Un mois et demi. C’est plutôt rare que je passe une période aussi longue sans aller voir et entendre un concert. J’imagine que le choix n’était pas extravagant en mars… à moins que je me fasse trop vieux? J’avais l’air d’un enfant trop enthousiaste qui entre au Lego Store avec 400$ dans son porte-feuille Angry Birds hier au Club Soda. J’étais prêt à aimer tout ce que j’allais entendre! Et c’est ce qui est arrivé en fin de compte.
Mass Murder Messiah présentait son nouveau chanteur, Alex Leblanc qui partageait son temps, jadis, entre la formation Neuraxis et une carrière de lutteur. Imposant autant au niveau physique qu’au niveau de sa prestance en tant que chanteur, on sent que le gars a du millage dans son slip de pugiliste. Il manipule aisément la foule lors des chansons autant qu’entre les chansons. Avec leur métal groové, leurs chansons sont accrocheuses, pimpantes et juste assez rigoureuses. Le groupe est solide et ce que l’on entend semble être le fruit d’un effort de longue durée car on a l’impression que Mass Murder Messiah nous arrive d’une tournée de trois semaines aux États-Unis mais ce n’est pas le cas. Tel un fruit mûr, le groupe a usé la porte du local de pratique. Il serait le temps d’offrir du nouveau matériel car la sauce colle bien. Avec leur métal racoleur, tu places ce groupe sur la petite scène lors du Mayhem Fest à l’été 2015 et paf! C’est parti! Même si le groupe s’exprime en anglais, nous avons eu la preuve hier soir que le français se métallise à merveille grâce à la chanson AC7AC. Pouvant être perçu, justement, comme le chaînon manquant entre Anonymus (Jef Fortin le guitariste joue aussi avec le groupe) et Kataklysm, la nouvelle mouture de Mass Murder Messiah m’a fortement impressionné. Hier soir, ma mâchoire trainait sur le plancher sec du Club Soda. En passant, allez sur leur page pour télécharger GRATUITEMENT leur discographie!
La formation de Québec Blinded By Faith effectuait un retour sur les planches montréalaises. Actif depuis presque 20 ans, le groupe a subi plusieurs changements de personnel mais ce n’est pas une raison d’avoir le caquet bas! Tommy Demers aux voix m’a bien fait rire, surtout entre les chansons. Dès son entrée sur scène, sa bonne humeur était palpable et ses gestes nerveux, tellement qu’il en échappe son micro par terre, suivit d’un immense bruit en relation avec le choc du microphone sur le plancher! Avec une série de chansons qui provenaient principalement de leur dernier album Chernobyl Survivor, le groupe devait nous la jouer comme s’il était un nouveau venu face à une foule de jeunes loups. Pour certains, c’était une première rencontre avec le groupe et leur métal qui rappelle fortement Children of Bodom, avec quelques intonations vocales à la Dani Filth, a su trouver vastes oreilles hier soir. Avec leur image qui représenterait beaucoup plus un groupe de métal progressif, les musiciens ont sorti habiletés et prouesses musicales. Demandant vigoureusement si les gens de la foule aimaient le rock, le twist et Chuck Berry en guise de plaisanteries, Tommy Demers a su garder l’esprit de gaieté présent depuis le début de la soirée.
« Cette chanson parle de caca sur les nichons! »
– Sven de Caluwé
Le chanteur du groupe Aborted, Sven de Caluwé, est Belge. Il était bien fier de pouvoir s’exprimer en français hier soir, une langue qu’il aime autant que la poutine. Avec leur brutalité habituelle, le groupe a encore su nous impressionner grâce à son death métal qui couine. Opaque, la prestation du groupe a permis à la foule de se défouler. Les premiers vrais mouvements de foule ce sont déroulés lors de la présence du groupe. Un fait étrange est survenu lors de la présence d’Aborted. Tous les premiers groupes ont joué devant le fond de scène d’Aborted mais lorsque le groupe s’est produit à son tour, c’était celui de Kataklysm. Un petit pépin face au Duck Tape qui devait tenir celui d’Aborted pourrait être la raison de ce fait inouï! Avec une énergie indéniable, le groupe a pigé dans son matériel le plus brutal en plus d’inclure une nouvelle chanson qui sera disponible sur le prochain album du groupe, The Necrotic Manifesto qui sera en vente dès le 29 avril.
« Êtes-vous prêts ma gang de tabarnaks? »
– Maurizio Iaconno
Un de groupes les plus productifs de la scène death métallique est originaire de chez nous. Avec une carrière de plus de 20 ans et 11 albums, Kataklysm peut encore se vanter d’être une véritable machine qui annihile tout sur son passage. De retour à Montréal après une longue tournée en Europe, le groupe était pompé d’être de retour à la maison même si deux des membres du groupe habitent maintenant aux États-Unis. Avec un nouveau batteur derrière les percussions, il fallait se demander si Max Duhamel allait être sur place pour faire l’accolade aux copains. Son statut avec le groupe demeure incertain, sera-t-il de retour d’ici un mois, un an? La question demeure sans réponse… pour l’instant. En entrant hier, après mon achat à la table de marchandise, j’ai croisé Duhamel qui jasait avec Stéphane Barbe, le bassiste du groupe.
C’est avec quelques titres comme Push the Venom et Like Angels Weeping the Dark que le groupe a ouvert les hostilités. Visiblement en forme, le groupe a ensuite propulsé Like Animals et As I Slither. Tout est parfait, le groupe est serré musicalement, la foule répond bien aux directives métalliques et les grosses pointures se suivent grâce à un choix judicieux de chansons comme Taking the World by Storm, Kill the Elite, Prevail, Iron Will et In Shadows and Dust. Le moment où l’amplitude cérébrale face à l’excitation musicale est survenue est lorsque le groupe y est allé avec Blood on the Swans, une chanson tirée de Serenity in Fire, qui demande une certaine dextérité en plus d’un cardio parfait étant donné son caractère excessif à la batterie. Mais Olivier Beaudoin a su relever le défi avec brio car à l’époque, c’était le batteur Martin Maurais qui martelait cette chanson que le groupe ne jouait plus depuis un méchant bail, lors des concerts. L’intensité était au plafond, la chaleur humaine et les odeurs nauséabondes commençaient à nous frétiller les narines. Quelques sauteurs ont commencé à grimper sur scène pour s’y élancer, n’affectant aucunement la sécurité qui était plutôt neutre hier. À un moment donné, il y a eu une perte de son majeure. Nous n’entendions que le son des moniteurs mais en véritable professionnels, les musiciens ont continué de jouer en faisant fi de ce désagrément. Grâce à des techniciens hors pair, le tout a été réglé dans les minutes d’après.
En guise de rappel, un moment surprenant mais qui a réchauffé le cœur de quelques métalleux. Kataklysm est y allé avec The Road to Devastation mais avec Duhamel aux percussions qui a retrouvé le siège qu’il a occupé pendant de nombreuses années. À la fin, la foule a démontré son enthousiasme face à ce moment et a tenu à serrer la main de Duhamel. Ce geste chaleureux et spontané semblait vouloir lui dire de prendre le temps qu’il lui faut pour se préparer de façon convenable et de bien se préparer face à un retour éventuel. En attendant, le fort est gardé de façon plus que convenable par Olivier Beaudoin qui tape à tout rompre.
De mon côté, je ne repasserai pas un mois et des poussières avant de retourner voir un concert car mon calendrier m’indique que dès la semaine prochaine, je vais m’user les oreilles et pas à peu près en ce mois d’avril qui tarde à montrer, ses vraies couleurs!
Toutes les photos sont de MIHAELA PETRESCU