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Critique CD: Behemoth avec « The Satanist »

Behemoth
The Satanist
Metal Blade

En mode “écoute sur album”, je ne peux pas vraiment affirmer que je suis un fanatique de Behemoth. J’ai toujours aimé le groupe mais surtout pour leurs prestations en concert. J’ai vu le groupe à de nombreuses reprises en spectacle et à chaque fois, je suis plus que ravi car je suis toujours éberlué par la dose de puissance délivrée par Behemoth. Dès que je tente le transfert sur une bonne session d’écoute à la maison ou dans la voiture, cet instant d’intensité vécu lors de la prestation en chair et en os ne se poursuit pas, n’étant pas entièrement convaincu par la totalité de l’œuvre offerte sur ce plateau.

Mais un changement s’impose ici, du moins je crois…

Pour une rare fois, je crois aimer un album de ce groupe polonais à sa juste valeur et non seulement par bouts, instants ou parcelles. La grande variété offerte sur The Satanist est venue me saisir par les oreilles. Comme album, je le considère plus varié que ses prédécesseurs, plus large et vaste. Non que le groupe ce soit ramolli, c’est plutôt que les nombreuses subtilités dans l’interprétation m’ont ravi.

Le premier extrait de l’album, et première pièce de l’album, Blow Your Trumpets Gabriel, a mis le ton à cette expérience plus apaisante pour le groupe. Aucunement incisive, cette chanson demeure plus lourde tout en ne mettant pas l’accent sur la vitesse. Pour ce qui est de la vitesse excessive et pour la facette plus acidulée de Behemoth, la seconde te tend les bras car Furor Divinus reste dans les standards imposés par le groupe depuis une dizaine d’années, et ce phénomène se répète avec la suivante, la francophile Messe Noire ainsi que sur Amen.

La thématique satanique demeure le point tournant sur cet album. Malgré une expérience pratiquement divine où le chanteur et guitariste du groupe Nergal s’est remis d’un cancer, il n’a aucunement vécu un ressourcement face au catholicisme mais semble plutôt reconfirmer qu’il a les deux pieds bien ancrés dans les croyances inspirées par le Grand Malin car tout ce qui tourne autour de l’album, en ce qui concerne titres et paroles, sont de grands saluts face à son Maître.

Les subtilités pullulent sur l’album. Les arrangements des guitares sur Ora Pro Nobis Lucifer nous prouvent que le groupe peut créer des ambiances ténébreuses tout en ne mettant pas l’accent que sur la vitesse excessive. La pièce titre, quant à elle, débute sur un gratouillement plutôt cadencé qui n’est pas un truc habituel pour Behemoth. Plutôt harmonieuse, cette pièce fait office de moment terrifiant sur The Satanist grâce à sa parcelle lourde, sa guitare répétitive et sa façade antinaturelle qui s’accentue avec les cuivres proposés dans cette chanson.

Le death métal est l’une des personnalités de Behemoth, avec la chanson Ben Sahar (qui n’est probablement pas en l’honneur du joueur de soccer du même nom) nous pouvons retrouver le groupe en mode death métallique plus que surfin tandis qu’In the Absence ov Light ramène l’enivrement du genre black métallique, qui se veut une autre façade de la personnalité du groupe, en avant plan. La toute dernière pièce du disque, O Father O Satan O Sun!, se veut expérimentale pour le groupe qui propose un climat étouffant accentué avec des instruments à corde et un clavier aux ambiances glauques.

L’expérience offerte par The Satanist se veut réalisable et profitable pour l’amateur, autant que pour le néophyte. Behemoth a probablement visé gros avec cet album, voulant élargir son cercle malsain d’admirateurs. Et ceci risque d’être une mission accomplie pour le groupe, surtout avec la tournée qui s’en vient !

http://behemoth.pl/