Vie nocturne débridée
Plume a eu ben du fun à Jonquière et Stéfanie Requin Tremblay, elle, y a vu le jour l’année où Nathalie Simard et sa Danse des canards ont vendu plus de microsillons que Céline Dion et Men Without Hats. Fervente de culture pop surannée, du top 40 rock détentesque, l’esthète continue de puiser des idées à même le rack à vinyle de la Maison de quartier de sa ville natale. Dirais-tu que ton art est inspiré par ta région? «Hein! J’ai jamais pensé à ça! C’est une bonne question… T’sais, le côté un peu marché aux puces, friperies, le côté pas mal kitsch. Ça, je pense que c’est important.»
C’est aussi au Saguenay, au Hippo-Club de Jonquière et au Manoir du parc de Chicoutimi qu’elle se découvre une passion dévorante pour le karaoké et le nightlife, disons, légèrement en marge. Un thème récurrent dans sa pratique, un hobby très populaire chez elle et teinté de quelques particularités régionales absolument charmantes. Des exemples? «Il y a plus de Québécois qu’à Québec ou Montréal, en partant. Je pense que la toune que j’entends le plus souvent, c’est le duo de Marjo avec Gerry Boulet, Les yeux du cœur, ou n’importe quoi d’Offenbach. C’est les habitués de la place qui font ces chansons-là.» Pourtant, et de toutes les formes d’art explorées par Stéfanie, seul le chant n’a jamais fait l’objet d’études ou d’un site internet. La mélomane cultive son amateurisme.
Titulaire d’une maîtrise en arts visuels et d’un baccalauréat en cinéma à l’UQAC, madame Requin touche à tout: la rédaction (notamment à Voir sous l’égide de Joël Martel), la poésie (Esthétique bureaucratique), le commissariat (voir la publication rétrospective Obsolescence pop), le collage (ses prints sont fabuleux), le graphisme pour les journaux, la photographie (Hygiène), la recherche télé (Lézarts), l’infographie. Un portfolio hétéroclite et un CV qui témoignent bien de l’entraide et de l’ouverture que les travailleurs culturels et médiatiques prônent dans son coin de pays. Au Saguenay, tous les créateurs se mélangent et échangent. C’est dans les mœurs! «Il y a le Collectif des 3REG [un collectif de création sous contrainte], mais le programme en arts de l’université axe aussi sur l’interdisciplinarité. Tu as quatre volets: théâtre, arts visuels, cinéma et médiation culturelle. Tout le monde est obligé de faire des trucs avec les autres.» Un esprit très communautaire et un goût du partage qui, finalement, n’ont pas grand-chose à voir avec l’isolement que les habitants du Royaume peuvent éprouver quand les tempêtes de neige paralysent la réserve faunique des Laurentides.
Les choix de la rédac
Point de rencontre des artistes locaux, le Cambio sert cafés et concerts. Faut voir la programmation musclée du Sous-Bois, la salle de spectacle aménagée sous la brûlerie.
405, rue Racine Est, Chicoutimi, cafecambio.ca
On passe se prendre une poutine chez Pauline (officiellement: le P’tit St-Do), mythique cantinière des nuits cégépiennes, pour un pique-nique au parc de la Rivière-aux-Sables qui longe la main.
2477, rue Saint-Dominique, Jonquière, 418 695-4343
Jeux de société, cafés aromatisés, crème fouettée et biscuits divins. Telle est la recette du Café Klimt, chaleureux endroit peint aux couleurs des toiles du célèbre symboliste autrichien.
2434, rue Saint-Dominique, Jonquière, 418 695-0100
À Chicoutimi selon Stéphanie…
Un lieu culturel qui se démarque?
Le Bar à Pitons de la Maison Price qui accueille moult musiciens, dont Aistis et Black Velvet ce mois-ci. «On peut faire des feux, y a des chiens, c’est pas montréalisé du tout! Y a de la pétanque aussi. Il y a plusieurs activités ponctuelles: une soirée slam à chaque mardi aux deux semaines, le jam trad/bluesgrass du dimanche, les jazz & scotch le jeudi soir, un micro ouvert à chaque fin de mois.»
110, rue Price Ouest, Chicoutimi, barapitons.com
Une bonne table?
Le restaurant Chez Mamy, l’exquise cantine qui comble les petits et grands creux des fins de soirée bien arrosées. «Le trio Mamy burger, c’est la meilleure affaire au monde. Ce qui rend le burger si spécial, c’est la sauce. Un genre de mayonnaise qui rappelle un peu le Big Mac, il y a du poivre là-dedans, je sais pas trop. C’est une recette secrète!»
76, boulevard du Saguenay Est, Chicoutimi, chezmamy.ca
La plus belle vue en ville?
La terrasse de La Tour à Bières. «D’un côté, tu as la rivière, et de l’autre, la big cathédrale. Moi, j’aime beaucoup les spots nature, mais je fais pas de plein air. Moi, mon sport c’est comme… boire de la bière! Le karaoké aussi.»
517, rue Racine Est, Chicoutimi, latourabieres.com