Laurent Duvernay-Tardif: la piqure de l'art contemporain
Arts visuels

Laurent Duvernay-Tardif: la piqure de l’art contemporain

Entre ses matchs avec les Chiefs de Kansas City et la fin de ses études en médecine, Laurent Duvernay-Tardif a trouvé le temps de devenir ambassadeur de la foire d’art contemporain Papier, qui s’amorce ce vendredi à l’Arsenal.

«Je trouve ça important de sortir du monde du sport, car avec un contrat comme je viens d’avoir, ça pourrait être facile d’oublier qui je suis», répond le footballeur quand on lui demande ce qui l’a poussé à être co-porte-parole de cet évènement. «La médecine et l’art, c’est ça qui me permet de rester groundé.»

Collectionneur d’art, le quatrième garde le mieux payé de toute la NFL a eu son premier contact avec Papier il y a plus de cinq ans, lorsque l’évènement se déroulait sous un chapiteau dans le centre-ville de Montréal. À la base, c’est sa copine, étudiante en histoire de l’art, qui l’avait trimballé là-bas. «J’ai tout de suite trouvé ça super. Tellement que j’y suis retourné sans ma copine lorsqu’elle travaillait en Italie», dit-il. «Selon moi, c’est l’évènement où c’est le plus facile de tâter le pouls de ce qui se fait en termes d’art contemporain au Canada. C’est le moment idéal pour stimuler la conversation entre le galeriste, l’artiste et le visiteur, qui forment le triangle du monde de l’art.»

39 galeries canadiennes et plus de 300 artistes présenteront leurs œuvres durant cette 10e édition. Encore une fois, le papier sera déployé sous toutes ses formes, de la sculpture au dessin en passant par les estampes, les collages, les photos et les installations. Au sommet de sa popularité, l’évènement a accueilli 17 000 visiteurs l’an dernier, s’imposant ainsi comme l’une des plus grosses foires d’art contemporain en Amérique du Nord.

Cette année, Laurent Duvernay-Tardif se dit tout particulièrement curieux de voir les œuvres de la galerie Hugues Charbonneau, notamment celles de Karen Tam. L’an dernier, c’est Jacynthe Carrier, artiste de Québec, qui était venu le happer durant sa visite. «J’ai été attiré par l’une de ses photos lors de l’expo, et ça m’a donné envie d’aller sur son site web. C’est là que j’ai découvert une série de photos avec des lampes dans des champs», raconte-t-il. «Je marche souvent avec des coups de cœur comme ça.»

Laurent Duvernay-Tardif. Crédit : Alain Dahan.
Laurent Duvernay-Tardif. Crédit : Alain Dahan.

L’intuition qui le guide à travers cette surprenante passion pour les arts visuels a des racines bien profondes. Jeune, le footballeur a grandi sur un vignoble appartenant à son père, son grand-père et sa grand-mère, elle-même une collectionneuse d’art. «Sur les étiquettes des bouteilles de vin, elle mettait des œuvres d’art de peintres québécois. Durant mon cégep, j’ai eu la chance d’habiter quatre ans avec elle, et c’est à ce moment que j’ai eu la piqure», raconte-t-il. «Après, j’ai rencontré ma copine et, au cours de nos voyages en Europe, elle était ma guide privée. C’est tellement l’fun de visiter un musée avec quelqu’un qui a un background en histoire de l’art et qui peut faire des liens pertinents entre les différents courants et époques.»

Depuis, le Montréalais tente lui aussi d’initier son entourage à l’art. En plus d’avoir trainé quelques-uns de ses camarades des Chiefs à une représentation de Casse-Noisette l’an dernier, il en a initié quelques autres aux First Fridays du Crossroads Arts District, journées mensuelles durant lesquelles les galeries d’art prennent d’assaut les rues du quartier artsy de Kansas City. «L’endroit devient piétonnier, et il y a des happenings dans chaque galerie», explique-t-il. «Autant que Kansas City est assez loin de nous sur certains points, autant qu’elle est en avant de nous sur d’autres. Je me demande pourquoi ce genre d’initiatives n’a pas encore été déployé à Montréal. Ça rendrait les arts visuels encore plus abordables.»

En ce sens, Papier demeure un évènement clé à Montréal, car il démocratise l’art contemporain en le faisant sortir des galeries, là où peu de néophytes osent entrer. Le choix de Laurent Duvernay-Tardif comme ambassadeur vient également confirmer cette volonté. «Moi, je suis juste un passionné», dit-il. «Je suis pas là pour dire ce qui est bon ou pas, mais plutôt pour dire aux gens que l’art contemporain, c’est plus accessible qu’on pense.»

À VOIR À PAPIER 17

Galerie Hugues-Charbonneau : la galerie montréalaise présentera les œuvres de plusieurs artistes, notamment Benoit Aquin, Isabelle Hayeur, Jean-Benoit Pouliot et Karen Tam.

Isabelle Hayeur, Looking Back (série Desert Shores), 2015, courtoisie de la Galerie Hugues Charbonneau.
Isabelle Hayeur, Looking Back (série Desert Shores), 2015, courtoisie de la Galerie Hugues Charbonneau.

Galerie Bernard : située rue Saint-Denis, cette galerie joue d’audace en proposant les oeuvres des artistes visuels Yannick De Serre, Rusdi Genest et Stéphanie L’Heureux.

Yannick De Serre (Notes de chevet)
Yannick De Serre, Notes de chevet, courtoisie de la Galerie Bernard

Yves Laroche : ouverte depuis 1991, la galerie expose des œuvres «d’artistes d’avant-garde alliant graffiti, tatouage, bande-dessinée». On pourra voir celles de Todd James, Evol, Tilt et Blu à Papier 17.

Todd James, Pirate Radio, 2012
Todd James, Pirate Radio, 2012

Galerie Trois Points : fondée en 1988, la galerie située rue Sainte-Catherine représente «un groupe d’artistes dont l’originalité du travail témoigne de la diversité sur laquelle se fonde aujourd’hui le dynamisme du milieu artistique québécois».

Olivia McGilchrist, From Many Sides (2016)
Olivia McGilchrist, From Many Sides, 2016, courtoisie Galerie Trois Points

Papier 17 – Arsenal Art Contemporain – du 21 au 23 avril
Soirée VIP – 20 avril

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