Jour de l’an, trempettes et crudités. C’est pas mal mes dernières carottes de jardins… Pardon? Mes carottes d’épicerie tough pas deux semaines, comment les carottes de grand-maman sont restées fraiches depuis leur cueillette en septembre!?! Bah, je l’ai mets dans chambre froide, enterrée dans terre noire. Savoir ça, c’est important. Ça l’aura peut-être un impact sur les plans d’une maison à construire un jour; ajouter une chambre froide. Et c’est une partie de la solution si on revient aux mots de la dernière Indignée que j’ai cité:
On sait pas comment cultiver nos légumes … on est totalement dépendant d’un système!
Conserver ses carottes longtemps, c’est un savoir aussi important que de maîtriser l’art de les faire pousser. Ce petit bout de solution, faut le semer, faut qu’on le partage, qu’on le communique. Je l’ai donc dit à ma sœur, elle a haussé les épaules. Je l’ai expliqué à ma mère, elle a sourit. Deux mouvements qui signifie : merci bien, mais je ne passerai pas l’info au suivant, c’est pas si important. Du langage physique qui en dit plus long que les mots… Perlocutionnary, comme l’expliquait le prof du cours de Discourse Theory.
Alors je reviens l’écrire ici, même si mon mois d’occupation est fini. Je reviens l’écrire ici parce que le 30 décembre, la cousine de mon père m’a lue et si j’étais fière d’être retracée par de la famille éloignée, je serais encore plus heureuse d’informer ceux qui souhaitent apprendre puis partager. Donc, communiquer. Un mot que j’ai redécouvert dans la bouche de Gilles Vigneault. Un mot que j’étudies en ce moment, qui sera écrit sur mon diplôme dans un an, malgré cette drôle d’intuition, la certitude que je ne le maitriserai jamais vraiment.
Dans La chanson comme miroir de poche, Vigneault confie à Jacques Lacoursière que les stationnements défigurent Paris, qu’il faut pas être pris des bronches pour vivre à Mexico ou à New York, mais au-delà des travers des voitures, il souligne surtout que :
Ça a apporté aussi plus de communication… Et la conscience universelle est en train de devenir une possibilité et la communication entre les humains, c’est ce qui est le plus bâtisseur. Même quand elle est mauvaise, même quand elle est restreinte et minuscule. Les gens ont réclamé la route (jusqu’à Natashquan?) pour ça, pour communiquer et les jeunes pour pouvoir aller se marier avec des filles d’ailleurs, pour ne pas continuer à être éternellement en consanguinité avec la cousine. Bon! Alors, la route dans des endroits comme ça, c’est le premier vrai moyen de communication. L’autoroute électronique, l’autoroute informatique, ça vient plus tard. Mais ça aussi c’est du progrès, c’est de la communication.
La communication, c’est la première solution qu’on m’a donné quand j’ai demandé comment on change le monde :
Pour changer le monde? C’est vraiment une grosse question, m’semble… Mais, je crois qu’il faut se parler.
Depuis les mots de Vigneault, je lis cette phrase différemment. Je dirais que la parole c’est un peu plus que le verbal, le non-verbal et ça va même au-delà des autoroutes. Communiquer, c’est s’ouvrir. Ne pas se limiter au connu, au familier. C’est aussi comprendre qu’un mot signifie quelque chose de différent pour chacun, malgré son sens premier. La conclusion de la conversation entre Vigneault et Lacoursière en est un bon exemple :
J. L. -Est-ce que le mot pays pour lui (René Lévesque) avait la même signification que le mot pays chez Vigneault?
G. V. -Peut-être pas… je ne sais pas… parce que pour chacun, j’en ai peur, c’est un mot différent.
J. L. -Auriez-vous aimé que René Lévesque ait le même sens du mot pays que chez Gilles Vigneault?
G. V. -Je n’aurais pas souhaité ça…
J. L. -Pourquoi?
G. V. –Parce qu’il faut avoir tous les sens du mot pays pour le faire.