Je dois avouer que la fièvre des Séries m’a eu hier soir. J’ai attendu la fin de la première période avant de partir pour le Petit Campus, lieu où se déroulait ce concert avec les Allemands de Kadavar. Sachant que le tout allait commencer très tard, j’ai pris mon temps, question de me vautrer dans notre sport national. Durant une pause, j’ai appris que le groupe Sons of Huns n’avait pas passé les lignes canadiennes donc pas question de m’énerver comme un parent lavallois lors du Cocothon de dimanche : je peux prendre mon temps tout en évitant de bousculer la plèbe qui sera devant moi.
Sur les lieux, je me rends compte que la salle est pratiquement pleine. Il y a du monde, le rendez-vous a été donné et nombreux sont ceux qui ont répondu à l’invitation. L’année dernière, lors de leur passage en ouverture de Scorpion Child, Kadavar avait grandement impressionné. Tellement que pour mon Top personnel 2013 pour ce qui est des concerts, ce spectacle arrivait en tête de liste, même devant Slayer!
Je ne suis pas le seul qui ait été impressionné et le bouche à oreille à fait son sale boulot car la foule est massive pour le Petit Campus. Le seul et unique bar de la place ne dérougit que rarement, il faut donc s’y prendre de façon consciencieuse pour obtenir un rafraichissement. Après avoir agrippé un breuvage au malt, moi et Luc B allons rejoindre Seb Brutal de Boulevard Brutal. Après avoir discuté des items disponibles et achetés lors du Record Store Day, en plus des concerts à venir dans les prochains mois ou du prix des items de la merch de la soirée, nous sentons lentement que les lumières se tamisent pour laisser place au groupe montréalais Cauchemar.
La cantatrice du groupe, Annick, prend place sur scène avec sa longue tunique à capuchon tout en tenant un brin de bois enflammé. Leur prestation sera sous le charme des racines du genre métallique, version fin des années 70 jusqu’au début des années 80. Voyage temporel vers un moment spécifique du métal que plusieurs n’ont pas connu, leur métal d’antan peut se vanter d’avoir de la groove, une parcelle théâtrale et demeure francophile.
Il est important de souligner le fait que la demoiselle au chant n’est pas une soprano qui tente d’éclater les coupes de cristal. Sa voix demeure beaucoup plus un instrument qui appuie une démarche ténébreuse dans cette mise en scène qui nous parle de rituels, de fantômes (tout en agitant des chaînes!) et de tête de mort.
Près de leur Black Sabbath et de leur Pagan Altar au niveau des influences, il était bon d’avoir ce groupe en ouverture question d’ajouter ce fragment d’obscurcissement digne des vieux films de la collection Hammer. Le groupe a alterné entre des pièces de leur premier EP ainsi que certaines qui provenaient de leur premier album, Tenebrario. Étant donné l’absence de Sons of Huns, Cauchemar avait donc 45 minutes pour s’exécuter, à la grande satisfaction du public.
Le Petit Campus avait laissé les téléviseurs ouverts pour la partie de hockey, ce qui n’a pas semblé déranger la prestation de Cauchemar. Il reste à croire que les amateurs de Kadavar et de Cauchemar ne sont peut-être pas des amateurs de hockey ou n’ont peut-être pas remarqué que les écrans affichaient la partie étant donné que les regards étaient agglutinés sur la scène lors de l’incantation de Cauchemar… Tel un ensorcellement, nul n’a bronché…
Aux alentours de 22h30, les barbus de Kadavar ont occupé la scène sans restriction! Adroit, fort et trapu, le groupe a poussé sa sonorité démentielle avec Liquid Dream en ouverture. Habile, le trio ne sonne pas comme un trio niais. C’est large comme son, plus large que sur album même. Aux percussions, Christoph Bartelt se démène tel un Ginger Baker possédé par l’esprit maléfique de Keith Moon. Il débute la tornade capillaire de la première à la dernière seconde du concert sans manquer une seule note. Indéfectible, le bassiste Simon Bouteloup suit la cadence tout en ajoutant quelques twists personnalisés, question de bien prendre la tête au niveau harmonique lors des solos de Christoph Lindemann, qui redouble d’ardeur à la guitare et aux voix.
Avec des chansons provenant de leurs deux albums, nous avons pu goûter à une médecine agréable pendant près de 75 minutes hier. Certaines chansons ont fait monter le cran un peu plus au niveau de l’énergie comme Doomsday Machine et Eye of the Storm mais il reste que le groupe est d’une finesse exquise tout en étant excessivement costaud musicalement.
Bien appuyé par un éclairage adéquat pour la place, si l’on se laissait abandonner à nos idées les plus saugrenues, nous pouvions pratiquement avoir l’impression d’assister à un concert de Cream en 1967 tellement la fusion musicale se mariait parfaitement avec l’image offerte sur scène, créant un vortex temporel grâce à l’acuité du genre transposé par le groupe Kadavar qui puise généreusement dans cette source antique pour remodeler le tout à sa façon.
Nous sommes ressortis infiniment convaincus, une fois de plus!
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Photos : MIHAELA PETRESCU
Pas un mot sur High Spirits? Quand même bien dommage!
Je n’étais pas encore sur place. Il semblerait que c’était bien bon!