La question d’hier m’a suivie toute la journée; qui nous apprend à désobéir?
En descendant l’escalier, ça me trottait en tête. En respirant allègrement le smog d’automne, cet air mouillé qui s’enfonçait dans mes poumons malgré qu’on soit en décembre, la question me suivait. Devant le Couche-Tard, avec la caissière qui dit « long comme ça » avec ses doigts à la policière en parlant du couteau de la dame qui vient de partir avec sa caisse, je pensais encore à la question.
D’ordre écologique, la désobéissance civile me prive de la féerie d’un Noël Blanc. Faut-il répéter qu’on est le seul pays qui a abandonné Kyoto? D’ordre judiciaire, les vols à main armée témoignent d’une urgence d’agir, la criminalité est une manière de désobéir qui témoigne d’un mal être bien plus grave.
Finalement, « qui nous apprend à désobéir? », c’est pas la bonne question. Ça ne dépend pas de qui et encore moins de comment. Se donner le droit de désobéir dépend des conséquences qui risquent de survenir.
C’est pernicieux, surtout quand on grandit. Avant, glisser sa main dans la jare à biscuits en plein après-midi équivalait à un coup sur les doigts ou pas de dessert au souper. Les conséquences étaient claires. Une fois rendu grand, désobéir est devenu complexe. Perdre son emploi, décevoir sa famille ou regretter? Regretter de ne pas le faire, malgré les milles et un « si » qui risque de pleuvoir que tu oses ou pas. Peu importe le choix, ça donne l’impression de perdre toujours un peu…
Ce qui tue l’insoumission dans l’oeuf, c’est la peur.
Peur de transformer son petit confort en lutte à la survie, peur de laisser son corps être une idée fixe, pour citer Miron. Une peur partagée par l’étudiante qui hésite devant les programmes d’études universitaires, tirailler entre réalisation personnelle & sécurité financière, une peur qui rejoint aussi le travailleur qui a le goût de quitter l’entreprise où il fait office de numéro, ses rêves bien rangés dans la section «intérêts personnels» à la fin de son cv.
Deux lectures pour finir, la première un peu plus pessimiste que la seconde.