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Obliveon : Pour ne pas tomber dans l’oubli (Entrevue avec Pierre Rémillard, guitariste)

obliveon

Loin de moi l’idée de m’imaginer une réunion d’Obliveon en 2014. J’ai toujours été certain au plus profond de moi que le groupe était bel et bien en mode repos : éternel. Mais il semble que cette bête métallique québécoise n’ait pas relâché son dernier souffle. Même si Obliveon n’enregistre plus depuis belle lurette, leur musique demeure intemporelle. Toujours aussi frais, leur métal demeure excessivement moderne, même après toutes les années. Le retour d’Obliveon s’effectuera lors du Rockfest de Montebello, pendant la fin de semaine du 20 au 21 juin. Le guitariste d’Obliveon, Pierre Rémillard,  a pris quelques minutes sur son horaire bien chargé pour discuter de ce retour qui ne s’éteindra point après la prestation du Rockfest.

Nous parlons d’un retour pour Obliveon lors du Rockfest de Montebello. Peux-tu nous dire comment vous avez été approchés pour cet évènement ?

C’est Alex Martel, l’organisateur qui nous l’a proposé. Juste un peu avant, le groupe s’était rencontré. Nous nous parlions en prévision de faire des chansons mais sans avoir d’idées bien précises. Alex Martel nous a donc proposé ça, je lui ai dit que c’était peut-être le bon moment étant donné que le groupe avait l’intention de se retrouver. Je trouvais l’occasion bonne étant donné qu’il y avait encore de l’intérêt de notre part face à l’éventualité de faire de la musique. C’est arrivé comme ça, nous ne pensions même pas faire des shows à la base. Vu que le Rockfest est vu par plusieurs personnes, nous avons décidé d’embarquer. Nous étions en train de réviser certains plans ensemble et puis l’offre pour le Rockfest est arrivée.Ça tombait vraiment bien.

Si je comprends bien, tu m’as dit qu’Obliveon est en train d’écrire de nouvelles chansons ? Peut-on s’attendre à un nouvel album en 2014 ou 2015 ?

Oui, nous sommes en train d’écrire. On va l’essayer. Il y a des beats qui sont montés, des idées qui sont avancées. Nous travaillons là-dessus mais sans échéancier. Nous prenons vraiment notre temps, le groupe est en arrêt depuis plusieurs années. Nous allons faire quelque chose qui est à notre goût sans se stresser. Avec les années qui sont passées, nous nous sommes rendus compte que nous avions encore le même genre de vibe. Nous avançons tranquillement, il y a des chansons en construction mais nous ne nous donnons pas de deadline. Nous allons faire de quoi, sûrement !

Vous avez énormément de matériel à offrir au public étant donné qu’Obliveon a sorti plusieurs albums dans sa carrière. Pour ce qui est du Rockfest, vous avez demandé aux gens, via votre page Facebook, de sélectionner les chansons qu’ils aimeraient entendre lors du concert. Donc, à quoi peut-on s’attendre comme « liste de chansons » pour la soirée ?

Je te dirais que la soirée va être beaucoup plus axée sur la période Cybervoid et Nemesis. Le choix s’est fait par rapport aux possibilités et au temps qu’on a sur scène. Nous allons jouer 45 minutes, le matériel choisi se situe vraiment plus dans cette période. Nous allons essayer de condenser le plus possible les classiques !

Pour ce qui est du groupe, est-ce que l’on doit s’attendre à la formation avec Bruno Bernier aux voix ou seulement avec Stéphane Picard à la basse et voix ?

Non, Bruno va être là. Il était là pour Cybervoid et même lorsque nous faisions du matériel des autres albums où il n’était pas encore avec nous, c’est lui qui les chantait. Nous étions cinq et nous continuons encore à cinq.

Êtes-vous ouverts à d’éventuels concerts, comme ailleurs en région ou à Montréal et Québec ?

Pour le moment, nous avons eu quelques offres. Le Rockfest a une bonne portée. Il y a des gars qui m’avaient contacté justement après l’annonce que nous allions jouer là-bas. Mais pour la quantité de temps que chaque membre d’Obliveon peut investir, je te dirais qu’on va mettre l’accent sur la composition des nouvelles chansons plutôt que sur des concerts. Par après, peut-être qu’avec un nouvel album, nous pourrons penser retourner faire quelques dates. Il faut mettre toutes les idées en place pour le moment. Il faut y aller une étape à la fois. Et de faire des shows, il faut se remettre en mode pratique car nous voulons être solides. Il faut avoir un local plus permanent car ce n’est pas ça que l’on a en ce moment. C’est de repartir ce type de machine. Le temps que l’on peut investir dans le groupe joue pour beaucoup. De mettre le focus sur la portion live du groupe peut compromettre le côté écriture pour Obliveon. C’est l’écriture qui est notre focus en ce moment. Nous sommes beaucoup plus dans la phase « Sortir quelque chose de nouveau » plutôt que d’être en phase « faire de la scène » Mais par la suite, nous allons voir !

Nous sommes en 2014, j’imagine que lorsque l’album sera prêt, vous allez sortir ça avec un label d’ici comme Galy Records. A moins de le faire de façon indépendante ? Allez-vous profiter des nouveaux outils comme Bandcamp pour sortir votre matériel ? C’est un nouveau monde que vous n’avez pas connu dans un sens.

Il y a eu des discussions avec quelques personnes. Quand la nouvelle est sortie au sujet de notre présence au Rockfest, certaines personnes nous ont démontré de l’intérêt. C’est quelque chose qui peut se régler à court terme. Moi, de mon côté, j’aimerais ça goûter aux nouveaux outils comme Bandcamp ou iTunes pour sortir le matériel. Je suis un gars de studio qui travaille encore dans la musique. Je veux le vivre en tant que membre d’un groupe. Je suis un gars de la vieille technique de vendre les disques à la table de merch du groupe, qui est passé par des distributions et j’ai vu le meilleur des deux mondes pour ce qui est du métal underground. Je suis bien curieux de voir comment ça se passe aujourd’hui. Bandcamp et iTunes : C’est quoi la retombée ? C’est quoi le phénomène d’être enfin capable de rejoindre tout le monde sur la planète ? Tu sais, même si tu as deux fans au Danemark, ils peuvent enfin se procurer ton matériel car l’accès est possible. J’ai vu ça souvent par le passé, des gens nous écrivaient d’un peu partout pour nous dire que notre affaire est bien cool mais qu’ils ne sont pas capables de trouver nos albums. Il faut mettre l’accent là-dessus, avoir une chanson qui est intéressante pour que le monde puisse l’écouter gratuitement pour inciter à une certaine suite. Je suis bien curieux face à tout ça.

nemesiscybervoid

Tu me disais que tu travailles encore dans le domaine de la musique, tu as encore ton studio mais pour ce qui est des autres gars d’Obliveon, que font-ils ?      

Eux, c’est totalement à part de ce que je fais. Martin (Gagné, guitare) est en informatique, ce qui touche à la créativité et aux sites internet. Alain (Demers, batterie) est lui aussi en informatique et Stéphane (Picard, basse) est un journalier. Moi, je suis propriétaire de mon studio, le Wild à St-Zénon. Je fais de la production, des fois c’est la location du studio et d’autres fois, je suis impliqué dans certains stages de la production.

La flamme est encore bien brûlante malgré le fait que le groupe reposait sur un gros tas de cendres. J’imagine que vous êtes encore de bons amis, vous prenez une petite bière ensemble et vous finissez par parler musique ?

Obliveon, ce sont des gars qui ont toujours été au bout de leurs idées. Tout le monde était impliqué, à tous les niveaux. Quand le groupe s’est terminé, ce n’était pas une déception. C’était plutôt du genre : la vie change les gars, nous avons des obligations. Il y a des petites familles qui poussent à droite et à gauche. Nous avions des responsabilités comme tout le monde. Nous devions mettre le focus sur autre chose. Les efforts étaient là mais c’était juste comme… ça. Nous avons surtout senti que nous avions fait un bon bout de chemin. Le marché faisait que nous aurions dû faire de la tournée, les compagnies de disques nous auraient demandé de faire plus de concerts. Il y aurait eu des exigences face à la production d’un nouvel album. Il faut que tu fasses de quoi pour faire avancer un band comme le nôtre, plus de tournées. Mais je pense que nous avions ressenti que nous avions fait un bon bout de chemin et que c’était juste le temps d’arrêter. Nous n’avions plus la vibe comme avant pour pousser autant,  pour que le tout devienne encore plus gros pour Obliveon. C’est le fun de jouer de la musique. De le faire avec des gars comme ceux-là, ça te reste tout le temps en arrière de la tête, l’idée de refaire quelque chose. Pour ce qui est du retour, les gars du groupe avaient le goût de le faire et d’embarquer. Ils sont arrivés très motivés avec des idées en tête. Nous voulons le faire complètement professionnel mais nous voulons le faire à notre rythme. Nous y allons dans l’ordre des choses. Quand nous n’étions que des kids, on se faisait pousser dans le derrière par des compagnies qui nous disaient : « Vite vite, faut finir ça ! » ou bien «Plus vite parce que lui en a besoin comme tout de suite ! Si c’est fait, vous allez pouvoir jouer à telle place sinon, faut passer votre tour!» Tu vois le genre ? Maintenant, nous savons ce qu’il faut faire : C’est de sortir un bon album qui sera à notre goût avant tout. Après tout ce temps-là, nous ne pouvons tout simplement pas sortir un album « moyen ». Il nous reste une couple de fans un peu partout, ils vont prendre le temps de l’écouter mais le plus important c’est que l’album nous plaise à nous. Par la suite, on verra bien !

En 2013, il y a eu Gorguts qui a fait un retour, ainsi que Carcass, sur disque. Les deux albums ont été bien reçus autant par le public que par la presse. J’imagine qu’indirectement, ça doit vous créer un peu de pression étant donné que vous êtes un peu dans la même situation ?      

Oui. La scène métal a avancé. Tous les albums ont une certaine personnalité. Je trouve que les bands sont capables maintenant d’avoir une certaine qualité de production. C’est un milieu qui demeure plutôt analysé, le métal. Quand un album pogne et qu’il est bien réalisé, tu sens qu’il se passe de quoi. C’est comme un film, tu sens la dimension. C’est tellement artistique le métal que si tu n’arrives pas à mettre la teinte qui va avec ton idée, tu vas le savoir. En plus, pour notre nouvel album, c’est nous qui allons le réaliser. C’est un autoportrait dans un sens. C’est difficile de se mettre en perspective pour voir ça, comme il le faut. Mais oui, absolument ! Tu me nommes des groupes comme Gorguts et Carcass. Les gens aiment ça les formations de l’époque plus classique. Même si nous n’avons pas la même renommée que Gorguts ou Carcass, c’est certain qu’il y a une certaine pression mais elle demeure personnelle dans le sens où il faut faire quelque chose de bien, pour le groupe. Un album, ça dure longtemps, c’est pour toujours ! Même si tu n’as pas un million de fans, il y a tout le temps quelqu’un à quelque part qui l’a entendu. Quand tu entends quelque chose qui sonne bien, c’est là que ça devient intemporel !

Au Rockfest, vous allez avoir devant vous une foule plutôt variée : Des jeunes de 17 ans qui ne savent aucunement qui vous êtes autant que des vieux pets de 39 ans qui attendent votre retour.

C’est fin pour moi ça ! Hahhaha !

Je ne te visais pas !

Ben non, c’t’une joke !

Qu’est-ce que tu pourrais dire, question de pouvoir rallier tout le monde, face au retour d’Obliveon lors du Rockfest?

Nous avons toujours été un groupe solide et nous avons toujours travaillé sur notre identité. Nous avons toujours voulu être un groupe qui demeure unique, sans essayer de suivre ce qui était cool pendant le moment. À partir de là, venez-vous faire votre idée. Bien souvent, je vois des kids à mon studio qui tripent sur Jimmy Hendrix. Ils n’ont pas connu cette période, c’est évident. C’est certain que si un jeune homme est capable de se dire : « Aie, c’était pas mal cool ce band là avec des bonshommes ! Il se passe de quoi !» C’est ce que tu espères dans un sens. C’est cyclique, le métal. Je vois des kids qui tripent sur Iron Maiden. J’aimerais être capable de créer ça, justement. Ce feeling de sentir que tu as des kids de 17, 18 ou 20 ans qui prennent le temps d’apprécier ce qu’on fait, soit parce que ça sonne old-school ou peu importe la raison.

Merci Pierre !

Merci pour ton temps !

Le Festival Amnesia Rockfest de Montebello se tiendra les 20 et 21 juin 2014. Pour des informations additionnelles, tu te dois de cliquer ICI !

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