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Compteurs communicants : le prix de la précision!

compteur_intelligent

Hier soir, pendant que je préparais le souper, on est venu remplacer mon vieux compteur électromécanique par un compteur communicant. L’opération a duré que quelques minutes, l’étape la plus longue étant de documenter le remplacement du compteur.

L’opération est tellement banale que l’on peut bien se demander, qu’est-ce qui fait tellement peur aux gens. Les émissions électromagnétiques? La physique la plus élémentaire montre clairement que les ondes radio ne peuvent pas avoir d’autres effets que des effets thermiques. En effet, l’énergie des photons dépendant de leur longueur d’onde. Les compteurs émettent à 900 MHz, ce qui se traduit par une longueur d’onde de 30 cm. Le pic des émissions thermiques du corps humain se situe quant à lui dans l’infrarouge pour une longueur d’onde de 10 µm. Par conséquent, l’énergie moyenne des ondes émises par le corps humain est de 30 000 fois supérieures à celle des émissions radios. C’est aussi le rapport entre l’agitation thermique des atomes et des molécules de votre corps. Dans ces conditions, les ondes radios sont noyées dans le bruit naturel. C’est pourquoi on ne se préoccupe que des effets thermiques, ce qui a pour conséquence qu’il faut des puissances considérables pour que l’on se trouve dans un environnement non sécuritaire.

De même, l’hypersensibilité électromagnétique est selon toute vraisemblance une maladie psychosomatique. Un phénomène largement démontré par l’absence de relation dose effet, l’incapacité à percevoir les ondes en milieu contrôlé et la présence de réactions adverses en présence d’émetteur éteint. Un effet nocebo puissant amplifié par l’internet et les médias en manque de cote d’écoute.

De plus, contrairement à une certaine paranoïa instaurée par médias interposés, les compteurs communicants eux-mêmes ne présentent pas de risque plus important d’incendie que les compteurs électromécaniques. Toutefois, l’installation elle-même peut présenter un risque. En effet, si le contact se fait mal, il peut se produire un point chaud qui peut présenter un risque d’incendie. C’est un risque minime, mais présent si toutes les précautions ne sont pas prises lors de l’installation.

Reste l’explosion de la facture d’électricité suite à l’installation d’un nouveau compteur. Je vais peut-être vous étonner, mais contrairement aux autres risques, il s’agit d’une réalité plausible. En effet, les compteurs électromécaniques ont une tendance naturelle à sous-estimer la consommation électrique. De plus, cet effet augmente avec le temps en raison de l’usure des composantes mécaniques, de la dégradation des lubrifiants et de l’accumulation de la poussière. Cette erreur de mesure est de l’ordre de quelques pour cent, ce qui est négligeable et indétectable pour le consommateur. À cet effet s’ajoute la possibilité que les nouveaux compteurs puissent mesurer plus précisément les montées et les baisses de consommation. Ceci qui pourrait aussi se traduire par une augmentation apparente de la consommation.

Dérive des compteurs électromécaniques (EPRI 2010)
Dérive des compteurs électromécaniques (EPRI 2010)

Cependant, dans une minorité de cas, les mesures sont largement sous-estimées (>10 %). Quand on remplace des millions de compteurs, il n’est donc pas étonnant que certains consommateurs voient leur facture exploser parce que leur ancien compteur sous-estimait la consommation.  Ces cas sont relativement rares, mais il n’en demeure pas moins qu’ils suffisent à alimenter la méfiance du public.

Erreurs de mesures des  compteurs electromecaniques (EPRI 2010)
Erreurs de mesures des compteurs électromécaniques (EPRI 2010)

 

Hydro-Québec ne s’est jamais caché qu’un des buts de l’installation était d’augmenter l’efficience de la gestion du réseau. En effet, les compteurs communicants permettent de détecter beaucoup plus facilement les bris d’équipements. De meilleures mesures permettent aussi de faire de la maintenance préventive et de détecter plus facilement le vol d’électricité (qui est loin d’être négligeable). Dans le futur, la capacité de communication bidirectionnelle sera probablement utilisée pour contrôler l’appel de puissance en période de pointe, ce qui aura aussi des effets bénéfiques. À court terme, la gestion de l’autoproduction et de la recharge des voitures électriques est au menu.

Cependant, ce qu’Hydro-Québec n’a pas mentionné, ce que le mesurage plus précis se traduirait par hausse de la facturation en moyenne. Une hausse dont le coût pourrait facilement atteindre une centaine de millions de dollars par an.

Ajout 20 mars 2015

Hier, un de mes copains m’a fait remarqué que le nouveau compteur va avoir pour conséquence que les tarifs vont augmenter du simple fait que la mesure est faite sur une base quotidienne. En effet, Hydro-Québec a deux tarifs : 5,57 ¢/kWh pour les 30 premiers kWh par jour et 8,86 ¢/kWh pour les suivants. Présentement, ce calcul est fait sur une moyenne de 2 mois de consommation.  On peut donc défoncer le 30 kWh par jour sans que cela ait de conséquence dans la mesure, où la moyenne demeure sous les 30 kWh. Ce ne sera plus le cas avec le nouveaux compteurs qui vont faire le calcul sur une base quotidienne. Dès lors, chaque kWh au delà du seuil de 30 kWh va être chargé plein prix.

Ajout 21 avril 2015

et l’âge moyen d’un compteur est de 22,4 ans.  Cela pourrait se traduire par une sous-estimation de 3 % de la consommation en moyenne. Merci à Michel Morin pour l’information.

Lectures suggérées:

Accuracy of Digital Electricity Meters (Electric power research institute)