Depuis 15 ans, son destin est intrinsèquement lié à celui du Restaurant du Musée: le chef-propriétaire Jean-Pierre Cloutiera beaucoup travaillé pour que son restaurant atteigne les standards du musée qui l’héberge, alors qu’à son ouverture, l’endroit proposait… un buffet avec des comptoirs à salades. Et il réussit avec brio.
Le volet qui a le plus évolué est certainement ce souci qu’a le chef de marier au sein même de sa cuisine gastronomie et art. « Nous avons développé une belle complicité avec le Musée au fil des ans », explique-t-il.
Chaque exposition appelle donc son menu thématique. Présentement, un mini-menu lié à l’exposition Au pays des merveilles. Les aventures surréalistes des femmes artistes au Mexique et aux États-Unis est directement inspiré d’un livre de cuisine que la célèbre peintre Frida Kahlo avait fait. Une crème d’arachides aux herbes fraîches côtoie un filet de porc aux feuilles de nopal. « Cette aventure mexicaine m’a fait découvrir plusieurs sortes de piments que je ne connaissais pas! » s’enthousiasme le chef.
Cette façon de faire lui permet de s’aventurer sur des chemins qu’il n’aurait probablement pas osé emprunter autrement. Comme lorsqu’il a concocté un menu thématique pour l’exposition sur les Ballets russes, l’an dernier. « C’est probablement des endroits où je ne m’aventurerais pas si je n’avais pas cette chance. Cela me permet de découvrir des produits et des façons de travailler autres que la cuisine française. C’est stimulant pour toujours avancer et se renouveler », dit-il.
Dans la mire du chef: un menu médiéval, inspiré d’une nouvelle expo qui prendra l’affiche dès octobre, Art et nature au Moyen Âge, en collaboration avec le Musée de Cluny en France. M. Cloutier est même allé jusqu’à écrire son menu en ancien français! Un « pourcelet lardé et pétakes jaunes », sir?
Une assiette originale et locale
Outre les menus thématiques, le chef et son équipe s’affairent à créer des propositions originales, une cuisine de saison où les produits locaux sont à l’honneur. « Je m’amuse beaucoup à travailler des produits que les gens ne cuisinent pas à la maison. J’affectionne particulièrement les abats, qui sont représentés sur le menu: coeur de veau, rognons, langue, gésiers… Nous sommes chanceux, car notre clientèle est assez aventureuse! »
Servis avec un souci de présentation qui fait de chaque assiette une oeuvre d’art, les plats font honneur aux producteurs de la région de la Capitale-Nationale: la Fromagerie des Grondines, l’artisan Éric Borderon, l’agneau de Charlevoix, la Volière de Baie-Saint-Paul, pour ne nommer que ceux-là…
Jean-Pierre Cloutier a aussi mis de l’avant ces dernières années une éthique de travail écoresponsable, qui commence avec du compostage, grâce à un composteur installé sur le toit l’été et en collaboration avec la Ville de Québec le reste de l’année. Sur le toit du restaurant, le chef fait aussi grandir chaque année ses jardins. Aux fines herbes qu’on y trouvait au début se sont ajoutés cet été tomates, oignons et ail.
Alors que le MNBAQ comptera bientôt un nouveau pavillon, le restaurant, lui, demeurera au même endroit, avec sa salle vitrée et sa jolie terrasse avec vue sur le parc des Champs-de-Bataille. Bonne nouvelle: le resto aura une nouvelle cuisine de production et une salle de réception qui pourra accueillir 500 personnes, celles-là dans le nouveau bâtiment. Oui, l’avenir s’annonce bien pour le resto du Musée!
Restaurant du Musée national des beaux-arts du Québec
Au Parc des Champs-de-Bataille
Ouvert les midis et le mercredi soir
1, rue Wolfe
Québec
418 644-6780
www.mnba.qc.ca