bouchard (samedi, 10 août).
J’y remets les pieds cette année, la programmation sent trop bon. Le volet « image vaut 1,000 mots » sera exploré, plus que jamais, oserais-je dire, avec la présence d’un Michel Rabagliati et du tandem Delaf et Dubuc, créateurs des Nombrils. Animé par le journaliste, Dominic Tardif, ça promet. Pour appuyer la force de l’image, Frédéric Metz nous en mettra plein la vue avec sa digression graphique et farfelue autour de la lettre au Cabaret d’Eastman.
À retrouver sur le plancher de la nature (chapiteau construit exprès pour l’événement) ou entre les murs du Cabaret d’Eastman, une palette de teintes variées que je déclinerai, comme à l’école, par ordre alphabétique des noms de famille : Caroline Allard, Jacques Allard, Deni Y. Béchard, Michel-Marc Bouchard, Roxanne Bouchard, Évelyne de la Chenelière, Jean-Simon DesRochers, Jean Désy, Stéphane Dompierre, Delaf et Dubuc, Éric Dupont, Louise Dupré, Naomi Fontaine, Louise Forestier, Dominique Fortier, Bianca Gervais, David Goudreault, Thomas Hellman, Nicole Houde, Carl Leblanc, Véronique Marcotte, Frédéric Metz, Michel Rabagliati, Kim Thuy, Catherine Voyer-Léger …
Vous ne les connaissez pas tous, n’est-ce pas ? Moi non plus. Voilà pourquoi Les Correspondances nous offre pour chacun une courte bio.
C’est un rendez-vous du 8 au 11 août, à Eastman ! Je reviendrai vous en parler bientôt parce que, un rendez-vous, ça se prépare !
Dès la première fois où j’ai eu vent qu’il se tenait, d’un été à l’autre, dans le décor champêtre d’Eastman, un événement aussi atypique que le fait d’écrire des lettres – en cette époque de courriels et maintenant de tweets – ma réaction en a été une d’étonnement…
Prendre le temps de rédiger de belles lettres, si possible manuscrites et sur du beau papier, cela relève d’un autre âge. Qui se donne encore aujourd’hui la peine d’écrire à l’ancienne mode? Et sans être trop pressé que ses mots atteignent enfin le destinataire, de surcroît. Correspondre de la sorte à présent revient presque à chercher à remonter le temps, à retourner à une ère révolue.
Curieuse et anachronique bulle que ces Correspondances d’Eastman.
La plume-fontaine et l’encrier y ressurgissent-ils le temps de reprendre un peu de service? Si ce n’est pas le cas, faudrait peut-être songer à encourager leur emploi… ne serait-ce que pour brièvement replonger dans l’univers des grands auteurs d’un passé qui s’éloigne de plus en plus d’une modernité toujours à la course.
Mais je ne m’étendrai pas beaucoup plus, chère Madame Landry.
Je vous trouve bien du mérite de promouvoir depuis tant d’années l’événement estival d’Eastman. Alors, je terminerai en citant vos mots «… les écrivains sont des êtres d’émotions bien outillés pour les communiquer : les mots justes» que je reformulerai un peu via une quasi-paraphrase qui déborde vers l’in extenso, soit «les artistes sont des êtres d’observations bien antennés* pour les communiquer : les impressions justes». (* petit néologisme personnel…)
Donc voilà. C’est tout. En vous souhaitant une température magnifique lors de la tenue de ces jours hors-du-temps…
Cher Claude,
Il devient évident en vous lisant que vous avez une certaine nostalgie du passé. Une certaine, je dis bien, puisque votre « bien antennés » nous remet d’aplomb dans ce siècle !
Cependant, il faut que je l’avoue, nous sommes loin des plumes et encriers en pleine nature aux Correspondances d’Eastman. Est-ce moi qui suis trop prosaïque, mais j’imagine immédiatement le dégât … Bien sûr, que le vent aiderait l’encre à sécher, si parfois un enfant trop impulsif se laisse emporter par son enthousiasme et fait tomber une bouteille. Et c’est sans compter cette dame nature qui crache parfois ses gouttes, non pas par malice, mais par amour du parfum des fleurs et des femmes.
Merci de me lire et de m’écrire d’une manière des plus épistolaires.
Vous êtes trop jeune pour avoir pu vous-même vivre le dernier sursaut des encriers… chère correspondante. Et moi – hélas – pas assez pour y avoir échappé.
Ainsi, à peine âgé de cinq ans et déjà en première année scolaire, moi et tous les petits monstres de la classe nous avions chacun notre plume et notre petite bouteille d’encre, laquelle pouvait heureusement être maintenue en place grâce à une ouverture prévue à cette fin dans nos pupitres. C’était près de la fin des années cinquante.
Mais – sauf probablement pour nos mères – je doute que la perspective de dégâts ait jamais restreint notre enthousiasme à tracer nos premières lettres.
Puis, on nous enseignait le plus sérieusement du monde comment nous devrions nous y prendre (à l’âge de cinq ou six ans) pour baptiser un poupon en imminent danger de mort, pour le cas où ce poupon n’aurait pas encore été baptisé à l’église. Un enseignement d’une indéniable utilité et d’une grande pertinence, il n’y a pas à en douter.
Depuis, le monde de l’éducation a un peu changé.
On parvient même à passer des années sur les bancs d’école sans risque de se barbouiller d’encre, sans savoir non plus comment soi-même baptiser (très tôt dans la vie) un bébé naissant, ni davantage – trop souvent – sans parvenir à écrire quelques courtes phrases sans que celles-ci ne soient truffées de fautes.
Mais on en ressort néanmoins avec un beau diplôme.
(Que je mentionne qu’à cette époque presque dinosaurienne tant le boulanger que le laitier passaient livrer directement aux maisons leurs produits. En camion – et non plus en hippomobile. La modernité nous guettait déjà au tournant. Les années soixante approchaient…)
Ils sont intéressants vos souvenirs de jeunesse. Je n’ai connu que le stylo-bille. J’ai fait l’acquisition d’une de ces plumes-fontaine, il y a de cela un mois à peine. Elles sont modernes maintenant avec l’usage de cartouches d’encre en plastique et aussi d’un piston permettant de faire le plein à partir d’un encrier. Ces 2 méthodes permettent de garder les doigts propres ou de les tacher à nouveau suite à une maladresse en utilisant le piston.
Cher Claude,
Vous me rappelez les trous percés à même les pupitres de bois pour y enfoncer la bouteille d’encre ! Merci pour ce retour en arrière, ça nous fait voir le chemin parcouru. Maintenant, on pitonne, au lieu d’écrire au bec de plume. Deux mondes, et pourtant seulement quelques décennies se sont écoulées. Pendant que vous avez vu les deux, j’ai manqué de peu la bouteille d’encre. J’aurais beaucoup aimé laisser des traces sur le papier et m’appliquer à ne pas y laisser échapper des épaves d’encre.
Je suis d’accord avec vous, monsieur Parisien, les souvenirs de jeunesse de monsieur Poirier sont des plus intéressants.
Et si vous allez aux Correspondances d’Eastman, n’oubliez surtout pas votre plume Fontaine !
Excusez-moi pour le plume-fontaine avec un F majuscule, ma tête allait à la présidente sortante des Correspondances, qui se nomme Nicole Fontaine !