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La semaine des bizarreries astronomiques

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La semaine dernière, deux nouvelles scientifiques démontrant qu’il y a encore des choses à découvrir dans l’espace ont fait la manchette.

La première portait sur l’étoile KIC8462852. Cela ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais il y a quelques mois on avait annoncé qu’il y avait peut-être (au superconditionnel) une civilisation extra-terrestre autour de cette étoile parce que la luminosité de cette dernière fluctuait d’une façon particulièrement bizarre. J’avais alors fait un billet à ce sujet.

Depuis l’annonce de cette découverte, plusieurs se sont intéressés à cette étoile. Ainsi, on n’a pas détecté de signal radio entre 1 to 10 GHz minimum. Il est à noter que l’émetteur doit tout de même être 200 fois plus puissant que le radiotélescope d’Arecibo, qui est le plus puissant émetteur sur Terre. Pas de détection non plus d’impulsions lumineuses ultracourtes produites artificiellement. Donc, aucune évidence d’extra-terrestre.

On n’a pas non plus rien détecté dans l’infrarouge et ni dans le domaine millimétrique, ce qui impose de fortes contraintes sur la présence de poussière autour de l’étoile. En fait, cette étoile est parfaitement banale si ce n’était des baisses rapides et très importantes de luminosité détectées par la mission Kepler. Jusqu’ici, l’hypothèse la plus probable était la présence d’un nuage de comètes cachant la lumière de l’étoile. Sauf que de nouvelles données viennent tout remettre en question.

En fait, il s’agit de vieilles données astronomie. L’astronomie étant la plus vieille des sciences, il y a des montagnes de mesures historiques. Ainsi, la plus ancienne comète répertoriée par Gary Kronk dans sa Cometography a été observée en 674 avant notre ère. L’étude des supernovas historiques remonte jusqu’en 185 de notre ère. Celle des changements dans la vitesse de la rotation de la Terre par l’observation des éclipses de Soleil remonte jusqu’en 700 avant notre ère.  Alors que celle des taches solaires remonte jusqu’en 1610. Dans le deux derniers cas, ces observations contribuent à une meilleure compréhension des changements climatiques et de leur conséquences. Un usage certainement imprévu à l’origine, qui illustre l’importance de tenir ses cahiers de notes en ordre.

Dans le cas qui nous intéresse, les chercheurs ont examiné la collection de plaques photographiques de l’université Harvard qui contient des observations qui remontent jusqu’en 1890. Or, il apparait que la luminosité de l’étoile a diminué de 20 % en un siècle. La taille du nuage de poussière nécessaire pour produire une telle extinction serait totalement colossale de sorte que l’hypothèse du nuage de comètes ne tient pas la route. En effet, s’il ne faut que 26 comètes géantes pour observer la baisse de luminosité observée par la mission Kepler, il en faudrait 640 000 pour expliquer la baisse observée sur un siècle! Bref, on retourne à la case départ et on doit trouver une nouvelle explication au phénomène. À suivre donc.

Deuxième bizarrerie astronomique, il y aurait une neuvième planète dans le système solaire. Non, on n’a pas ramené Pluton dans le rang des planètes, mais on a trouvé des indices de la présence d’une planète située bien au-delà de son orbite par les perturbations qu’elle produirait sur les objets transneptuniens.

L’objet en question aurait une masse de l’ordre de 10 fois celle de la Terre, et circulerait sur une orbite à une distance moyenne de 700 fois la distance de la Terre au Soleil, qu’elle parcourrait en 18 500 ans. Toutefois, son orbite était elliptique, sa distance se rapprocherait jusqu’à 200 fois la distance Terre-Soleil, mais s’éloignerait entre 500 et 1200 fois cette dernière. Selon toute vraisemblance, il s’agirait d’un objet éjecté lors de la formation du système solaire. Chose à noter, elle passerait tous les critères de l’Union Astronomique Internationale pour être une «vraie» planète.

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Orbite hypothétique de la neuvième planète

Si un jour, on confirmait son existence, ce serait un événement dans une longue suite historique. Ainsi, l’astéroïde Céres a été découvert en 1801 à la suite d’une recherche systématique. En effet, les astronomes de l’époque considéraient qu’il devait y avoir une planète dans le grand vide entre Mars et Jupiter. Cette découverte fut suivie de celle de Neptune en 1846, dont la position avait été calculée à 1° près par l’astronome français Urbain Le Verrier. En effet, l’existence de cette planète avait été déduite du mouvement anormal de la planète Uranus découverte par hasard en 1781. Chose étonnante Neptune avait été vue par Galilée en 1613, Jérôme Lalande en 1795 et John Herschel en 1820, mais aucun ne l’avait reconnu comme planète.

Ceci dit les succès de cette nature sont rares. Ainsi, Le Verrier proposa la planète Vulcain pour expliquer le comportement anormal de l’orbite de Mercure. Cette planète n’existe pas, mais est expliquée par la relativité générale, ce que Le Verrier ne pouvait savoir. Dans le système solaire externe, il y a eu une multitude de propositions de planète X. La dernière en liste datant d’il y a quelques mois À force de chercher, on a bien fini par trouver Pluton en 1930, mais cette dernière ne correspondait en rien aux calculs.

Pour ce qui est de la dernière candidate en lice, sa confirmation ne sera pas facile. En effet, puisqu’elle n’a pas encore été découverte par les programmes de surveillance actuels, tout indique qu’elle se trouve à plus de 500 fois la distance de la Terre au Soleil. Elle est donc très peu lumineuse. Pis encore, elle se trouverait présentement dans le plan de la Galaxie, donc cachée parmi des millions d’étoiles. Aussi bien trouver une aiguille dans une botte de foin.