BloguesChanceux comme un Quêteux

Destruction: Retour sur le concert avec Krisiun et Exmortus du 14 avril aux Foufounes (Mtl)

Destruction-1

Tandis que la grande majorité passait son temps à discuter le choix du peuple face à l’élu du programme télé La Voix, il y avait plus important à faire. Les gens y allaient fort sur le sujet, ça s’insultait aisément et certains faisaient même des parallèles entre le résultat de La Voix et le choix de la semaine dernière face à l’élection des Libéraux… Au moins, ça ne parlait plus de la météo! J’avais vraiment mieux à faire pour un lundi soir : retourner voir les vétérans de Destruction qui effectuaient un retour en ville, question de boucler leur tournée 2014 en Amérique du Nord. Ce n’est pas vrai que je vais rester chez moi à lire des fils et des fils de commentaires haineux face à un cowboy qui a été proclamé comme étant la nouvelle coqueluche du Québec. Tout ce qui sera haineux ce soir seront les rythmiques de Schmier et sa bande de thrashers teutons.

Fidèle à mon habitude, je passe quelques minutes à jaser à l’étage inférieur des Foufounes, question de prendre le pouls de ce qui se passe avec les badauds habituels. Le temps de commander une Boréale, je suis prêt à monter. Trois aimables jeunes hommes viennent me parler de mon dernier billet sur les « métalleuses du garde-robe » ainsi que certains autres billets plus particuliers mais à un moment donné, nous décidons de monter à l’étage, question d’attraper au vol ce qui reste de la performance du groupe américain, Exmortus.

Sur place, nous en sommes malheureusement à la dernière pièce pour ce qui est de la prestation du groupe. Ceci étant dit, je ne serai pas perdant tant que ça car je peux être témoin de leur « finishing move » déjà très populaire sur certains sites métalliques. Ce geste plutôt inusité a permis au groupe d’avoir les feux en leur direction pendant quelques jours. Tel un lutteur qui possède sa prise finale personnalisée pour mettre un terme à ses combats face à l’envahisseur, Exmortus effectue un combiné plutôt spectaculaire qui implique les deux guitaristes, David Rivera et Conan Gonzalez. Lors d’un solo, les musiciens se placent face à face, laissant leur instrument pendouiller vers l’arrière. L’autre se rapproche et, tout en se collant, agrippe l’instrument de l’autre qui se trouve dans son dos, pour en jouer aisément. Avec une finale de la sorte, il était évident que la foule soit subjuguée.

Je n’ai jamais été déçu par la performance de Krisiun en concert. Guerriers dans l’âme, les Brésiliens n’ont jamais courbé l’échine face aux tempêtes. Toujours présent en tant que groupe en ouverture d’autres, Krisiun avance lentement mais sûrement. Le public montréalais, et même québécois, apprécie ce groupe qui sait bien allier intégrité et brutalité. La démonstration d’hier soir a encore confirmé que Krisiun possédait cette force de frappe qui peut être fatale.  Le groupe n’a que de bons mots à dire face à Montréal et ça ne sentait pas la flatterie d’usage lorsqu’Alex Camargo vantait les mérites du public d’ici qui n’a jamais cessé de démontrer son support face à Krisiun.

Max Duhamel, officiellement l’ancien batteur de Kataklysm, était présent dans la foule hier soir et il a reçu un salut plutôt chaleureux de la part de Krisiun, étant donné que les deux groupes ont déjà partagé la route à quelques reprises. Tant qu’à discuter de moments chaleureux, la performance fiévreuse de Krisiun a permis aux gens de commencer à s’entrechoquer les uns dans les autres, le tout toujours exécuté avec des mouvements déjantés plutôt excessifs.

Moment plutôt étrange lorsque j’ai pu voir une araignée, bien dodue et poilue, débuter sa toile sur le dos d’un amateur, près de la console de son. Stable, le gars regardait la prestation de Krisiun de façon reposée. La série de lumières qui vient de derrière me permettait de bien voir l’œuvre de l’arachnide, jusqu’à ce que je me décide d’avertir le principal intéressé, plutôt dégouté. Par la suite, comme par réflexe, il ne cessait de se gratter…

Destruction-2_2

Annoncé à 22h00, Destruction n’a mordu les planches que vers 22h20. Malgré le fait que le concert était en plein lundi, la foule ne présentait pas d’impatience face au délai imposé par le groupe ou la technique. L’esprit de camaraderie flottait, les bières s’entrechoquaient ici et là en plus de pouvoir profiter pratiquement d’une vente de feu aux kiosques des groupes qui écoulaient la marchandise à bas prix étant donné que c’était la dernière date de la tournée. De repartir avec des boites de t-shirts ne doit pas être facile avec notre bon vieux système de douanes.

La machine à fumée n’a pas chômé hier soir aux Foufs, comme vous pouvez le voir sur les photos, et c’est dans un nuage plutôt opaque que Destruction nous a enligné un trio de pièces plutôt « récentes » que sont Thrash Till Death, Spiritual Genocide et Nailed to the Cross avant de servir la première dose de thrash allemand en version classique: l’indémodable Mad Butcher. Fidèle à lui-même, Schmier s’est promené de long en large sur la petite scène, alternant son chant sur trois microphones tout en posant pied sur les moniteurs, question d’imposer sa stature.

Le diminutif Mike aux guitares a des airs plutôt frêles mais lorsqu’il agite sa guitare à l’unisson avec sa large tignasse, l’effet dévastateur prend son sens, bien appuyé par les percussions de Vaaver. Après Armageddonizer, un autre trio de pièces d’antan ont redonné du fil à retorde à ceux qui voulaient prendre place calmement pour regarder le concert ou tout simplement reprendre leur souffle car avec Eternal Ban, Life Without Sense et Release from Agony, l’ambiance a grimpé encore d’un cran. Malgré une certaine violence dans la foule, rien de bien disgracieux n’est survenu mis à part le saignement de nez de mon voisin de gauche. De plus en plus de filles assistent aux concerts métal et maintenant, de plus en plus de filles se laissent aller à la grande valse qu’est le moshpit. Certaines font le test qui s’avèrera un flop, d’autres s’imposent brutalement et quelques-unes gambadent tout en gardant un immense rictus…

De mon côté, la satisfaction emplissait mes tympans (bien protégés par mes bouchons) car ce que je considère comme étant des pièces incontournables de la discographie de Destruction se sont retrouvées sur scène avec Total Desaster, Invicible Force, Bestial Invasion et Curse the Gods en rappel, suivie par The Butcher Strikes Back.

Choyé, j’ai pu repartir chez moi en me disant qu’avec ma fin trentaine, je suis encore capable de passer des soirées agréables sous le signe métallique. Malgré une fatigue palpable au travail ce matin, je me dis qu’au moins ce n’était pas une fatigue visuelle causée par une surdose de statuts Facebook loufoques ou tweets insignifiants face à un chanteur blondasse qui a gagné un vote populaire!

http://www.destruction.de/

Destruction-3

Photos: MIHAELA PETRESCU