Cozic : Rose millénaire et autres friandises
Arts visuels

Cozic : Rose millénaire et autres friandises

Inaugurée aujourd’hui même au MNBAQ, la rétrospective de Cozic tend (littéralement) une main au plus grand nombre, aux adeptes d’Instagram en particulier. 

Il en va d’une exposition hautement photogénique et actuelle, d’un hommage à l’oeuvre de ce couple franco-québécois qui a pavé la voie pour Cooke-Sasseville et autres BGL. Animés d’un esprit de rébellion dès leurs débuts à la fin des années 1960, Yvon Cozic et Monic Brassard ont modelé leur pratique en opposition aux diktats des Beaux-Arts en intégrant, notamment, des couleurs franches à leurs sculptures aux formes déjà en rupture avec les Rodin ou Giacometti de ce monde. À leur arrivée sur la scène, les deux complices étaient vraiment uniques, peut-être même un peu dérangeants.

Or, en art, le risque et la fougue finissent presque toujours par payer sur le long terme. 

Vue de l’exposition Cozic. À vous de jouer,   (crédit : C. Genest)

Composé d’une centaine de pièces à voir ou à palper, le vibrant corpus s’avère excessivement ludique, appréciable du premier coup d’oeil. Accessible, dira-t-on à l’intention des néophytes. 

Peluches à caresser, surfaces à tapocher… Les œuvres dites «molles» de la première salle se présentent comme des invitations au défoulement ou au réconfort. C’est aussi une formidable porte d’entrée vers le si singulier univers du duo. 

Surface à boxer et à effleurer, Cozic, 1972   (crédit : C. Genest)

On passe ensuite du côté des pliages, de leur coquette série qui s’articule autour du motif de la cocotte en papier. La récupération, dès les années 1970, s’impose déjà comme une préoccupation importante dans la pratique du couple. Des petites pièces d’origami ainsi regroupées dans des cadres vitrés, on reconnaît des cartons d’invitation pour des vernissages, des restes de colis et des enveloppes. Constituée artéfacts, cette portion de leur travail se lit comme un journal, un carnet de bord. 

Vue de l’exposition Cozic. À vous de jouer,   (crédit : C. Genest)

Mais de toutes les salles investies au rez-de-chaussée du Pavillon Lassonde, c’est assurément celle du faux atelier (voir la photo en bandeau) qui séduit le plus, un heureux bric-à-brac peint au goût du jour qui recèle une quantité impressionnante de maquettes, de modèles réduits. À cet effet, mentionnons le travail absolument exceptionnel de Marie-France Grondin, scénographe et graphiste, une conceptrice de première ligne qui en vient magnifier le travail de Cozic avec brio.

Si Le Code Couronne rebute un tantinet de par son aspect conceptuel et didactique, tranchant par le fait même par l’aspect extrêmement attrayant du reste de leur oeuvre, on y perçoit une volonté tout à fait honorable de se réinventer et d’explorer les mots, les 26 lettres de l’alphabet. À cet effet, justement, le poète Jean-Paul Daoust (collaborateur récurrent de Plus on est de fous, plus on lit!) s’est affairé à construire des haïkus autour dudit lexique, des poèmes qui seront mis en musique par le compositeur Claude Frascadore à l’occasion d’un spectacle multidisciplinaire présenté à l’Auditorium Sandra et Alain Bouchard le 9 novembre prochain. Infos ici. 

Monic Brassard et Yvon Cozic   (crédit : C. Genest)

Animés d’un bouillonnement d’idées perpétuel, Yvon et Monic, respectivement nés en 1942 et en 1944, n’ont que faire de la retraite. Fort est à parier que de nouvelles émules naîtront de cette initiative du MNBAQ, qu’ils continueront de faire de mettre au monde toute une trâlée d’héritiers.

Cozic : À vous de jouer 
Du 10 octobre 2019 au 5 janvier 2020
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Vernissage : mercredi 9 octobre en formule 5 à 7
Performance musicale de Valence