1% vs 99%, on va changer le monde, la force du nombre vaincra, etc. C’est bien beau tout ça, mais concrètement, on fait comment? Voici deux petites histoires qui témoignent d’une solution concrète.
Éric Cantona est une star du foot en France. Ce statut importe; la plèbe écoute lorsqu’il s’exprime. À part le sport, cette célébrité s’intéresse à la pauvreté. Le 7 décembre 2010, il a proposé de sortir l’argent des banques, d’un coup. L’appel s’est propagé à une vitesse folle sur Facebook; 18 000 personnes ont embarqué (virtuellement) dans ce mouvement. Dans ce vidéo de deux minutes, il résume la chute du système actuel.
L’idée a fait des petits, comme en témoigne cet extrait du Figaro :
« En Belgique, la réalisatrice Géraldine Feuillien, a notamment relayé l’idée. Même date. Elle a créé un site Internet, baptisé bankrun2010.com, traduit en six autres langues. Selon elle, environ 15.000 belges (ont) videront leurs comptes.»
Pourquoi? (toujours dans le Figaro)
« À la question de savoir s’ils sont conscients des conséquences économiques qu’entraînerait le succès de cette action, Géraldine Feuillien répond : « nous sommes surtout conscients des conséquences que le système financier mondialisé dérégulé et incontrôlable ont sur nos emplois, nos santés, notre éducation, nos pensions, nos industries, notre environnement, notre avenir, notre dignité, la dignité des citoyens des pays que ce système a asservis par des dettes qu’ils ne pourront jamais rembourser pour mieux s’approprier leurs ressources. C’est le sort qui attend les citoyens occidentaux si nous ne nous prenons pas en main.»
Imaginez-vous donc que les banquiers capotent.
« Retirer son argent des banques, c’est extrêmement dangereux à la fois pour soi et pour l’ensemble du système », a déclaré, vendredi 3 décembre 2010, Jean-François Sammarcelli, le directeur général de la Société Générale
Dangereux? L’argent se crée à partir des dettes. C’est dur à expliquer. Même après quelques documentaires visionnés sur le sujet, j’ai de la difficulté à le concevoir. En gros, les banques spéculent la plupart du temps avec de l’argent virtuel. Le reste du temps, ils utilisent l’argent de votre compte. Si on retire tout, on les tient « par les couilles », pour reprendre l’expression de la toune des Cowboys fringants. Pour démontrer l’efficacité de cette technique, voici ma seconde petite histoire.
À Los Angeles, une artiste est outrée. Sa banque impose des frais annuels supplémentaires de 5$ par année à tous les usagers qui ont moins de 20 000$ dans leur compte. Elle crée une page Facebook, sa famille et ses amies embarquent, les amis de ses amis embarquent aussi. Au total, ils sont 100 000 à retirer leurs sous d’un coup. La banque capote et retire sa nouvelle politique. Très efficace.
Reste un problème avec cette solution; notre argent, on la met où? Dans un bas de laine sous le matelas?
Et puis les banques, on leur demande quoi? Quel pouvoir ont-ils sur la structure économique mondiale; sortir mes (trop peu nombreuses) billes de la Caisse Populaire va-t-il vraiment aider?
Je serais bien curieuse d’entendre des experts économiques qui ont plus à cœur l’humanité que les profits – si ça existe- se prononcer sur le sujet.
Votre sujet me touche directement.
Je suis déménagé en région profonde pour enfin pouvoir accéder à la propriété. Chose impensable en ville, cela ne semblait être qu’une formalité une fois installé en campagne.
20% de « cash down » sur une maison de 45 000$, deux jobs stables depuis un an, dossiers de crédit sans tache… Les institutions financières ne voulaient toujours rien savoir…
Qu’est-ce qu’on fait ? On boude ? On ferme nos comptes ? On fait changer nos paies chez Insta-Chèques à 6-10%, gros minimum ? 25$-40$ de frais par semaine, 40 heures au salaire minimum, juste pour changer sa paie ?
Je n’en suis pas fier, mais la semaine dernière, je parlais de mes doléances avec un de mes clients. Un « big shot » du coin qui fait partie du 1% de la région. Il a téléphoné à son banquier à mon insu. Une heure plus tard, j’avais un rendez-vous avec le banquier en question. Une semaine plus tard, je suis propriétaire. Magie, magie.
Je suis zoutré et c’est pas peu dire. Mais j’ai encore mon compte à la caisse pop…
Malheureusement, l’argent de nos comptes, c’est de la « petite monnaie » pour le système financier. Le gros de leur « argent », ce sont des actifs adossés, justement, à des dettes.
Si on veut leur porter un coup, il faudrait renoncer, non seulement aux cartes de crédit (ce qu’on devrait d’ailleurs faire, ne serait-ce que pour nous), mais aussi à l’achat d’une maison et aux études.
Et encore, on n’a aucun pouvoir sur les dettes de gouvernements* et encore moins sur celles des entreprises (largement plus élevées que celles des gouvernement).
*On sait que les grands financiers ont plus de pouvoir sur eux que nous et que les gouvernements endettent l’État (c’est-à-dire nous) par des mesures qui ne nous profitent pas: baisses d’impôt pour les très riches et les grosses corporations (le gros de l’endettement, lisez Paul Krugman (prix Nobel d’économie)), électricité vendu en bas du prix coûtant aux États-Unis et à de grosses corporations, subventions aux « pauvres » pétrolières et banques, régime minier déficit (pour nous) et autres plan Nord, corruption, collusion et copinage, etc.
Notre pouvoir individuel, même en mouvement de masse, reste faible. Nous n’avons guère le choix, il faut reprendre le contrôle de l’État et ramener les régulations des milieux financiers et une fiscalité plus juste qui redistribue la richesse en faveur du 99% et non du 1%.
Retirer son argent et le cacher sous son matelas attire les voleurs. Il suffit de lire les romans du 19 siècle pour s’en convaincre. Les bougeois qui ne faisaient pas confiance aux banques et qui gardaient leur fortune dans un coffre étaient victimes de criminels qui ne s’embarrassaient pas de scrupules. On frappait, poignardait, torturait jusqu’à ce que le bougeois casque.
Une méthode très efficace consistait à placer les pieds de la victimes près des flammes, soit un poêle, soit un foyer et attendre la réponse, qui venait toujours. On appelait ces drôles, les chauffeurs. Les banques ont éventuellement remporté le morceau et les chauffeurs se sont trnasformés en braqueurs, plus riqué mais souvent payant.
La méthode la plus efficace est de confier sa fortune, après l’avoir retirée de la banque criminelle, dans une autre banque qui elle ne souffre pas du même appétit vorace. Une coopérative devrait faire l’affaire.
Par exemple, au Québec, tous les épargants francophones et francophiles devraient retirer leur argent de la Banque nationale, le placer chez Desjardins, temporairement s’il le faut, jusqu’à ce que la Banque nationale comprenne le message : au Québec, le français est important.