Le mois d’avril a eu son lot de visiteurs métalliques. À chaque semaine, une grosse pointure d’un des genres ou sous-genres du monde métallique venait faire son tour, et parfois même deux pointures dans la même semaine! Est-ce que l’amateur avait les poches assez profondes pour pouvoir participer à tous les évènements? Il est évident que certains ont dû faire des choix déchirants mais il faut comprendre qu’il y a des priorités à respecter. On dirait que bon nombre de personnes avait mis Behemoth dans sa liste de priorités pour avril car le Club Soda accueillait les Polonais hier avec une caravane de béton qui comprenait d’autres formations très respectées dans le milieu métallique.
Avec une levée de rideau pour 18h00 avec Black Crown Initiate, il fallait s’attendre à ce que la horde ne se pointe aucunement le bout du nez sur place étant donné l’heure précoce. Certains travaillent, certains mangent mais c’est surtout que d’autres attendent la partie de hockey car les Canadiens disputaient une quatrième partie qui pouvait être décisive et sceller l’issue de la série contre le Lightning. Pour une raison gustative, je n’étais pas présent pour la prestation de Black Crown Initiate.
Inquisition ne compte que deux membres mais il semble encore une fois qu’un musicien additionnel serait futile pour le groupe. Vaste et opaque, le duo créé un mur sonore efficace avec l’aide de la batterie d’Incubus et de la guitare vrombissante de Dagon. Il ne faut aucunement passer sous les traits les plus silencieux la voix de saurien de Dagon qui enveloppe l’amalgame sonore avec un certain mysticisme excessivement caverneux. Avec une sonorité qui peut paraitre répétitive pour le néophyte, l’aura métallique qui se dégage du son se veut un agent déstabilisant face aux conventions établies. Avec du matériel qui provenait en majorité des deux derniers albums du groupe, Inquisition a encore su satisfaire ce public avide des arts musicaux plutôt noirs.
Goatwhore prend une place de plus en plus importante sur l’échiquier métallique. D’album en album et de tournée en tournée, le groupe semble se solidifier jusqu’à devenir cette entité d’acier malsain. Un sixième album est en chemin et hier, le groupe a profité de sa présence pour remettre la louche dans le ragoût, question de brasser à nouveau le catalogue du groupe avant une prochaine tournée en promotion de ce nouvel opus qui demeure toujours innomé… pour l’instant. La présence sur scène de chaque membre du groupe demeure un point majeur et une force indéniable. Hier soir, les Louisianais nous ont encore démontré leur force de frappe grâce aux habiles manipulations vocales de Ben Falgoust aux voix en plus des gestes tortueux, les guitares acérées de Sammy Duet, la basse pétulante de James Harvey et les percussions extrêmement précises de Zack Simmons. Sans répit, Goatwhore a tenu le Club Soda au creux de sa main grâce aux hymnes que sont Judgement of the Bleeding Crown, Collapse in Eternal Worth et Apocalyptic Havoc.
Le bassiste de 1349 a toujours eu de petits moves sur scène qui me font bien sourire. Encore une fois, hier, Seidemann a été à la hauteur grâce à ses petits déhanchements saccadés. L’effet est encore plus éblouissant étant donné qu’il porte une longue toge de moine, ce qui donne un effet plutôt particulier. Si je mets de côté cet élément loufoque, il reste que 1349 en concert m’impressionne encore. Même si leurs 2 derniers albums ne m’ont point impressionné, je dois m’avouer qu’en mode concert, c’est tout autre. La présence de Ravn aux voix en plus de Frost aux percussions (lorsqu’il est présent! Ce qui n’était pas le cas hier) me permet de me retrouver dans une zone où la claustrophobie règne. En mode écoute, j’ai pu apprécier les pièces du groupe comme leur nouvelle du nom de Slaves ainsi que Sculptor of Flesh ou I Am Abomination même si certains autour de moi semblaient trouver le temps long face à l’arrivée de Behemoth.
Après ce petit marathon, la venue de Behemoth a été perçue comme un baume pour la horde qui a vécu le tout comme un rituel. Avec un décor qui présentait de nombreux sigles en relation avec leur affiliation face au Malin, le groupe a pris place sur scène. Feu, costume de combat pour les musiciens et habit shamanique pour Nergal, les Polonais n’ont pas laissé de répit à la foule dès la première prière en offrande de la soirée, Blow Your Trumpets Gabriel. Véritable rescapé de la maladie, Nergal semble en pleine forme et en possession de tous ses moyens car il a réussi à infester la place rapidement avec son venin plutôt énergisant.
Sous le charme, plutôt vilain, le public présent hier semblait en pleine communion avec le groupe autant pour les pièces du nouvel album comme Ora Pro Nobis Lucifer, The Satanist ou Furor Divinus, que pour les classiques comme Christians to the Lions, Slave Shall Serve et Chant for Eschaton 2000, toutes servies goulument aux plus avides.
Lors du rappel, pour vérifier s’il restait encore du jus chez les membres du conglomérat montréalais, Behemoth a relâché la pièce la plus apaisante du dernier album, O Father O Satan O Sun! et ainsi, ils ont pu laisser un public vidé mais conquis!
www.behemoth.pl
Photos : MIHAELA PETRESCU