Avez-vous entendu parler du 12 août ? C’est un événement tout jeune, tout frais, éclot de la tête de deux auteurs québécois jeunesse, Patrice Cazeault et Amélie Dubé, animés du désir de faire quelque chose pour stimuler le marché québécois du livre. Attirer l’attention sur nos auteurs, les remettre à l’avant-plan, ce qui n’est pas toujours le cas dans les librairies, dans les médias et, en bout de ligne, dans le cœur du lecteur.
Et ils s’y prennent de la bonne façon. En lançant un événement qui génère du plaisir, de la joie, fuyant la controverse et allant droit à un geste réduit à sa plus simple expression : acheter un livre québécois le 12 août. Ce succès immédiat est imputable à une attitude dynamique se tenant loin de l’apitoiement.
La réponse n’a pas tardé, en quelques jours : 6,411 personnes ont répondu à l’appel, affirmant qu’ils achèteraient un livre québécois le 12 août. Au départ, sur la page Facebook, la tangente allait pour parlementer sur le « où » acheter le livre (librairie indépendante ou pas), pourquoi cette journée, pourquoi est-ce si nécessaire, pourquoi pas à l’année. Patrice Cazeault, l’initiateur a su ramener la discussion au geste : acheter un livre québécois.
On devait fixer une journée, ce fut le 12 août (douzou, ça sonne bien non ?), par contre, si c’est impossible cette journée-là, c’est le geste qui compte, acheter un livre québécois le 13 ou le 16 ne diminuera en rien la reconnaissance à nos auteurs. Il y a bien la journée de la famille, du travail, de la récupération, de l’homosexualité, du diabète, alors place à nos auteurs !
Une idée simple génère d’autres idées simples. Vérifiez l’initiative de votre librairie de quartier, certaines font des rabais de 20% ou 10% sur un achat québécois le 12 août ou, à tout le moins, mettront les livres québécois de l’avant. Qu’on les voit. Qu’on les feuillette. Qu’on y accorde de l’attention.
Ceux qui me connaissent savent que depuis sept ans sur Le Passe-Mot de Venise, je me suis donné la mission de promouvoir notre littérature, ce qui m’a amené à lire des auteurs québécois. Plusieurs me demandent encore pourquoi. Le jour où j’ai appris qu’un auteur, pour être publié une deuxième fois doit vendre 200-300 livres et que ce chiffre peinait à être atteint, que les éditeurs parlaient d’un bon coup lorsqu’ils vendaient autour de 900 livres et que, grosso modo, c’est à la réimpression d’une œuvre qu’ils commencent à faire du profit, je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui manquait au Québec : des lecteurs. Les auteurs, à bien vivre de leur art, se comptent sur les doigts des deux mains. J’ai vu plusieurs Français être sonnés d’entendre qu’on ne se lit pas avant de lire les autres. C’est vrai que c’est surprenant quand on y pense bien.
En allant fouiner sur la page facebook « Le 12 août, on achète un livre québécois », on comprend rapidement qu’il y a un besoin ; plusieurs réclament des titres, ne savent pas par où commencer, les échanges affluent, un lecteur suggère tel titre, telle série qu’il a aimée, des librairies y vont de propositions et d’offres alléchantes (des rabais), tout le monde est animé d’une bonne volonté belle à lire.
Je soupçonne que plusieurs sont comme moi avant ma prise de conscience, et ne tiennent pas compte de la provenance, en autant que le résumé du quatrième de couverture leur plaise, se disent qu’un livre, c’est un livre, point. Pourtant, un sofa, un fromage ou une chemise, on s’informe de la provenance. On aime être conscients, afin de poser des choix éclairés et, idéalement, encourager les achats locaux.
Une autre manière d’encourager les achats locaux, et du coup sortir des grandes villes est de se présenter dans le village d’Eastman (du 7 au 10 août) pour vivre l’événement « Les Correspondances d’Eastman » et sa programmation du tonnerre et de l’éclair … de génie, avec sa palette d’auteurs québécois. Pour en nommer que quelques uns : Anaïs Barbeau-Lavalette, Jean-François Beauchemin, Evelyne de la Chenelière, Tristan Demers, India Desjardins, Rafaële Germain, Dany Laferrière, Daniel Lessard, Bryan Perro, Nathalie Roy, Francine Ruel, Kim Thùy, Larry Tremblay, Élise Turcotte …
Comme je vais assister à plusieurs Spectacles et Cafés littéraires, je compte revenir vous en parler. C’est un rendez-vous ?
En direct de Magog,
Venise en Québec
Veuillez je vous prie, chère Madame Landry, excuser ma quasi-impudence d’y aller d’une courte citation d’un auteur français (et non pas québécois…) pour possiblement aider à mieux cerner le défi consistant à encourager la lecture.
Une citation de l’écrivain français Henry Bordeaux (1870-1963):
«Personne ne lit plus, aujourd’hui, sauf ceux qui écrivent.»
Et ça, c’est une appréciation qui ne date pas d’hier. Ni d’ici. Mais une appréciation qui porte sur le comportement «culturel» des compatriotes-mêmes de l’auteur.
Alors, si les Français – pourtant héritiers de plusieurs des joyaux de la Littérature mondiale – ne sont pas particulièrement friands de se plonger le nez dans un bouquin, qu’il s’agisse d’un grand classique ou d’une nouveauté, le défi de promouvoir la lecture ici – et plus particulièrement celle de nos auteurs québécois – ne saurait être une mince affaire…
Des rabais? Des ouvrages placés plus en évidence?
Peut-être. Ça ne peut pas nuire. Mais il est néanmoins question d’une approche d’aboutissement lorsque l’on envisage le problème de cette façon. Or, notre grande préoccupation devrait probablement se situer en amont, à la source-même.
Ainsi, j’aurais pour ma part tendance à croire que si ce qu’écrit Henry Bordeaux est juste, on pourrait compléter sa citation par: «Car trop peu parmi les autres savent lire ou écrire».
Difficile de cueillir des bleuets ou des framboises dans un champ de ronces…
Vous avez tout à fait raison, on s’attaque aux symptômes plus qu’à la source des maux. Comme il arrive assez couramment lorsque nous prenons quelques cachets pour soulager des maux de tête. Nous sommes dans une ère où le temps manque pour se rendre continuellement à la source pour puiser notre eau. Pourquoi ne pas prendre cette initiative du 12 août comme un supplément vitaminique pour donner du tonus, de la vitalité, sans prétendre régler le problème en profondeur !
Le 12 août, j’achète un livre québécois 🙂
Un plaisir de vous lire
J’ai mis l’épaule à la roue. Un livre m’avait été suggéré par un membre du voir.ca (Paul Proulx), il y a de cela un bon bout de temps (19 déc. 2012). L’auteure québécoise Dominique Fortier avait publié un roman sur l’expédition de Sir John Franklin, dans l’Arctique canadien, en 1845. On en parle beaucoup actuellement au Canada anglais. L’occasion était trop bonne, pour cet événement du 12 août, de quitter Robinson Crusoe, le capitaine Nemo et Don Quichotte, en faisant l’achat du roman «Du bon usage des étoiles».
Excellent choix ! C’est son premier à Dominique Fortier, et à mon avis, c’est une de nos très grandes auteures québécoises. J’espère que vous prendrez plaisir à votre lecteur. Saviez-vous que ce livre va être porté sur grand écran ?
Bonne lecture !