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« Seul sur Mars » scientifiquement correct (ou presque)!

Atmosphère de MarsEn fin de semaine, je suis allé voir avec mon fils de 11 ans « Seul sur Mars ». Il s’agit probablement du meilleur film de science-fiction dure que j’ai vu depuis des années. En effet, même s’il y a de légères incohérences, règle générale, les principes physiques scientifiques y sont respectés, ce qui est plutôt rare dans un film de science-fiction.

Ce réalisme est dû au souci du détail de l’auteur Andy Weir qui tenait absolument à la rigueur technique de son roman. Par exemple, il a écrit un simulateur de mission afin de calculer la trajectoire du vaisseau spatial décrite dans son roman. De plus, la version originale de son roman a été publiée sous la forme d’un blogue, ce qui lui a permis d’ajouter des corrections suite aux commentaires de ses lecteurs. Cela en fait pratiquement le premier roman revu par les pairs.

Le résultat est un film de science-fiction que je peux écouter sans être (trop) dérangé par les hurlements d’horreur d’une voie intérieure criant « C’est impossible!!! ». Notez que je suis assez tolérant aux erreurs de scénario comparé à un copain qui s’est levé en pleine projection de Crocodile Dundee en pointant l’écran et en criant « La Lune n’est pas dans le bon sens! ». En effet, l’action se passant en Australie, la Lune est inversée par rapport à sa position dans l’hémisphère nord.

Sommes toutes, les erreurs sont limitées. De l’aveu même de l’auteur, la tempête de sable n’est pas réaliste et le sol martien contient du perchlorate ce qui ne serait pas bon pour l’agriculture, ni pour la santé. Sinon, le ruban adhésif en toile (« duct tape ») a des pouvoirs quasi surnaturels. Même mon fils m’a fait remarquer que lorsqu’il y a de la poussière, il colle mal! La manipulation de l’hydrazine m’a fait aussi tiquer, mais il semble que ce soit traité correctement dans le livre. Je me pose aussi la question à savoir comment des pommes de terre peuvent encore germer après le processus de conservation (typiquement, les aliments frais sont irradiés dans l’espace). Il semble aussi que le vaisseau Hermès ne tourne pas assez vite. Toutefois, au final, les incohérences demeurent minimes, ce qui est exceptionnel.

Panorama de Mars
Panorama de Mars

Un aspect intéressant du film est l’application de certaines règles fondamentale de survie. Par exemple, la règle de 3  sur les différentes échelles de temps à tenir compte dans une situation de survie (3 secondes, 3 minutes… ). Le héros passe ainsi à plusieurs reprises à quelques secondes de la mort, tout en devant considérer en permanence le défi de rester en vie à long terme. Il y a aussi l’application du principe SÉRA (Secours, Énergie, Risque et Atout) qui est largement appliqué par le protagoniste. En effet, ce dernier procède méticuleusement à utiliser toutes les ressources disponibles au mieux, tout en essayant de communiquer avec la Terre dès que cela devient possible.

La froide logique de la gestion du risque du directeur de la NASA; le dilemme du militaire agissant sans ordre de la commandante de la mission et l’esprit de corps du groupe des astronautes sont bien illustrés. Cependant, contrairement à Apollo 13, le film ne transmet pas du tout la pression terrible que doivent assumer les ingénieurs et les scientifiques responsables de monter une mission de sauvetage.

Il est clair dans mon esprit que ce film restera une référence dans le domaine de la science-fiction. Cependant, je ne crois pas qu’il deviendra un standard, car le style science-fiction dure ne fait pas vraiment recette à Hollywood.