Les restos de la semaine : blanc et noir
Dans la pléthore d’établissements ouverts récemment à Montréal, on est allés tester cette semaine le Joséphine, petit nouveau sur le Plateau, et l’Asado, qui remplace le HVOR dans Saint-Henri.
Le Joséphine réveille Saint-Denis
À l’angle des rues Saint-Denis et Duluth se sont succédé plusieurs établissements suite au feu Continental – on se souvient notamment de L’Escoffier. Durement éprouvé par une série de travaux, le quartier avait bien besoin d’une nouvelle adresse sérieuse pour revitaliser le coin et consolider l’offre culinaire. C’est maintenant chose faite avec le Joséphine, un élégant restaurant ouvert en mai dernier par les propriétaires du Clébard et de la Brasserie Saint-Denis.
Le design de l’endroit est signé Amyline Phillips (Jatoba, Kampaï, etc.), dont on reconnaît la patte dans la pléthore de plantes vertes, le blanc dominant et les miroirs qui agrandissent l’espace de 80 places. Si la déco est loin d’être originale ou personnalisée, elle reste efficace dans sa modernité et son élégance épurée. Et puis elle colle bien à ce resto féminin et distingué, à l’image de son patronyme.
La Joséphine de Napoléon avait pour les bulles le même penchant que son époux ; justement, les bulles sont à l’honneur ici. Sophie Allaire propose à chaque client la bulle du jour, qu’elle sélectionne avec soin pour faire pétiller le début du repas. Une charmante entrée en matière par laquelle les clients se laissent souvent tenter… Quant à la carte des vins, qui commence par les bouteilles du Québec et du Canada (soyons fiers!), la sommelière l’a construite de façon à satisfaire tous les palais, que ce soit avec un vin nature ou un cru plus conventionnel.
En cuisine, c’est le chef et copropriétaire Simon Leblanc qui mène le bal. Passé notamment par le Helena, il est ensuite allé travailler dans l’ouest canadien, à Whistler. Son dada à lui, c’est le poisson et les produits de la mer – issus de pêche écoresponsable s’il vous plaît. On craque complètement pour son mi-cuit de truite avec purée de céleri rave et beurre noisette, et l’assiette de pétoncles fumés avec moules, champignons et crème aux anchois.
Une belle cuisine qui met les produits en valeur, idéale pour les plus réfractaires à la mer : ici les poissons se font gourmands comme jamais. Sinon, pas de panique, les plats de viande ont aussi leur place à la carte. À venir bientôt : un menu dégustation servi sur un plateau tournant pour goûter un peu à tout et partager avec sa table… Mention spéciale pour le service, très soigné tout en étant convivial et chaleureux, à l’image du resto : si le Joséphine ne manque pas d’élégance, tout le monde y est le bienvenu et la gastronomie s’y fait abordable.
Joséphine
4007, rue Saint-Denis – Montréal
www.josephine-restaurant.ca
Asado met le cap sur l’Amérique latine
Le HVOR a fait peau neuve dans un virage à 180 degrés. Finis l’espace immaculé, la cuisine végétale et l’ambiance scandinave : le resto s’est repeint en noir, a mis des lumières rouges derrière le bar et lambrissé des pans de mur de bois. On a changé de continent et d’hémisphère, à l’image de la musique qui baigne la salle d’airs de cumbia et de tango. L’ambiance est plus festive qu’au HVOR – les prix plus abordables aussi.
Le resto a été rebaptisé Asado en clin d’œil à la cuisson au feu et aux origines colombiennes des nouveaux actionnaires, Andres et Gustavo Diaz (La Voûte). La viande et le feu sont à l’honneur ici – la plupart des aliments sont en effet cuits à la braise. À la carte des calmars grillés, de l’effiloché d’agneau, du brisket fumé pendant 10 heures, une pizza à la pâte grillée maison…
Aux fourneaux, on retrouve Phil Tees, le chef du défunt HVOR. Sa cuisine est moderne avec de nombreuses touches sud-américaines comme le chorizo, le chimichurri, le ceviche… Les plats sont bien exécutés, notamment au niveau des cuissons. Pour les végés de ce monde, il y a de quoi se mettre sous la dent ; les plats de légumes sont aussi asado, comme cette purée de courge brûlée, et montrent au passage la créativité du chef (les pâtes de rutabaga!). On salue en outre les desserts concoctés par le pâtissier Erik Champagne, qui n’échappent pas au grill – même la banane est fumée.
La carte des vins est classique, mais celle des cocktails vaut le détour : on y trouve différents mélanges inspirés des alcools et ingrédients d’Amérique latine. Pisco, cachaça et Diplomatico se mêlent au paprika fumé et au sirop de jalapeno ou de melon d’eau grillé, avec des noms qui nous font voyager de Buenos Aires à San Andres. La boisson parfaite pour commencer ce repas en feu…
Le concept du 1414 Notre-Dame Ouest a changé du tout au tout, mais ça marche, et il est suivi des cocktails au dessert. L’ambiance est réussie, celle d’un antre festif comme dans l’hémisphère sud. On y passera l’hiver au chaud.
Asado
1414, rue Notre-Dame Ouest – Montréal
asadomontreal.com