Il y aurait deux autres planètes dans le système solaire situées au-delà de l’orbite de Pluton. C’est le titre des journaux du jour, mais une nouvelle qui date de plusieurs mois chez les astrophysiciens.
Pour faire une histoire courte, l’an passé les astronomes américains Chadwick Trujillo et Scott Sheppard ont détecté un nouvel objet transneptunien. En soi, ce n’est pas si spectaculaire si l’on sait qu’il y a 1348 objets transneptuniens recensés à ce jour. Cependant, l’objet découvert par ces chercheurs avait une orbite particulière, qui combiné aux observations d’autres objets, pouvait laisser supposer la présence d’une planète dans la partie externe du système solaire qui perturberait leur orbite.
L’idée a été reprise par l’astrophysicien espagnol Carlos de la Fuente Marcos et son frère Raul de la Fuente Marcos ainsi que par l’astrophysicien norvégien Sverre Aarseth domicilié à l’Université de Cambridge, qui voient eux aussi la trace d’un objet dans la distribution des paramètres orbitaux des objets transneptuniens. Par conséquent, il y aurait deux objets de la taille d’une planète au-delà de l’orbite de Pluton à environ 200 et 250 unités astronomiques du Soleil.
Il est à noter que cette planète doit être relativement petite, moins de 15 fois la masse de la Terre, car les observations du ciel dans le rayonnement infrarouge montrent qu’il ne peut y avoir d’objet de la taille de Jupiter à moins de 26000 unités astronomiques du Soleil.
Cette théorie se heurte cependant à un problème de taille. En effet, selon les calculs de l’astrophysicien italien Lorenzo Iorio, si une telle planète existait, elle affecterait les orbites des planètes Uranus et Neptune d’une façon qui aurait été observée depuis longtemps. Dans le cas d’une planète de 15 fois la masse de la Terre, celle-ci doit se situer à au moins 1100 unités astronomiques, alors que si elle en fait que 2 fois la masse de la Terre, elle doit se situer au minimum à plus de 500 unités astronomiques.
Par conséquent, il est fort problème que cette « découverte » ne soit en fait qu’un signal fortuit. Le temps confirmera cette hypothèse.
Je note au passage que ce débat a eu lieu l’été passé dans la communauté scientifique par le biais de dépôt de prépublication sur le serveur arxiv. C’est donc loin d’être une nouvelle! Il serait peut-être temps que le journalisme scientifique se colle aux pratiques que les chercheurs ont adoptées dans les années 90.
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