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Catherine Voyer-Léger et mère indigne sur une même tribune

Aux Correspondances d’Eastman, après L’héritage de la parole suivait la causerie Bla-Bla Blogue : Le Monde à l’heure d’internet en compagnie des « plus » que blogueuses : Catherine Voyer-Léger et Caroline Allard, dite mère indigne. Leur point commun pour se présenter sur cette tribune ? Toutes deux ont été éditées et que ce soit par la même maison d’édition n’est pas du hasard puisque Hamac-Carnet est un précurseur en la matière.

Qui pouvait animer ce duo mieux que Danièle Bombardier, une journaliste ne fréquentant pas la blogosphère ! J’ai aimé son préambule, avouant son ignorance en la matière. Sa sincère écoute, ouvrant grand son esprit, a servi nos blogueuses qui ont eu la chance d’être ramenées à l’essentiel : pourquoi consacrer autant d’énergie à bloguer ?

Catherine Voyer-LégerPolitologue de formation
Le premier blogue de Catherine avait un propos intimiste, je m’en souviens, j’avais alors l’impression d’entrer par voie secrète dans une alcôve où l’on me chuchotait des confidences. Son actuel, Détails et dédales ratisse large, frappe sur les non-sens, les remets en question sur une place, de plus en plus publique. Catherine est lue, et comme ses dires sont tout sauf consensuels, elle a parfois chaud à préciser sa pensée nuancée. Le blogue est une chronique à deux sens, si on aime s’exprimer à sens unique, c’est à éviter absolument !

La publication d’un texte récent, dont elle ne renie aucunement le fond, mais peut-être expédié un peu à chaud, a fait du remous et des bouillons. Catherine est féministe, plusieurs lui diraient qu’elle a le message courageux. Ses aveux de samedi (quelle générosité dans les confidences !) le laisse croire : tenir un blogue n’est pas une voie facile, il faut des tripes et des convictions pour le faire. Ce n’est pas du mirage d’égo. Catherine aime la discussion et la suscite, avons-nous une pléthore de personnes qui le font au Québec, et qui plus est non rémunérée ? Je souhaite à cette voix de continuer encore longtemps à s’élever au-dessus de la mêlée.

Soit dit en passant, elle a étonné l’animatrice en avouant avoir quitté la tribune des blogues Voir (où vous êtes présentement !) en se posant cette question : ne prenait-elle pas la place d’une journaliste ? (j’ajoute que c’était à l’époque des mises à pied massives).
Caroline Allard, dite mère indigne – Philosophe de formation
La femme s’est dévoilée, aucune trace de mère indigne sur cette estrade. J’ai pu entrevoir le côté philosophe de cette femme calme, souriante, sérieuse, réfléchie.

Elle a démarré son blogue, en toute innocence, pour partager sa nouvelle vie de mère au foyer qui l’a prenait peut-être un peu par surprise. Pour laisser sortir la vapeur, elle s’est lancée dans les histoires abracadabrantes d’un quotidien saupoudré d’humour corsé et d’exagération piquante. Son blogue exutoire s’est vite transformé en réunion de mères se faisant un malin plaisir d’enrichir le concept. Il nous manquait un modèle de mère indigne au Québec, Caroline Allard a fait son entrée !

Caroline est une auteure de personnages, ce que l’assistance de samedi a pu comprendre. Un personnage qui hante ta vie 24 heures sur 24 peut facilement devenir un maître sans pitié. Surtout lorsque ce personnage, pour protéger la vie privée de son entourage, s’empresse de donner des personnages au mari, tôt ou tard devenant un Père indigne, ensuite une  « Fille indigne ». Il parait d’ailleurs que dans cette famille, c’est le père qui est drôle, alors tant pis s’il refuse de se mettre en scène, dit-elle avec un charmant sourire. Caroline Allard a un moment donné laissé tomber les rideaux de scène de son blogue, par épuisement. D’autant plus, qu’en généreuse dialoguiste, elle donnait la réplique à chaque commentateur. Quelle tâche gargantuesque ! Je suis surprise qu’elle n’ait pas ouvert, en parallèle, un blogue intitulé « L’indigne blogueuse » !

Son blogue est maintenant redémarré, mais la mère de « Mère indigne » a pris de la sagesse et ne laisse plus son personnage lui monter sur la tête. Fini ce temps où elle avait l’impression de vampiriser sa famille, à l’affut du moindre écart pour alimenter la machine.

Les personnages de Mère indigne ayant été achetés pour en faire une web-série à Radio-Canada, on ne parle pas d’histoires tristes ici. Pour Caroline, un autre décalage entre cette comédienne qui incarne son personnage de Mère Indigne et sa Mère Indigne, déjà un personnage.
Suite à cette causerie, je vois maintenant Caroline Allard en auteure, plus qu’en blogueuse (d’ailleurs, elle a écrit Universel Coiffure et Pour en finir avec le sexe). En personne alerte et à l’esprit vif, elle puise dans le blogue sa matière à romance, sur Facebook ou dans la rue. Partout. Attention, partout.

 

Catherine et Caroline

Elles étaient si belles à voir, généreuses, touchantes, complices.

Caroline écoutant les confidences impudiques de Catherine, de celles qui exigent d’être là pour les cueillir (désolée !), avec une profondeur et une gravité qui m’a touchée. Catherine et son intelligence ouverte, son aisance, sa détente. N’essayant pas de convaincre, exposant seulement, afin que l’on parte de cette tribune, plus disposés à s’élancer, chacun en soi, dans l’exercice acrobatique de la réflexion.