Je dois t’avouer quelque chose, j’allais au Metropolis pour voir et entendre Kreator avant tout. Je suis de la vieille école et Kreator a une part plutôt large face à mon développement de métalleux. En tant que vieux croûton, je dois énormément à ce groupe qui a su forger mon côté thrash du côté européen car les Allemands de Kreator savent comment affuter leurs guitares en plus d’offrir, avec Mille Petrozza, l’une des voix les plus éraillées du commerce métallique. Arch Enemy est un groupe que je respecte énormément et de savoir que la charmante, et Québécoise, Alissa White-Gluz est maintenant en tête du groupe m’offrait un incitatif additionnel.
Avec leur dernier album du nom de War Eternal qui a su me plaire, j’ai bien remarqué que ce disque dépassait mes attentes. Non pas par patriotisme face à la présence de la demoiselle mais plutôt par patriotisme métallisé car il faut se l’avouer, ce disque d’Arch Enemy est leur offrande la plus intéressante depuis un bout!
Je foulais le plancher du Metropolis pour une énième fois en ce mois d’octobre. Ce mois frisquet et meurtrier est bondé de concerts qui ne cessent d’attirer le métalloïde commun. Tellement qu’une autre visite est prévue demain (ou aujourd’hui selon ta journée de lecture) pour la visite de Mastodon.
Pour celle d’Arch Enemy et Kreator, j’ai eu la brillante idée de laisser mes fringues de concert à la maison, ce qui veut dire que j’étais attriqué en costume d’enseignant pour aller à cette célébration de décibels. Ce n’était pas la première fois que ce genre de phénomène m’arrivait mais je me trouvais chic un brin avec ma chemise H&M, mon pantalon « chino » Banana Republic et mes souliers de cuir du Aldo comparativement aux nombreux t-shirts de groupes obscurs et des jeans usés. Au moins, je ne portais pas ma flamboyante cravate…
Surtout que j’avais une entrevue avec Mille Petrozza de Kreator juste avant le concert. D’être vêtu comme un vendeur d’assurances a bien surpris mon interlocuteur. La discussion, prévue pour une quinzaine de minutes, à déborder un brin. Lorsque j’ai repris le chemin du retour pour faire mon entrée dans la salle de spectacle, le groupe Starkill en était aux dernières mesures de leur dernière chanson de la soirée.
Me laissant sans matériel pour pouvoir grattouiller le papier face à leur prestation, je me dois de déclarer forfait face à une critique en relation avec leur tour de chant.
Huntress était donc les suivants à se retrouver sur scène car cette tournée présente un quatuor de formations. Variée, cette série de groupes présente deux groupes avec des femmes en tant que présence aux voix car en plus d’Arch Enemy, la formation Huntress présente elle aussi une dame au chant. Plutôt de la vieille école du heavy métal, ce groupe retourne aux racines du genre. Avec une voix très haute qui se frotte aux sphères les plus élevées du firmament, les cordes vocales de la cantatrice Jill Janus peuvent te détricoter la tuque en quelques mesures.
Avec une présence scénique théâtrale, cette jolie dame semble envoûter les gens qui se trouvent devant elle. Il serait facile de ne souligner que son corps agréablement sculpté et ses courbes affriolantes mais en laissant de côté ses attributs, on se rend compte qu’elle a du cran et peut se déformer le visage pour mettre encore plus d’effets ensorceleurs dans son interprétation. Souvent grimpée sur une plate-forme où l’on retrouve un ventilateur juste en dessous, l’effet de méduse que le vent créé dans ses cheveux accentue le côté dramatique dans sa façon de faire passer son message envoûtant. Bien appuyée au niveau musical, cette chasseresse (et ancienne DJ du nom de Penelope Tuesdae. Si tu cherches ça sur le net, c’est du NSFW! ) étonne encore à chaque présence avec un heavy métal qui ne pousse rien dans le lot de l’innovation mais qui se veut bel et bien audacieux dans sa livraison sonore autant que scénique.
Troisième visite pour cette tournée de Phantom Antichrist de Kreator, et ce en moins de deux ans. Le groupe allemand était ici il y a moins d’un an, au Club Soda avec Overkill. Il y a un bel esprit ce soir car on ressent clairement qu’il y a un certain clivage entre les amateurs qui sont présents pour Arch Enemy et ceux de Kreator, tandis que certains sont présents pour tout ce qui est présenté ce soir!
Il y en a cependant qui ne sont là que pour Arch Enemy en théorie. J’ai trois gars assis devant moi qui, lors de la prestation de Kreator, ont probablement passé toute l’heure à jouer sur des jeux sur leur téléphone, à consulter leur page Facebook, à répondre à leur texto en incluant une photo du concert avec un commentaire du genre : « I’m at a concert » Comme de raison, le réflexe malsain fait que tu deviens presque hypnotisé, tu ne cesses de regarder l’écran machiavélique… À un moment donné, après quelques minutes, j’ai donc changé d’emplacement pour me permettre de mieux apprécier la présence du groupe teuton!
Avec un décor plus sobre qu’à leur première visite mais plus élaboré qu’à la dernière, le groupe a pu profiter d’un système d’éclairage adéquat, très stroboscopique par contre en plus de pouvoir profiter de larges colonnes de fumée qui se hissaient du plancher lors de certains moments opportuns. Le catalogue du groupe n’a pas été brassé tant que ça, Kreator se contentant de visiter les albums plus récents, sachant que le public sur cette tournée devait être plus jeune que lors des deux dernières tournées qui se faisaient sous le thème de la vieille école. Par contre, le fanatique de chaque époque prenait son pied. Violent Revolution a été présentée en guise de coup initial pour être suivie par Civilisation Collapse et Extreme Agression. Comme de raison, les répliques entre les chansons demeurent les mêmes pour Mille. Il vante Montréal pour sa vigueur, il demande des Circle Pit ou prépare un wall of death qui se voudra épique dans ce Metropolis pratiquement complet. Des pièces comme Phobia, Enemy of God, Impossible Brutality et Hordes of Chaos ont su faire remuer la foule qui a dû baisser pavillon, non pas avec Flag of Hate mais plutôt avec Pleasure to Kill, à la toute fin.
Comblé, j’étais.
Après la prestation de Kreator, je suis repassé près de mon ancienne place où les trois gars étaient encore vissés à leur écran…
Arch Enemy a effectué un changement majeur cette année en changeant de chanteuse. Le fait que le tout se soit déroulé sans chichi semble avoir laissé un sentiment excessivement positif face au groupe. Le maître qui laisse place à l’élève dans un sens car si Angela Gossow a décidé de se retirer de la scène pour pouvoir s’occuper de sa famille et de la gérance du groupe, c’est elle qui a su choisir celle qui allait meubler son espace, autant sur scène qu’en studio. Cette passation des pouvoirs a laissé un bel esprit parmi les amateurs du groupe, et question de bien accueillir l’enfant prodige dans sa ville, quoi de mieux qu’un Metropolis bondé?
Tombée des lumières sur la sonorité de Tempore Nihil Sanat. À la fin de l’introduction musicale, Alissa White-Gluz est arrivée sur scène pour joindre le reste de la troupe pour s’élancer sur Enemy Within et War Eternal. C’est la grande forme, la montréalaise semble très à l’aise avec sa nouvelle formation. Comme il se doit, le reste du groupe est fantastiquement solide. Le duo aux guitares qu’est celui de Michael Amott et Nick Cordle produit une série de notes alléchantes, Sharlee d’Angelo propose une série d’impulsions sonores lourdes sous les tonnerres des percussions de Daniel Erlandsson.
Il est toujours agréable d’entendre le français sur scène, Alissa White-Gluz l’utilise à profusion ce soir. Avec fougue, elle présente les chansons, se brasse la tignasse bleutée et se promène sur cette scène grandiose qui propose deux drapeaux immenses, près de la batterie, qui arborent le logo du groupe en plus du crâne typique d’Arch Enemy en guise de décor en arrière.
Avec plus d’une heure sur scène, le groupe a pu fouiller largement dans sa collection de chansons. Étant donné que le groupe a un nouvel album à promouvoir, je croyais qu’il allait surtout rester collé sur ce dernier. De plus, vu que c’est le premier album avec leur nouvelle chanteuse, il aurait été prudent de la part du groupe de se concentrer presqu’uniquement sur War Eternal. En y allant avec My Apocalypse, Ravenous, Under Black Flags We March, Dead Eyes See No Future et We Will Rise, on peut conclure que le groupe se sent en confiance envers Alissa White-Gluz.
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Je m’étais dit que j’allais quitter après We Wil Rise… et c’est ce que j’ai fait.
Il semblerait qu’Arch Enemy ait fait deux rappels, mais ça, ce ne sont pas mes trois gamers qui me l’ont dit!
http://www.archenemy.net/
Photos : Mihaela Petrescu