Est-ce Gene Simmons qui affirmait que le rock était finalement mort il y a quelques semaines? Si je me fie à la semaine d’intensité qui vient de se terminer au niveau des concerts, j’en viens à la conclusion que si le rock est mort, il ne l’est pas à Montréal! Avec une série de spectacles, dont certains affichaient pratiquement complets, il faut comprendre que l’amateur de métal et de rock est capable de faire des choix judicieux face aux loisirs métalliques. Avec un mois d’octobre qui est à mi-chemin, il reste encore quelques évènements métalloïdes à venir mais celui d’hier redonne énormément d’essence dans le réservoir.
De voir Amon Amarth, une formation de death métal mélodique, remplir le Metropolis est quelque chose qui demeure difficile à réaliser pour bien des gens. Dire qu’il y a une dizaine d’années, le tout se déroulait aux Foufounes, à quelques portes plus loin. Un genre qui n’est pas pour tous mais l’approche très mélodieuse du groupe, surtout depuis les deux dernières parutions, attire un nouveau public. Autant l’amateur de death métal de la vieille école y trouve son compte et même celui qui carbure à Iron Maiden peut apprécier les lignes mélodieuses du tandem aux guitares. Le filon est bon pour le groupe, et magnifiquement exploité!
Pour cette visite d’Amon Amarth, le groupe avait avec lui leurs fidèles compagnons de Skeletonwitch. Le groupe américain semble plaire à la troupe de Vikings car il se retrouve en tournée avec Amon Amarth pour une deuxième fois d’affilée. L’impact métallique de Skeletonwitch, qui allie fantastiquement la puissance du thrash avec celle du death en plus de quelques bribes de black métal, donne toujours un effet dévastateur. Il n’est pas rare de voir la horde se ruer au comptoir de « merch » du groupe pour un achat compulsif, suite à la prestation du groupe. Hier, le groupe a encore une fois démontré de quel bois il se chauffe. Promouvant leur dernière galette du nom de Serpents Unleashed, le groupe a su plonger dans cette dernière et ce, dès la première chanson car More Cruel Than Weak a fait office de coup de poing initial… sur la gueule. Serré au niveau de l’interprétation, le groupe est vigoureux sur scène et bestial. Le batteur, Dustin Boltjes, est rapide et précis. Avec une qualité sonore plutôt hors pair pour un groupe en ouverture, Skeletonwitch a pu nous sceller les oreilles avec son métal incisif étant donné que des chansons comme Burned from Bone, Beyond the Permafrost et Within My Blood se sont retrouvées dans notre canal auditif. Chance Garnette, chanteur de la formation, nous a annoncé que Skeletonwitch sera de retour ce printemps. Avec qui? Ça reste à voir!
« Vous savez qui nous sommes? Nous sommes The Village People! »
– Joakim Brodén, chanteur de Sabaton.
À la base, lorsque l’amateur d’Amon Amarth a vu le nom de Sabaton sur l’affiche de la tournée, un sourcil de doute s’est hissé jusqu’à son front. Que vient faire cette troupe suédoise de power métal sur une tournée de métal brut? Sabaton joue énormément sur cette tournée, vraiment gros pour ce qui est de sa crédibilité. Un peu à l’image d’Amon Amarth lorsque le groupe s’est retrouvé en ouverture de Children of Bodom, cette tournée pourrait devenir la bougie d’allumage de la formation. Je doute que l’accueil ait été favorable partout en Amérique mais pour ce qui est de Montréal, c’était démentiel et aux dires de Brodén, ce concert de Montréal a été le plus mirobolant depuis le début du périple.
Joie est le mot qui me vient en tête face à la prestation de Sabaton. Avec un esprit bon enfant, le groupe est venu nous accrocher un énorme sourire au visage grâce à son métal enivrant. D’emblée, le groupe appose un préjugé très défavorable étant donné la tenue vestimentaire des membres du groupe. Avec le pantalon de camouflage, les vestes pare-balles et les lunettes de policiers, il faut comprendre que certains peuvent être dubitatifs face à ce qu’ils voient. Mais quand tu entends, tu changes de camp.
Le métal festif de Sabaton est allé chercher chaque personne présente hier soir étant donné que les cadences des chansons comme To Hell and Back, Carolus Rex et The Art of War ont su faire sauter le public, du devant jusqu’au bar à l’arrière. Sérieusement, ma surprise de l’année va à Sabaton qui a vraiment su gagner la foule et si cette série de concerts se déroule sous le modèle montréalais, ce groupe explosera dans les prochaines années ici en Amérique! L’excitation était palpable, dans la foule comme sur la scène. Joakim Brodén ( qui a tout de même calé une bière!) a même demandé une traduction simultanée à un amateur dans la foule. Il voulait savoir comment dire, en français, goose bumps étant donné que le groupe était en extase.
« Chair de poule! » nous a-t-il lancé avant de faire une dernière tournée de chansons.
Certains disent qu’Amon Amarth est le AC/DC du death métal. Les albums se ressemblent, les chansons demeurent coulées dans le même moule et le public apprécie vraiment la formation. Et tout comme AC/DC, le public est vraiment varié. Hier, j’ai eu l’occasion de parler avec un père de famille de 47 ans qui était avec ses deux fils de 16 et 17 ans. Je lui ai demandé s’il était sur place pour « accompagner » ses deux fistons mais il m’a répondu qu’il était là aussi parce qu’il aime le groupe lui aussi.
Quelques têtes grisonnantes ont hoché de la caboche en plus d’avoir de nombreux adolescents dans la fosse qui jouaient du coude avec des métalliques dans la vingtaine et quelques téméraires dans la trentaine… ce qui confirme le statut de groupe populaire pour Amon Amarth.
« Poutine, tabarnak! Ce sont les seuls mots que je connais en français!»
– Johan Hegg, chanteur d’Amon Amarth.
Comme valeur sûre, Amon Amarth ne peut faire mieux. Je n’ai jamais été déçu par le groupe, autant sur album que sur scène. La première fois sur scène, c’était après les attaques du 11 septembre 2001. Marduk ne passait pas les douanes et Amon Amarth s’est donc retrouvé sur scène aux Foufs en tant que tête d’affiche, par défaut. Si certains avaient demandé remboursement, d’autres sont restés pour pouvoir entendre cette nouvelle formation qui, à l’époque, en était à sa première visite ici.
Fouettés, nous étions. Par la suite, l’histoire raconte que le groupe a pris de l’expansion mais ce qui s’est passé sur scène hier soir n’était que l’évolution d’un groupe qui cible son public de façon précise et qui parvient à garder ses amateurs qui étaient présents à la base sans mettre de côté l’avancement du groupe vers des contrées plus larges.
Avec un fond de scène aux couleurs du nouvel album, c’est sur Deceiver of the Gods que le groupe s’élance. Fidèles à leurs habitudes, un quatuor prend place à l’avant et se place en mode « ventilateur » pour ce qui est de la tornade capillaire. Si Runes to my Memory me permet de me calmer, par la suite, Death in Fire me replonge dans l’extase le plus complet car cette chanson provient de Versus the World, mon album favori du groupe. Je suis pompé et le tout va gravir des échelons magistraux par la suite car le choix des chansons me plait grandement avec Free Will Sacrifice, We Shall Destroy, For Victory or Death et Destroyer of the Universe.
Comme de raison, j’aurais pris plus de matériel provenant des vieux enregistrements du groupe mais étant donné que je suis assidument la carrière du groupe, je suis ravi à chaque fois que je suis témoin de l’une des visites du groupe.
Un rappel était essentiel, et même prévu au menu. En guise de dernière carte pour la soirée, ce sont Twilight of the Thunder God et The Pursuit of Vikings qui ont mis un terme à cette balade métallique remplie de succès et de bière qui te coulait dans la barbe.
À venir sur Voir.ca : Entrevue exclusive avec Johan Hegg d’Amon Amarth! Il n’en donne que très rarement!
http://amonamarth.com/
Toutes les photos sont de Mihaela Petrescu!