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POP MTL 2013 : Mass:Light et autres divagations

Contrairement à certains collègues, je dois vous avouer que je passe un très bon Pop Montréal 2013 à ce jour. Même que… je ne reconnais plus la fameuse foire.

En plus de compter sur sa surdose d’artistes obscurs dans des salles glauques qui, l’année suivante, présenteront des spectacles à guichets fermés dans des lieux plus propices, la réputation de Pop Montréal s’est aussi bâtie sur un horaire bordélique (trop de concerts en trop peu de temps et plusieurs d’entre eux débutent souvent en retard) et son personnel rébarbatif (envoyer des bénévoles ne parlant que l’anglais au portillon de bars sur Saint-Denis? What could go wrong, en effet!).

Mais bon, du passage au Quartier général pour récupérer ma passe média jusqu’au saut au happening de Murray Lightburn hier, j’ai eu droit à un service courtois et en français. Bref, je me sentais comme dans une pub de la nouvelle campagne publicitaire de la Société Saint-Jean Baptiste…

Mieux encore, Mass:Light – l’opérette space rock solo de Murray Lightburn, leader des Dears – n’a débuté qu’avec quelques minutes de retard. Une dizaine de minutes après l’heure prévue plutôt que près d’une heure pour un concert de fin de soirée à Pop Montréal? Mais qu’est-ce qui se passe ici?!

N.B: Certains néophytes liront ce passage et se diront « Quel puceau, ce Péloquin! Prendre autant d’espace pour mentionner quelques minutes de retard… » Mais vois-tu, ô interlocuteur imaginaire, l’événement a pris du galon au cours des dernières années et avec ce flux de spectateurs et de médias, vient une certaine rareté et comme l’un des avantages des passes journalières du festival est de, justement, sauter d’un petit concert à l’autre, la justesse est de plus en plus de mise.

M’enfin, je m’égare. Revenons à Mass:Light

Bien qu’en entrevue, le chanteur ténébreux nous avait donné un avant-goût de l’événement – «Si je devais vraiment le résumer, je dirais que c’est une rencontre entre le karaoké, le théâtre et peut-être bien un show de lumières!», disait-il -, les quelques spectateurs réunis à la Fédération Ukrainienne ne savaient pas trop à quoi s’attendre à en juger par l’ambiance électrique précédant la levée du rideau. Va-t-il vraiment faire du karaoké sur ses propres pistes? Le gars mentionnait également des références à la science-fiction lors d’entretiens avec des journalistes.

Après quelques pièces de Kate Bush diffusées dans les haut-parleurs (pourquoi pas!), on tirait finalement le tissu ocre hors de la scène pour nous révéler une scène particulière : au centre, un lit funéraire surplombé d’une toile pour des projections; à la droite, un batteur revêtant une cape noire à mi-chemin entre ce qu’un druide porterait dans un congrès et ce qu’un suppôt se Satan enfilerait un dimanche; puis, à gauche, deux choristes tout de blanc vêtus, ailes y comprises. Bref, c’est gros. « Gros » avec des guillemets, plutôt. C’est la version italo-disco de la science-fiction, même.

Puis Lightburn apparaît finalement – sur écran – entonnant Motherfuckers, premier extrait de son album solo. Il y a de la friture sur l’image ainsi que sur la voix puissante de l’artiste? Concept ou sono déficiente? Puis, le chanteur apparaît – micro sans fil scotché au visage – sur la scène lilliputienne, bousculant ses anges au passage, là où sa voix résonne finalement. Soulagement.

Sur ce, que dire de l’événement en soi?

Mass:Light est une excellente idée en soi, mais elle n’est pas encore aboutie, contrairement aux pièces, tout de même intimistes bien que bardées de textures et réalisées à bout de bras, qui se tiennent par elles-mêmes (si ça vous dit : voici un lien vous menant à la critique du disque par le collègue Olivier Robillard-Laveaux). Comme Lightburn l’a mentionné au public une fois le rideau refermé, ce spectacle se voulait une version « diète » du film à venir qui accompagne cette trame sonore. Bref, la sono était déficiente, la mise en scène un peu quelconque (le chanteur s’absentait souvent de la scène pour une raison qui demeure nébuleuse), les costumes manquaient de subtilité et un peu, voire beaucoup, plus de contexte pour accompagner le récit mis en chansons par Lightburn aurait été souhaité. Aussi, bien que la Fédération ukrainienne soit une belle salle vénérable, celle-ci n’était pas l’endroit rêvé pour y voir et entendre une saga futuriste. Pire encore, l’éclairage au néon très « cafétéria » du bar, situé à gauche de la scène, faisait de l’ombre à ce qui se déroulait en avant-plan.

Bref, à l’image de son groupe culte – qui persiste et signe malgré vents et marées – Lightburn tient ici quelque chose de très prometteur et qui gagnerait beaucoup d’aplomb sur les planches avec un peu plus de moyens, de contexte, voire de musiciens afin de ne pas être condamné à suivre la bande-son diffusant les versions instrumentales de ses pièces. Bref, Mass:Light est une excellente idée en soi, mais tout comme avec les Dears, les Dieux du rock semblent se liguer pour lui faire la vie dure. On espère donc revoir Mass:Light bientôt, seulement si on a droit à une version revue et améliorée.

Site officiel de Murray Lightburn : masstolight.com

Histoire de se laisser sur une meilleure note…

une petite suggestion pour vos aventures de ce soir : Le Trouble. Du bon rock pop sans prétention… outre voler nos blondes. C’est au Quai des Brumes en compagnie de Sing Leaf, Facts et Caged Animals et ça commence à 21h30.