C’est bien souvent plus intense de faire une entrevue avec un groupe de métal noirci ou si tu préfères, de black métal. L’intégrité est une valeur qui prédomine avec ce genre musical et les musiciens qui produisent cette musique ont cette dernière d’imprégnée dans le plus profond de leur chair. Avec Ravn, chanteur de 1349, c’est effectivement le cas encore une fois. Cet homme vit sa musique comme s’il n’y avait pas de lendemain et il se contrebalance fortement de l’opinion que tu peux avoir face à son art étant donné que ce qu’il produit musicalement est plutôt vital. Avec un nouvel album du nom de Massive Cauldron of Chaos, le groupe poursuit sa tornade métallique avec une série de chansons punitives qui décharnent à vif. Entretien avec Ravn (deuxième sur la photo) au sujet du nouvel album!
Le nom de votre nouvel album est plutôt, massif. Nous pouvons facilement imaginer un immense chaudron rempli de tout ce qui pourrait causer un véritable chaos. Cet album pourrait être un constat face à tout ce qui se passe sur Terre en 2014 mais de votre point de vue. Que peux-tu nous dire face au titre de l’album?
Le titre vient de l’esprit de notre batteur Frost. Ça lui est venu en tête alors que nous pratiquions la pièce qui ouvre l’album, qui se nomme maintenant Cauldron. Nous avons décidé plus tard de l’utiliser aussi en tant que titre provisoire pour l’album mais plus le matériel se modelait ensemble, plus ça devenait de plus en plus clair que c’était le titre parfait pour l’album.
Cet album semble être un disque qui se dirige vers le black métal, sans faire de détour. C’est dans cette lignée jusqu’à la chanson Godslayer. C’est rapide, pur et agressif. Ta voix demeure très venimeuse, sèche et remplie de haine. Tu voulais être agressif et sans pitié. Comment se sont déroulées les sessions d’écriture pour ce qui est des chansons qui se retrouvent sur cet album?
Les chansons prennent forme de différentes façons mais normalement, le tout débute par une idée lancée pas notre guitariste, Archaon. C’est lui qui compose la majorité des chansons. Il les amène donc au local de répétition pour nous les faire entendre. Quand nous sentons que nous sommes en présence d’une chanson qui se veut terminée, je l’enregistre. Par la suite, je travaille sur les voix en plus d’essayer d’inclure les paroles de façon convenable. Ensuite, j’enregistre une version de la pièce avec mes pistes de voix qui sont incorporées. Le tout nous travaille dans la tête jusqu’à ce que l’on entre en studio et nous laissons la magie s’opérer.
Ma chanson préférée sur l’album est Godslayer. Cette chanson termine l’album d’une manière tout à fait convenable. Elle va dans de nombreuses directions mais sans ne jamais perdre le focus. Que peux-tu nous dire sur cette chanson en particulier?
C’est la dernière chanson que nous avons terminé pour l’album. Pour être franc, elle a débuté d’une façon très différente de ce qui se retrouve sur l’album. À l’origine, ce n’était qu’un truc plutôt grossier, une ébauche musicale. Après un bout de temps dans le local de pratique et quelques sessions de pré-production, nous avons finalement trouvé la recette parfaite pour cette pièce. Nous avons travaillé, comme tu le mentionnais, pour que cette chanson puisse se faufiler vers plusieurs directions tout en progressant, comme une histoire. Pendant les répétitions, nous nous sommes rendus compte qu’elle devait posséder une touche très années 70. C’est l’élément clé qui fait que cette chanson ressort du lot à ce point en plus de posséder un feeling plutôt unique et une sonorité particulière. Ce serait difficile mais si tu me demandais de choisir une seule chanson de cet album, je crois que j’irais avec celle-ci mais je crois que c’est trop difficile de me prononcer.
Toutes les chansons de l’album ont des titres qui ne possèdent qu’un seul mot. Est-ce un hasard ou bien le tout a été fait de façon consciencieuse?
Toutes les chansons avaient, à la base, des titres provisoires. Lorsque nous sommes en mode écriture, nous donnons des titres provisoires, question de pouvoir les identifier. Les titres provisoires comportaient plusieurs mots au début mais quand nous avons décidé d’avoir Massive Cauldron of Chaos comme titre pour l’album, il est devenu évident que nous devions avoir des titres d’un seul mot pour les chansons. Nous avons l’habitude de faire ce genre d’exercice quand nous écrivons nos listes de chansons en concert. Le tout est venu de façon très naturelle je te dirais. Ça fonctionne aussi très bien avec le design de l’album. Quand nous avons amené la suggestion d’utiliser ce titre avec des noms courts en plus de la pochette, nous avons tous compris que c’était la bonne façon de faire. C’était provocant de le faire ainsi.
Au niveau des textes, à quel endroit se situait votre esprit lorsque vous avez utilisé un crayon pour les écrire? Quelle est l’étincelle qui est parvenue à allumer le brasier?
Je n’ai pas écrit les paroles pour cet album. Cette fois-ci, les paroles ont été écrites pour les pièces et je n’ai eu qu’à les arranger. Il y a plusieurs façons pour que les paroles prennent vie. Une chanson comme Mengele vient d’un croquis qui se nomme Dinner at Mengele’s, qui a été fait par notre guitariste Archaon. Le titre m’est resté en tête, j’y pensais de plus en plus. Je le trouvais si obscur et c’est alors que la première ligne des paroles m’est apparue. J’ai donc pris cette ligne de paroles, j’ai parlé de l’idée que j’avais en tête à mon bon ami Destroyer du groupe Nocturnal Breed. Il a écrit de nombreuses paroles de nos chansons et ce, depuis des années. Nous travaillons très bien ensemble et de l’avoir sur ce titre, est génial car il a mis sa vision obscure sur papier de façon très naturelle. Les autres chansons finissent par avoir des paroles de façons très différentes mais elles ont toutes une chose en commun; elles possèdent un thème général qui se veut sombre et mesquin. Nous les appelons La Poésie Sombre.
Étant donné que nous en parlons, crois-tu que certains vont avoir une mauvaise interprétation face à certains titres de l’album? Vous allez probablement avoir quelques problèmes avec le titre Mengele étant donné que c’était un médecin nazi durant la Seconde Guerre Mondiale qui a commis des choses atroces face aux Juifs?
Si les gens veulent mal interpréter, ils peuvent le faire mais nous, de notre côté, nous gardons notre intégrité artistique. Nous la gardons au plus haut niveau et nous ne nous inquiétons pas vraiment de ce que les gens peuvent penser de notre musique ou de nos textes. Nous créons selon notre point de vue et si des gens veulent en faire une certaine interprétation, ils sont libres de le faire. En général, j’aime que les gens puissent se faire leur propre idée au lieu de suivre le troupeau, c’est ce qui fait qu’ils sont plus respectables à mes yeux.
Mais en même temps, vous avez une chanson sur l’album du nom de Golem. Ça met du poids de l’autre côté de la balance étant donné que c’était une créature qui venait en aide aux Juifs dans le folklore de ce peuple, non?
Encore une fois, je laisse le choix aux gens de faire leur propre idée face à nos chansons. Ils doivent en faire leur propre interprétation mais Golem a été écrite comme étant une attaque rapide, pure et dure par la lame la plus rouillée qui soit face à la religion sur une base générale.
La couverture du nouvel album est à l’opposé de ce à quoi on pouvait s’attendre étant donné que nous retrouvons beaucoup de blanc. Est-ce quelque chose que vous aviez en tête ou c’est uniquement la vision de l’artiste, Johannes Hoie?
Quand je me suis mis à m’intéresser à l’art de Johannes Hoie, j’ai tout de suite compris que nous devions avoir un partenariat à un moment donné. Nous en avons parlé un peu entre nous et avons décidé que nous allions lui laisser l’entière liberté, pour voir par la suite avec quel type de présentation visuelle nous allions avoir de sa part. Au départ, il a fait la couverture de notre simple pour la chanson Slaves, ce qui était du blanc sur noir. Nous avons donc parlé que nous devions avoir ce type d’illustration, du blanc sur du noir pour l’album mais lorsqu’il nous a livré la couverture dans sa forme originale, c’est-à-dire un dessin noir sur un fond blanc, nous avons bien aimé. Nous nous sommes dit que nous pourrions peut-être lancer une édition limitée avec la pochette qui proposerait le fond noir avec l’imprimé en blanc. Quand le tout est revenu du designer, il était évident que nous allions garder l’idée de base. Avec l’écriture en rouge, ça donne un résultat très propre et iconique qui fait ressortir une dimension plutôt réaliste. Je crois que c’est une vraie pochette iconique mais en même temps, il se peut que mon opinion soit biaisée.
Avec un certain recul, crois-tu que les gens n’ont pas été très compréhensifs envers l’album Revelations of the Black Flame?
Qu’ils aient aimé ou pas, ça ne me concerne pas. S’ils n’ont pas été compréhensifs, c’est peut-être parce qu’ils s’attendaient à ce que l’on sorte un album qui était similaire au précédent. Ce n’est qu’une chance de perdue pour eux. 1349 est un groupe qui se challenge, qui se met en situation de danger de façon constante. Nous aimons développer notre son et notre art. Nous explorons différentes avenues de sorte que, si nous lancions quelque chose qui sonnerait comme l’album précédent, ce serait un échec total pour nous. Il se peut que l’auditeur sente un certain challenge avec ce genre d’album mais nous préférons agir de la sorte plutôt que de nous la jouer prudente en lançant le même album à chaque fois, comme de nombreux groupes font. 1349 est comme un requin, nous devons continuer d’avancer sinon, nous allons mourir.
Vous avez fait la tournée avec Behemoth l’hiver dernier. Frost, votre batteur, n’était pas derrière la batterie. Qu’est-il arrivé?
L’horaire de Frost est divisée entre deux groupes, ce qui fait en sorte que 1349 n’est pas sa priorité, malheureusement. Parfois, il y a conflit des horaires entre 1349 et Satyricon ce qui fait qu’il ne peut pas venir avec nous sur certaines tournées. Pour ajouter à tout ça, il a besoin d’un visa spécial lorsqu’il se déplace, étant donné qu’il de vieux dossiers au niveau criminel, c’est donc très difficile pour lui de joindre le groupe à certains moments. Pour nous, c’est juste normal. Nous avons fait plus de tournées en Amérique du Nord sans lui qu’avec lui, tu vois? Le groupe doit continuer d’avancer. Nous avons été chanceux car nous avons toujours pu avoir des remplaçants très expérimentés qui prenaient sa place derrière la batterie. En conclusion, je te dirais que nous essayons toujours de faire fonctionner les choses en sa faveur mais la logistique fait que parfois nous devons nous passer de ses services.
Lors de cette tournée, c’était l’ancien batteur de Job for a Cowboy avec vous? Celui qui joue avec Scorpion Child maintenant, c’est bien ça?
C’était Jon Rice, effectivement. Il a pris la place de Frost sur la tournée, c’est un musicien incroyable et il exécute les pièces d’une façon superbe.
Ma dernière question est en relation avec la présence du groupe à Montréal. Des chances que vous soyez présents ici en 2015?
Oui, nous visiterons Montréal. C’est dans la planification mais je ne peux pas te dire quand exactement. Aussi, nous espérons pouvoir amener avec nous les bières que nous avons brassées avec la Brasserie Surly et Lervik Aktiebryggeri, pour que notre concert puisse être grandement apprécié, avec une bière distinguée qui a été brassée à même ce massif chaudron de chaos!
Merci Ravn!
Merci à toi!
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Photo de Jorn Veberg