Samedi dernier, La Presse publiait un dossier sur le rap québécois. Loin de moi l’idée de le commenter ou de le concurrencer, mais comme – le même jour – je devais interviewer PDox – rappeur solo, mais aussi membre du duo Jam & PDox (d’où la photo) ainsi que du collectif K6A – pour un article à paraître dans le Voir de ce jeudi, la discussion nous a justement amenés à aborder ce pan de la musique locale. Comme le constat du rappeur est aussi fourni qu’intéressant, je préfère donc publier l’échange sur mon blogue, plutôt de le tronquer à outrance sur papier. Les fans de jeux vidéo diront que c’est du DLC gratuit, les cinéphiles, eux, y verront une scène coupée au montage, mais récupérée pour la version «Director’s Cut» du DVD. Bref, du contenu en extra…
Et vous, la situation du rap locale vous préoccupe-t-elle? Ça ne nous préoccupe pas vraiment. On fait notre affaire et on se dit que le monde va le prendre tel quel et c’est comme ça qu’on demeure original. On en parle entre guillemets, en abordant les clichés d’avant.
Les clichés d’avant? Que veux-tu dire? Depuis deux, trois ans, il y a beaucoup de belles choses qui sortent au Québec, mais pendant longtemps, on a eu droit au cliché de la toune triste à la «ma blonde m’a laissé pis la vie, c’est de la marde», etc., et c’est toujours aussi populaire si tu te promènes un peu sur les réseaux sociaux et nous, on a toujours tenté de se dissocier de ça. On tente d’identifier pourquoi l’identité du rap queb’ tourne autour de la toune tristounette «ça ne va pas bien». C’est très pleurnichard.
Pourtant, la «nouvelle vague» actuelle a d’autres préoccupations que le spleen de Sir Pathétik, par exemple… Oui. Depuis deux, trois ans, les gens de ma génération imposent leur truc. Le plus bel exemple, c‘est Loud Lary Ajust dont tout le monde parle et avec raison. Ils ont créé leurs niches, ils ne se sont pas dit «On va tenter de “fitter” dans le moule». Tu ne peux pas être original en faisant du Sir Pathétik, en imitant quelqu’un d’autre! Que ce soit Loud Lary Ajust ou Alaclair, qui ont explosé, ou les Dead Obies, qui s’en viennent. On dirait qu’on est en train de vivre un deuxième golden age du rap québécois.
Intéressant. Peux-tu cerner le premier golden age? Ce qu’on surnomme le premier golden age, c’est le début des années 1999-2002 où sont sortis les albums de Muzion, Rainmen et de Sans Pression. C’était bon. Tu l’écoutes encore aujourd’hui pis tu te rends compte que ça a bien vieilli.
Ils faisaient leurs propres trucs aussi. Ça ne sentait pas l’imitation ou la pâle copie… C’est ça le shit quand tu veux être the flavor of the month. Souvent, la musique ne vieillit pas bien. Nous, ce qu’on se dit, c’est qu’on veut faire de la musique intemporelle, autant dans les paroles – qui sont attachées au contexte de l’époque – que dans la musique – qui peut être détachée. Prends les Beatles, c’est toujours aussi bon!
PDox, Jam et Maybe Watson seront concert le vendredi 25 janvier à la Maison de la culture Maisonneuve. Kosséça, le premier disque « officiel » du K6A, est disponible au k6a.tv.