Le Saguenay se fait brasser depuis quelques semaines pour des questions de xénophobie. Des écriteaux au goût douteux se sont retrouvés sur quelques poteaux, laissant l’impression que mon coin de pays n’était qu’un amoncellement de péquenots racistes qui ne carburent qu’à la vitesse des motoneiges tout en crachant sur tout ce qui n’est pas blanc au niveau de la couleur de l’épiderme. Quand ce ne sont pas les frasques du maire de Saguenay qui se retrouvent dans les médias, que dire de plus face au royaume qu’est le Saguenay avec son fjord si majestueux? Avec ma série d’entrevues avec des formations québécoises, je tiens à vous présenter Who Cares ? qui se veut un produit autant jeannois que saguenéen. Combinant la force brute du grindcore avec la hargne du death métal, ce groupe demeure plutôt corrosif dans sa livraison sonore. Entretien avec le guitariste Jean-René « ROT » Cloutier-Ménard, le bassiste Dany Riverin, le guitariste Dominique « Bed » Simard et le batteur Fréderic « Fredo » Tremblay.
Certains considèrent que vous êtes des vétérans de la scène étant donné que Dominique « Bedaine » Simard, Dany Riverin et Jean-René « ROT » Cloutier-Ménard ont joué avec d’autres formations auparavant, et ce depuis la fin des années 80. Comment est né le projet Who Cares? à la base?
Bed : Après 10 ans d’absence de la région, moi pis Dany on voulait se partir de quoi de l’fun chez nous. C’est alors que j’ai rencontré Fredo au Mcdo.
Fredo: J’ai rencontré Bed au resto après un show. J’étais avec Fred Otis. C’est lui qui est devenu notre premier vocaliste. Vu que Bedaine revenait au Saguenay, il m’a demandé si je connaissais un drummer pour un projet grindcore. J’ai crié : « MOI! » J’étais déjà, à ce moment-là, un gros fan de grind et de death métal. Mais dû au manque de musiciens dans ce genre de styles, je ne jouais que dans des bands hardcore. C’est un style que j‘aime aussi.
ROT : Je venais de perdre Steve Labonté, mon drummer dans Sévices et Siège Social. Nous n’avons trouvé personne pour le remplacer alors ce fut la fin des deux groupes. Ça faisait 6 mois que je n’avais plus de band quand Bedaine m’a appelé pour que je devienne le 2ième guitariste de son nouveau projet. J’ai accepté tout de suite! On s’est retrouvé Bed, Dany et moi dans le même band, ce qui n’était pas arrivé depuis 1995.
La formation est plutôt stable face aux membres du groupe, il n’y qu’au niveau de la voix où il y a eu certains changements. Comment en êtes-vous venus à vous retrouver avec Yannick Bouchard comme chanteur ?
ROT : Au printemps 2013, Sébastien « Bob » Audet a décidé de partir. J’ai assuré la voix pour une série de trois shows dont un surprise avec Dying Fetus mais je me suis rendu compte que je n’étais plus très jeune et que j’avais la gorge assez rouillée. Écoute, je n’avais pas chanté depuis 2008. On a passé une annonce et on a eu 4 candidats. C’est Yannick qui s’est donné le plus à fond et qui a eu le job. Il s’est vraiment bien intégré dans le band, tout de suite. Je continue quand même à faire beaucoup de voix car je me suis dérouillé depuis et j’y ai repris goût!
Fredo: Yannick est un vieux chum du secondaire avec qui j’avais passé quelques bonnes soirées. En plus, j’avais déjà eu un band avec lui, il y a plusieurs années. Quand on a mis l’annonce sur Facebook, il voulait ABSOLUMENT passer l’audition.
Et que peut-on dire face aux influences musicales directes du groupe ?
Fredo: Variées!? Chacun a ses influences. Mais pour moi c’est principalement Cephalic Carnage, Rotten Sound, Origin, Fuck The Facts, Pig Destroyer et Cryptopsy.
Bed : De mon côté, je dirais Gorguts, Macabre, Misery Index, Exhumed, Goatwhore, Suffocation et Napalm Death.
ROT: Dillinger Escape Plan, Dying Fetus, Benighted, Obliveon, Gridlink et ceux mentionnés par les gars aussi!
Si on comprend bien, Who Cares ? pourrait plaire aux amateurs de quelles formations métalliques ?
Fredo: Ça pourrait ressembler pas mal aux bands qu’on a nommés plus haut.
Vous êtes tous des gars qui ne sont plus dans la jeune vingtaine, vous avez des emplois. Certains ont des familles à faire vivre et des responsabilités. Donc, Who Cares ? est carrément une passion face au genre qu’est le grindcore ?
Fredo: Faut vraiment aimer ça! Tu ne fais pas une cenne à faire des shows. On le fait pour le plaisir. Nos horaires sont chargés mais nous aimerions bien visiter les quatre coins du Québec!
Est-ce que le groupe tient encore à sortir des frontières québécoises, poussez-vous encore pour une signature avec une compagnie de disques ?
ROT: On a signé avec Emmanuel Bergeron en 2010 pour Human Disgrace Records. Étant fidèle à notre région, on a choisi de rester avec une compagnie locale.
Sentez-vous que la scène métallique saguenéenne et jeannoise est stable et solide, en plus d’offrir un certain support entre chacun des groupes?
ROT: Les membres des groupes se connaissent de plus en plus et se supportent les uns les autres. On se voit souvent aux multiples shows dans notre région.
Vous avez participé au concours En Route Vers Heavy Montréal. Que pouvez-vous nous raconter face à votre expérience?
ROT: On a apprécié notre expérience, il y avait beaucoup de monde ce soir-là et on a aussi resserré les liens entre les différents groupes. L’animation assurée par Ondes Chocs fut excellente.
Il y a un clip qui s’en vient, c’est possible ?
Fredo: Oui c’est en marche! Mais comme avec tous les projets de Who Cares?, étant donné nos vies plus que remplies, c’est LONG!!!!!
Bed : C’est Mathieu Chouinard qui le réalise, tout comme notre logo.
ROT : Mathieu a été longtemps notre graphiste. Il est le responsable de notre logo, la pochette du premier démo, le t-shirt, etc. Ça été le fun de retravailler avec lui. Le clip a été tourné dans un endroit secret et ça va raconter une belle histoire d’amour… héhéhé!
Et quels sont les projets du groupe, autant pour l’enregistrement de l’album qu’en terme de spectacles, pour terminer l’année 2014 ?
ROT: Je travaille sur l’album depuis décembre 2012. Il est avancé à 75% environ car le changement de chanteur nous a ralentis quelque peu. Le clip va sortir avant l’album et il donnera un aperçu de ce qui s’en vient. Les pièces sont plus longues, plus lourdes et plus élaborées que sur les démos et le EP. Les deux voix ajoutent de la rage à profusion! Pour les spectacles, on verra. Il est rare qu’on refuse les invitations!
Donc, merci les coquins !
Merci à toi Klimbo!