Je viens d’aller voir le dernier Star Wars avec la famille élargie. Comme toujours, la facture visuelle est très léchée et en IMAX 3-D l’effet était encore plus saisissant. Les exoplanètes sont magnifiques et les vaisseaux spatiaux majestueux. On retrouve de nombreuses races extraterrestres plus ou moins anthropomorphes, des technologies exotiques et un menu de bar varié. Il y a bien des incohérences du point de vue de l’astropolitique qui a suivi la chute de l’Empire, que même mon fils de 11 ans a noté. (À ce sujet, une excellente analyse de l’impact économique de la destruction des étoiles de la mort est disponible ici.) Cependant, le point le plus décevant du film est son scénario.
En effet, ce dernier n’est à peu de choses près que du copier-coller d’idées des films précédents. Si cela réjouit les fans finis, cela n’enrichit pas non plus l’univers imaginaire de Star Wars. Au moins, on n’entend pas parler des midichloriens, ni de Jar Jar Binks, ce qui est une nette amélioration par rapport à la deuxième trilogie. Il semble donc que cette fois, les services du marketing ont fait un choix plus judicieux dans leur intervention sur le scénario.
Malgré le déplaisant aspect de déjà vu, il s’agit d’un excellent divertissement à partager avec ses enfants.
Comme il s’agit d’un blogue scientifique, je suis censé discuter de la science en relation avec Star Wars. Le problème est que Star wars est de la science-fiction très molle dans le style space opera, alors il n’y a pas beaucoup de science à discuter. Ceci dit, il y a deux trois trucs qui ont attiré mon attention.
Pour commencer, le ciel étoilé est erroné. En effet, dans le film, le ciel n’est qu’une distribution aléatoire d’étoiles en position et en luminosité. Or, dans le monde réel, il y a très peu d’étoiles très brillantes et beaucoup d’étoiles de faibles luminosités. On doit à l’astronome grec Hipparque, le premier catalogue à peu près complet d’étoiles. Publié vers -136, il contenait 1025 étoiles et fut la base du catalogue de Ptolémée publié dans l’Almalgeste, vers 150 de notre ère, qui fera autorité jusque vers 1600. Autrement dit, ce n’est pas d’hier que l’on sait qu’il y a beaucoup plus d’étoiles faibles que d’étoiles brillantes.
Il est à noter que le catalogue d’Hipparque n’est pas le premier catalogue d’étoiles. En effet, Hipparque a comparé son catalogue à celui de Timocharis d’Alexandrie publié 150 ans plus tôt. Il nota alors que la position de Spica (l’épi), l’étoile la plus brillante de la constellation de la Vierge avait bougé de 2° par rapport à l’équinoxe d’automne et conclu que le pôle céleste devait bouger d’au moins un degré par siècle. On sait aujourd’hui que ce déplacement est d’un degré tous les 72 ans.
Évidemment, vous me direz que l’aventure de Star Wars se passe dans une galaxie lointaine et par conséquent, on ne peut pas supposer a priori que la distribution de luminosité des étoiles est la même que dans notre propre galaxie. Or, rien n’est plus faux. En effet, la distribution de luminosité est essentiellement due à la fonction de masse initiale des étoiles, qui est elle-même causée par la fragmentation des nuages protostellaires. Or, les astronomes ont cherché pendant des décennies à trouver des différences dans cette fonction de masse initiale et ce n’est que tout récemment qu’ils ont réussi à mettre en évidence des différences, et ce uniquement dans le cas des galaxies elliptiques. Or, pour ce que l’on en sait, la Galaxie de Star Wars est une galaxie spirale (de type Sa à Sc selon les cartes, notre propre galaxie était une SBbc). La distribution de la luminosité des étoiles devrait donc être essentiellement la même.
Un autre élément astronomique incorrect qui m’a choqué est la vision d’un anneau planétaire fait de gros astéroïdes. On avait fait exactement la même erreur dans le cas du champ d’astéroïdes de l’épisode V. Dans les deux cas, ils sont beaucoup trop denses. Dans la nature, des tels objets se condenseraient en plusieurs petits objets ou se désagrégeraient en de fines particules de sorte qu’ils soient composés essentiellement de vide. Cela a pour conséquence, que l’on peut passer à travers sans même s’en apercevoir.
Le dernier point qui est le plus embêtant est la vitesse du Faucon Millenium qui est beaucoup trop élevée. Le problème n’est pas tant qu’il s’agisse, selon la chronologie officielle, d’un vaisseau de 94 ans (après tout, les bombardiers B-52 resteront en opération pendant quasiment 80 ans), mais qu’il va trop vite pour faire une histoire cohérente.
Le problème se présente ainsi. En science-fiction, les auteurs font face au problème de l’horizon. L’horizon représente la frontière de l’espace exploré au-delà duquel se trouve l’inconnu. Le problème qui se pose est le suivant. L’espace étant essentiellement vide, les vaisseaux doivent se déplacer rapidement pour couvrir les distances séparant les étoiles, mais s’ils sont trop rapides, il ne reste plus d’espace inexploré.
Par exemple, notre galaxie fait 100 000 années-lumière de diamètre. Pour maintenir une partie de l’espace caché, il faut que celui-ci ne soit pas atteignable en un temps raisonnable (minimum plusieurs mois, voire plusieurs années). Cela impose une vitesse maximale d’exploration de l’ordre de 10 000 fois la vitesse de la lumière. Dans ces conditions, le temps de transit entre les étoiles proches se compte en heures et en jours. Il est à noter que c’est quasiment aussi une vitesse minimale pour avoir une action rapide, sinon le gros du temps se passe en transit. À moins de vouloir faire du transit le sujet de l’action, les auteurs de science-fiction contournent généralement ce problème en plaçant leur personnage en sommeil pendant la durée du voyage.
Or, dans Star Wars on sait que le Faucon Millenium va beaucoup plus vite que cette limite. En se basant sur le temps de transit entre Tatooine à Alderaan dans l’épisode IV et la distance donnée dans la carte officielle on arrive à une vitesse d’environ 1000 années-lumière/heure, soit approximativement 8 millions de fois la vitesse de la lumière! À cette vitesse, il ne faut que quelques jours pour explorer toute la Galaxie, il ne devrait rester donc aucune région inconnue ou inexplorée.
En parlant de vitesse, faire «la route de Kessel en 12 parsecs » ne fait pas de sens du point de vue physique. En effet, un parsec est une unité de distance valant 3,26 années-lumière. Une des explications officielles est que la route de Kessel est longue normalement de 18 parsecs en raison de la présence de trous noirs. Han Solo se vante alors d’avoir pris un chemin plus rapide, mais beaucoup plus risqué. Sauf que cela voudrait dire qu’il a pris des risques énormes pour sauver à peu près une minute de temps de transit, ce qui ne fait guère de sens.
Je propose donc une explication alternative et originale. En effet, quand on étudie la relativité on utilise souvent une transformation du système d’unités de mesure où les vitesses sont normalisées à la vitesse de la lumière et par conséquent n’ont pas d’unité. Ainsi, un 30 000 km/s, un dixième de la vitesse de la lumière, s’écrit 0,1. Cela a pour conséquence que l’unité de temps est le mètre et l’unité de distance la seconde. Si l’on utilise cette convention, utiliser une unité de distance pour parler de temps. Évidemment, il faut ajouter un autre élément parce que le parsec est une unité beaucoup trop grosse. Le plus logique serait que l’unité utilisée serait le microparsec. Le Faucon millénium aurait alors fait 18 parsecs (distance) et 12 microparsecs (temps), ce qui revient à dire qu’il serait allé à 666 000 fois la vitesse de la lumière. Une vitesse exceptionnelle dans un endroit plein d’écueils. Le préfixe micro serait simplement disparu au cours du temps, subissant une aphérèse. Il s’agit d’une évolution linguistique rare en français, mais qui pourrait s’expliquer par la présence de nombreuses langues extra-terrestres.
Ces dernières soulèvent d’ailleurs une question intéressante : comment peut-on parler une langue extra-terrestre si l’on ne possède pas les organes de phonation compatibles?
Bien que je n’y aie pas compris grand-chose, j’ai malgré tout trouvé votre commentaire intéressant, Monsieur Dutil.
Un autre commentaire que j’ai lu concernant cet énième épisode de la saga Star Wars est dans le courrier des lecteurs du quotidien Le Devoir (édition du 30 décembre 2015). En gros, on y dit que ce film est fondamentalement nul à presque tous les points de vue, du scénario à la réalisation.
Un super-navet.
(Dommage car le tout premier Star Wars était vraiment formidable. Une qualité qui est allé en s’étiolant au fil des suites de plus en plus insipides.)
Il semble que la critique du premier Star Wars avait été passablement négative. Remarquez que la même chose s’est produit avec la première série Star Trek. L’engouement est venu lors des rediffusions.
Pour ce qui est du texte du Devoir.
http://www.ledevoir.com/culture/cinema/458996/star-wars-de-la-vacuite-de-la-cinematographie-postmoderne
Juste comme cela, quel est le point que vous avez le moins compris dans mon texte.
Hum… Le point que j’ai le moins compris? Ce qui concerne le volet scientifique, avec ces «années-lumière/heure», «parsecs», «microparsecs» et tous les raisonnements qui gravitent autour de ces notions peu familières si on n’est pas soi-même issu du domaine scientifique.
N’empêche, ça m’intéresse. Même si je n’y comprends que fort peu. Tout comme je me suis il y a très longtemps déjà intéressé à Carl Sagan ainsi qu’à Hubert Reeves.
Et puis, à force d’être curieux, on finit par absorber ici et là quelques éléments…
Normalement, l’année-lumière et le parsec sont des unités de distance. L’année-lumière est la distance parcourue par la lumière en un an. Le parsec est une unité de distance semblable qui vaut 3,26 années-lumière. Le problème est que Han Solo se vante que le Faucon Millenium a fait une course en 12 parsec. C’est comme dire «J’ai fait un marathon en 30 km», ce qui ne fait pas de sens.
Alors, on s’amuse à essayer de trouver une explication.
En tant qu’enseignant, on commet plusieurs erreurs pour expliquer les notions 3D, alors j’imagine que pour faire un bon film, il fallait en discuter avec des spécialistes du domaine au moins.
Attention! Il n’est pas essentiel d’avoir tous les détails techniques corrects en science-fiction. Cependant, il est important de ne pas faire d’erreurs trop fondamentales. Ce n’est pas parce que l’on est dans un univers fictif qu’il ne faut pas être cohérent.
J’ai lu le lien sur les « conséquences économiques » de la destruction des étoiles de la mort et de la mort de Palpatine. Exercice de style intéressant.
Mais qui suppose qu’un empire galactique aurait les mêmes structures bancaires et financières que notre monde actuel. Comme si l’économie n’évoluait pas avec le temps. Avec l’expansion galactique et les défis qu’ils posent. Et au contact de milliers d’espèces intelligences non terrestres avec des manières de penser très différentes.
Il suffit de voir à quel point un évènement beaucoup plus restreint et de faible portée comme la découverte de l’Amérique où vivait des humains (et non des extra-terrestres) a bouleversé le système économique (c’est ce qui a créé le capitalisme, rien de moins) pour réaliser que cette prémisse est sans fondement.
Exercice rigolo, mais très vain.
Je ne suis pas près à dire que le capitaliste est né de la découverte de l’Amérique. Le capitalisme existait depuis bien plus longtemps. Sauf que plein de nouvelles ressources sont soudainement devenues disponibles.
Dans le cas, de l’étoile de la Mort, le coût pour l’Empire devait être considérable destruction de l’étoile de la mort II ayant entraîné la morts de 2,5 millions de personnes.
Le capitalisme n’existait pas « bien avant » la découverte de l’Amérique. C’est une théorie économique né à la fin du XVIIIe siècle à al suite d’Adam Smith, à partir des travaux des physiocrates français. A partir des bouleversements causés par la découverte de l’Amérique, sa conquête et sa colonisation, et des voyages de découvertes qui s’en sont suivi.
La structure économique et bancaire du XVe siècle n’a strictement rien à voir avec celle d’aujourd’hui, même de loin.
Et les modèles économiques (très sommaires) d’avant le capitalisme (le « mercantilisme ») reflétaient la situation de l’époque médiévale: Un monde où la population, la richesse, la production, la consommation, … étaient relativement stables, avec des fluctuations, mais autour d’une base stable. Et où la terre était la mesure de la richesse, et non pas l’argent. La spéculation, les assurances n’existaient pour ainsi dire pas.
Le capitalisme n’a inventé, ni l’argent, ni l’entreprise privée, qui sont apparus au début de l’Antiquité.
Pour les physiocrates, la richesse provient de la Terre. Ils sont les fondateurs de l’économie biophysique. Je ne me souviens pas d’avoir lu une référence à eux par Adam Smith, qui traite plus d’échanges économique et de division du travail. D’ailleurs, en économique biophysique, Smith confond capital et énergie.
Pour ce qui est des autres mécanismes économiques. Les bourses par action existaient bien avant la découverte de l’Amérique. La spéculation aussi. Socrates aurait spéculé sur la production d’huile d’olive.
Les réserves fractionnaires sont effectivement apparues après la découverte de l’Amérique. Le premier exemple est la banque d’Amsterdam en 1609.
Ce qu’a permis la découverte de l’Amérique, c’est l’augmentation rapide du capital (de l’énergie disponible). Augmentation, qui s’est amplifiée avec l’industrialisation et l’utilisation de carburants fossiles.
D’entrée de jeu, je tiens à préciser qu’en écrivant le commentaire ci-haut je n’imaginais pas déclencher un débat. Et contrairement à l’impression que cela peut donner, je ne cherche pas à contester votre article, avec lequel je suis entièrement d’accord (j’ajouterais même deux ou trois petits détails qui m’ont agacé dans l’épisode I : La menace fantôme). Et je partage totalement votre horreur des midichloriens, dont la notion même, si elle avait été conservée aurait exigé des changements substantiels dans l’univers Star War et l’ordre des Jédaï.
Et j’ai même le lien que vous avez donné (et qui a motivé mon commentaire initial) avec beaucoup d’intérêt et de plaisir.
Cela dit, pour continuer respectueusement notre discussion sur le système bancaire et le capitalisme :
1) Il est vrai que les physiocrates se distinguent d’Adam Smith par leur postulat que l’agriculture est la seule activité réellement productive. Si Adam Smith n’avait pas innové par rapport à eux, on parlerait de « système physiocrate » et non de « système capitaliste ».
Cependant, les physiocrates ont fait œuvre de précurseurs et ont préparé le terrain pour Smith : Ils ont été les premiers à tenter de faire de l’économie une étude à part entière, découpée de toute considération morale, religieuse et, dirions-nous aujourd’hui, sociale. Ils ont été aussi les premiers à s’intéresser aux sources de la création de la richesse, à prétendre qu’il existe des « lois naturelles » régissant l’économie, à tenter d’étudier les échanges à travers des diagrammes de flux et de stock pour déterminer la circulation de la richesse, à étudier la balance commerciale intérieure et extérieure, à prôner le « laisser-faire, laisser-passer » cher aux néo-libéraux, à prôner du coup l’abolition des guildes (ce qui va bouleverser la société d’ordres pour en faire une société de classes) et des réglementations gouvernementales (entre autres sur la circulation des céréales et les tarifs douaniers), à établir que le travail était la base de la création de la richesse, que la richesse d’un pays ne se mesure pas uniquement par la richesse du souverain (l’État) mais par celle de l’ensemble des habitants, … Toutes choses que reprendre Adam Smith.
Que ce dernier n’ait jamais cité explicitement les physiocrates est très possible, mais ne prouve rien (il ne parle jamais non plus de l’esclavage, alors que la traite des esclaves a joué un rôle fondamental dans la création du capitalisme et du système bancaire moderne). Surtout quand on considère les très nombreux points communs entre les deux doctrines et le fait qu’il ait rencontré personnellement Quesnay, le fondateur de la pensée physiocrate lors de son célèbre voyage, 10 ans avant de publier « La richesse des nations ».
Soulignons au passage qu’Adam Smith a écrit son écrit fondateur de la théorie capitaliste que près de 3 siècles APRÈS la découverte de l’Amérique. On est loin du capitalisme existant « longtemps avant » cette dernière.
2) Oui les bourses, la spéculation et les banques existaient avant la découverte de l’Amérique. Comme pour l’argent et l’entreprise privée, le capitalisme n’a pas tout inventé.
Mais toutes n’existaient qu’à un niveau très local et ne jouant qu’un rôle peu dérisoire dans l’économie globale de l’Europe. Et étaient essentiellement des affaires purement individuelles, ou à la limite familiales. La « bourse de Bruges » au XIIIe siècle n’était guère plus qu’une réunion de marchands locaux qui avaient pris l’habitude de se réunir dans la maison de l’un d’eux (la famille van der Buerse, d’où le nom de Bourse). Rien à voir avec la Bourse de Londres au XIXe siècle ou les bourses modernes.
Les « banques » n’étaient en fait que des banquiers : des particuliers qui prêtaient sur gages. Les faillites étaient aussi fréquentes que peu importantes sur l’économie. La seule grande banque européenne d’avant 1492 était la banque des Médicis. Et elle n’a été fondée qu’en 1397 pour disparaître en 1478 (soit à peine 81 ans d’existence), sans que cela chamboule l’économie; et c’était de loin la plus grande. On est très, très loin, des banques actuelles faisant des affaires à travers le monde et encore plus des conglomérats bancaires actuels où les grandes banques sont imbriquées.
3) Pour ce qui est de la spéculation, comme je le disais, elle était très localisée, à la fois sur les domaines et dans l’espace, et souvent ponctuelle aussi dans le temps. Pas inexistante, mais de faible amplitude et sans effet sur l’économie globale de l’Europe (encore moins du monde).
L’existence des « produits financiers » actuels, créés explicitement dans un but purement spéculatif, était impensable. Même à l’époque d’Adam Smith, l’idée aurait été considérée comme une aberration. Encore plus au XVe siècle.
Pas de spéculation sur les terres, puisque celles-ci n’étaient pas en vente libre. Peu de spéculation sur les denrées alimentaires (sinon de manière très locale et ponctuelle), puisque celles-ci voyageaient très peu.
Pas de spéculation comme tel sur les monnaies. Oui, certains gros marchands pouvaient jouer sur les taux de change pour augmenter leur profit, mais ce n’est pas de la spéculation en temps que tel, les monnaies n’étant alors pas considérée comme des « marchandises » comme c’est le cas aujourd’hui. Et ces manœuvres d’une poignée de marchands ne jouaient pas un rôle sur la valeur des monnaies. Celles-ci étaient beaucoup, beaucoup plus affectées par les gens qui rognaient les pièces pour en détacher une petite partie des métaux précieux et par les alliages que les souverains y introduisaient dans des tentatives de s’enrichir en faisant circuler des pièces dont la valeur des composantes était moindre que la valeur nominale des pièces.
4) Je n’ai lu nulle part que la découverte de l’Amérique a été rendue possible par « l’augmentation rapide du capital ». Dans le cas de la révolution industrielle en Angleterre au milieu XVIIIe siècle, oui, c’est un des facteurs (avec d’autres, comme les « enclosures » qui, en ruinant des milliers de petits agriculteurs a provoqué un exode rural et la création d’un vaste réservoir de main d’œuvre très bon marché).
Pensons que « l’investissement » de la couronne espagnole dans l’expédition de Colomb n’était que la fourniture de trois minuscules caravelles (en fait deux caravelles et une caraque), des titres de noblesse (qui ne coûtent rien) et des promesses (qui n’ont pas coûté très cher).
En comparaison, quelques décennies plus tôt, l’empereur de Chine avait financé plusieurs expéditions d’exploration dans l’Océan Indien, se rendant jusqu’en Inde et même en Afrique orientale. Chacune de ces expéditions comptaient des centaines de navires, chacun avec un plus gros équipage que l’ensemble de la flottille de Colomb. Et cela sans système bancaire et sans capitalisme.
Ce que j’ai lu, c’est que loin d’être la conséquence de l’augmentation du capital et la création d’un réseau bancaire moderne, la découverte de l’Amérique, celle-ci en serait plutôt la cause : L’exploiter et la conquête des nouvelles terres et les expéditions commerciales ramassant les esclaves en Afrique pour les échanger contre les produits américains (sucre, café, plus tard coton), généraient de grands profits qui étaient réinvestis pour plus de conquêtes, d’exploitation et d’expéditions commerciales. Et dès les premières mises de fond, les marchands et banquiers devaient se regrouper pour réussir à amasser suffisamment d’argent. Avant la découverte de l’Amérique et ses suites, aucun grand projet n’avait nécessité autant d’argent, ni le regroupement d’autant d’intérêts.
Ce qui semble avoir rendu possible la découverte de l’Amérique ce serait plutôt les nouvelles innovations, plusieurs transmises par les Arabes : boussole, sextant, cartographie navale, gouvernail d’étambot, voile latine. Même l’imprimerie accélérera le processus en répandant rapidement les récits des voyageurs.
Et bien sûr un contexte politique favorable : L’Espagne venait de compléter la Reconquista par la prise de la Grenade la même année et la prise de Constantinople par les Turcs, comme l’effondrement de l’empire mongol rendait le commerce de la soie et des épices très problématiques pour les Européens, poussés à chercher des routes alternatives.
5) Tout cela me fait dire que l’article qui a démarré cette discussion entre nous n’est un exercice de style, très intelligent, mais ne peut en aucun cas représenter la réalité d’un empire galactique.
Comment croire un instant qu’un tel empire, regroupant des milliers de planètes habités et des milliers, voire des dizaines de milliers, de milliards d’habitants, puisse s’être développé avec un système économique copié sur notre système actuel, qui opère à une échelle infiniment moindre et n’est pas conçu pour répondre aux défis « galactiques » ?
Un peu comme si on extrapolait la république romaine d’avant les guerres samnites pour imaginer que l’empire romain sous Trajan auraient les mêmes bases sociales, politiques, économiques et financières après 6 siècles de conquête et d’existence impériale. A une échelle multipliée par des millions.
Il faudrait aussi croire que notre système est tellement efficace (malgré les crises spéculatives cycliques « normales » aux trois ans) qu’il pourrait répondre à ces défis sans en être le moins du monde altéré. Que les découvertes technologiques nécessaires à l’établissement et au fonctionnement d’un tel empire n’auraient aucun effet sur la structure économique et bancaire. Que notre système bancaire qui roule dans un monde comptant de nombreux pays avec de nombreuses monnaies est idéal pour un empire galactique avec un système monétaire unique et qui n’a aucun partenaire commercial disponible.
Sans compter qu’il faudrait croire que le contact de milliers d’espèces extra-terrestres ayant chacune une histoire et une vision du monde (donc de l’économie) différente n’aurait strictement aucun effet sur la manière de penser des humains. C’est fort l’humano-centrisme, mais à ce point ?
Il y a une petite incompréhension ici. J’ai dit : «Ce qu’a permis la découverte de l’Amérique, c’est l’augmentation rapide du capital (de l’énergie disponible).» pas ce qui a permis.
L’autre chose importante est l’augmentation importante de l’efficience du transport sur l’économie. Ce qui est remarqué par Adam Smith.
Dans un contexte galactique, cela veut dire que les échanges matériels sont nécessairement limitée, car il y a très peu de bien que mérite les coûts de déplacement.
Je ne vois pas ce qui vous dérange dans l’histoire des midichloriens de la deuxième trilogie. A l’époque, je n’avais pas entendu parler des mitochondries, des chloroplastes et encore moins de la théorie de l’endosymbiose. Je trouve ça élégant d’expliquer le contrôle de la Force par des organites, et d’y donner une base scientifique.
Qu’est-ce qui vous gène à ce propos ?
Parce que c’est une grosse stupidité! C’était pas nécessaire d’expliquer le fonctionnement de la force par une explication scientifique, parce que c’est un truc surnaturel. De plus, les midichloriens, ce n’est pas scientifique non plus.
J’adore Star Wars, pas nécessairement pour l’histoire ou les personnages (et encore moins pour la science derrière) mais plutôt pour toute la passion que ça génère 🙂
Le scénario peut être considéré comme « simpliste » ou linéaire (pour une histoire complexe, regarder la série Battlestar Galactica version 2003, ou bien le prometteur The Expanse), mais l’univers créé est riche et laisse le spectateur imaginer ce qu’il veut. On peut broder plein de choses tout autour comme, par exemple, une étude du système économique ou une théorie sur la distribution des étoiles dans le ciel !
En bref, ça fait aussi du bien d’avoir des films ou tout n’est pas réaliste et qui laisse libre cours à l’imagination.
Le problème de la résolution des étoiles dans le ciel en est un de visualisation sans plus.
Ceci dit, Star Wars n’est pas particulièrement imaginatif. L’histoire est des plus simplistes, ce qui en fait probablement sa force commerciale.
Tout bon vendeur connaît le principe fondamental du succès en ce qui concerne la vente de quoi que ce soit: le principe KISS.
Ce qui signifie Keep It Simple Stupid.
Un principe qui transcende tous les domaines où la clef de la réussite consiste à convaincre que ce qui est proposé est ce qui est le plus approprié. Un principe qui vaut autant dans le commerce des biens ou des services, des divertissements, aussi bien qu’en politique. Il faut rejoindre le plus simplement possible le maximum d’adhérents à ce que l’on propose. Autrement, c’est le bide…
C’est évident, mais on pourrait quand même compliquer les choses un peu pour enrichir l’histoire. Par exemple, Jar Jar Binks pourrait être un seigneur Sith!